Un gouvernement d’union nationale envisagé, les sunnites continuent de manifester contre les résultats des élections Les violences font plus de 25 morts, dont neuf après une tentative d’évasion d’une prison de Bagdad

Neuf personnes ont été tuées dans une tentative d’évasion hier d’une prison de Bagdad, tandis que la violence faisait plus de 25 morts. Par ailleurs, une réunion kurdo-chiite sur la formation d’un gouvernement élargi a été reportée à demain. Quatre gardes, quatre prisonniers et un interprète ont été tués, a annoncé l’armée américaine, revoyant à la baisse un premier bilan de 20 morts fourni par une source du ministère irakien de l’Intérieur. « Aux environs de 08h15, 16 prisonniers ont tenté de s’évader après avoir attaqué l’armurerie et saisi un nombre indéterminé d’armes », a ajouté l’armée. « Des échanges de tirs se sont produits tuant quatre gardes et un interprète ainsi que quatre prisonniers. Un soldat américain et cinq prisonniers ont été blessés pendant la tentative d’évasion ». « Tous les prisonniers vivants ont été repris et l’incident fait l’objet d’une enquête », a conclu le communiqué de l’armée américaine. Mais un haut responsable du ministère de l’Intérieur n’a parlé que d’un seul prisonnier qui s’est emparé de la kalachnikov d’un garde. Au niveau politique, une rencontre entre le chef de la liste de chiites conservateurs, Abdel-Aziz Hakim, et le président Jalal Talabani, qui défend l’idée d’un gouvernement d’union, a été reportée d’hier à demain. M. Hakim, dont la liste est donnée gagnante, s’est adressé au Parlement kurde et a rencontré des intellectuels dans le nord de l’Irak après ses entretiens mardi avec le patron de la région autonome Massoud Barzani. La contestation des résultats du scrutin a repris hier avec un défilé organisé à Samarra, ville sunnite à 125 km au nord de Bagdad, par le groupe Maram, qui réunit 42 mouvements politiques et qui estime que les résultats ont été falsifiés. Le défilé intervient après des manifestations similaires mardi à Bagdad et Tikrit, fief du président déchu Saddam Hussein, au nord de la capitale, et d’autres défilés vendredi dans plusieurs zones sunnites. Après sa rencontre avec M. Barzani, M. Hakim a été catégorique dans son rejet des demandes du Maram. Il a exclu une invalidation des résultats des élections, un nouveau scrutin et une supervision arabe ou internationale d’un tel scrutin. L’ONU lui a donné raison, son conseiller auprès de la commission électorale Graig Jenness estimant qu’il ne voyait « aucune justification aux appels pour de nouvelles élections ». « L’ONU considère le scrutin comme transparent et crédible », a-t-il dit dans une conférence de presse. En soirée, la Maison-Blanche a également rejeté l’idée de réorganiser les législatives en faisant valoir que ces élections avaient été justes. M. Hakim a également souhaité la reconduction de l’alliance entre les siens et les Kurdes pour un nouveau cabinet en laissant la porte ouverte à la participation d’autres groupes politiques, tandis que M. Barzani a défendu un cabinet avec une « large assise populaire ». Plus explicite, le ministre sortant des Affaires étrangères Hoshyar Zebari, un proche de M. Barzani, a indiqué, après les entretiens, le besoin du pays d’un gouvernement d’union nationale. « Nos deux listes peuvent à elles seules former un gouvernement mais ce ne sera pas dans l’intérêt de l’Irak ni du peuple irakien en ce moment », a-t-il déclaré. Dans les violences quotidiennes, 15 Irakiens ont trouvé la mort dans différentes attaques, dont quatre civils dans un attentat à la voiture piégée au nord de Bagdad. Par ailleurs, les ravisseurs du Français Bernard Planche, enlevé à Bagdad le 5 décembre, ont menacé de le tuer si la France « ne mettait pas fin à sa présence illégitime en Irak », dans une vidéo diffusée hier soir par la chaîne satellitaire al-Arabiya.