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Russie - Andreï Illarionov était le dernier « symbole du libéralisme » économique Un conseiller de Poutine démissionne et dénonce le musellement des libertés

Le conseiller économique de Vladimir Poutine, Andreï Illarionov, dernier « symbole du libéralisme » au sein de l’Administration présidentielle russe, a annoncé hier sa démission, estimant que la Russie d’aujourd’hui n’était plus un pays « politiquement libre ». «C’est une chose de travailler dans un pays en partie libre, comme l’était la Russie il y a six ans, une autre de le faire quand le pays a cessé d’être politiquement libre », a expliqué le conseiller démissionnaire, cité par les agences russes. M. Illarionov, 44 ans, connu pour son langage direct, dénonce depuis plus d’un an la montée de l’autocratie au sommet de l’État. La Russie d’aujourd’hui n’est plus la même que celle dans laquelle en 2000 Vladimir Poutine arrivait au Kremlin et lui demandait de devenir son conseiller économique, a-t-il relevé. « Il y a six ans, quand je suis arrivé, je me suis consacré à créer les conditions d’une liberté économique en Russie. Depuis un an, il est clair que la politique économique et même le modèle économique du pays ont changé », a-t-il dit. La nature même de l’État est autre, a-t-il ajouté, dénonçant « le corporatisme » de dirigeants s’attachant avant tout à défendre « leurs propres intérêts ». Considéré comme un macroéconomiste brillant, M. Illarionov, avocat convaincu de la diminution du rôle de l’État dans l’économie, était très écouté de M. Poutine au début des années 2000. Il insista sur la nécessité de rembourser la dette publique, de diminuer les dépenses de l’État et de créer un fonds de stabilisation pour mettre de côté les recettes tirées des prix élevés du pétrole. Mais son influence au Kremlin s’est réduite comme peau de chagrin, alors que parallèlement, grimpait celle des représentants des forces de l’ordre et des partisans d’un renforcement du poids de l’État. Ses critiques se sont alors faites si virulentes que les observateurs se demandaient comment il pouvait demeurer conseiller présidentiel. « Tant que je pouvais parler, il me paraissait important de rester », a-t-il expliqué hier. Fin 2004, il avait qualifié « d’arnaque de l’année » l’affaire Ioukos qui a permis au pouvoir de récupérer les principaux actifs du numéro un du pétrole russe. Dernièrement, il estimait que la Russie avait cessé « d’être libre et démocratique ». Vladimir Poutine lui avait retiré en janvier ses fonctions de représentant auprès du G7, le groupe des sept pays les plus industrialisés. Mais il lui avait laissé son poste de conseiller économique, essentiellement pour rassurer gouvernements étrangers et investisseurs internationaux qui le connaissaient bien, et qui, pour beaucoup, appréciaient ses vues libérales. « Illarionov était une décoration de l’Administration présidentielle, servant de symbole du libéralisme et du pluralisme », a commenté le politologue Gueorgui Satarov, de la fondation Indem, sur la radio Echo de Moscou. « Je pense qu’il en a eu assez de cette fonction », a-t-il ajouté. C’était « l’un des rares à oser dire la vérité tout en restant loyal à Poutine. Visiblement, ses commentaires n’étaient plus supportables pour l’entourage présidentiel », a pour sa part relevé Igor Iourguens, représentant du patronat. Né à Saint-Pétersbourg (Leningrad à l’époque), docteur en sciences économiques, diplômé de l’Université de Saint-Pétersbourg où il a enseigné à la chaire des relations économiques internationales, M. Illarionov avait participé aux travaux des premières années de réformes en Russie, aux côtés notamment du père de la « thérapie de choc », Egor Gaïdar, en 1992. En 1993, il devenait vice-directeur du Centre des réformes économiques auprès du gouvernement, puis chef du groupe d’analyse auprès du Premier ministre Viktor Tchernomyrdine. Ne partageant pas les vues trop étatiques de ce dernier, il claquait la porte du gouvernement en 1994. Préparant fin 1999 l’arrivée de M. Poutine au Kremlin, il avait participé avec le futur ministre de l’Économie, Guerman Gref, à l’élaboration du programme économique du futur président.
Le conseiller économique de Vladimir Poutine, Andreï Illarionov, dernier « symbole du libéralisme » au sein de l’Administration présidentielle russe, a annoncé hier sa démission, estimant que la Russie d’aujourd’hui n’était plus un pays « politiquement libre ».
«C’est une chose de travailler dans un pays en partie libre, comme l’était la Russie il y a six ans, une autre...