Rechercher
Rechercher

Actualités - CHRONOLOGIE

CIMAISES Rauschenberg et ses «combines» révolutionnaires au Met de New York

Abolissant les frontières entre peinture et sculpture, il a bouleversé l’art contemporain et on le considère souvent comme un père du pop art. Robert Rauschenberg, un des quelques géants de l’art américain de l’après-guerre encore vivants, est au cœur d’une grande exposition au Metropolitan Museum of Art de New York (Met), qui voyagera ensuite en France et en Suède. La rétrospective est consacrée aux « combines », ses collages en trois dimensions des années 50, mêlant les disciplines et associant les matériaux les plus éclectiques, peinture, horloges, journaux, bouts de vêtements, ampoules électriques ou animaux empaillés. Ce moment est un tournant dans l’histoire de l’art et ce type de collage si nouveau que Rauschenberg, artiste multimédia, doit inventer un mot pour le qualifier, comme Alexander Calder prit le mot « mobile » pour désigner ses œuvres si uniques, aime-t-il à rappeler. « Moi j’ai inventé le mot combine, et maintenant il est dans le dictionnaire ! » s’amusait-il dans une interview à la fin des années 90. Aujourd’hui à 80 ans, loin des musées, il continue de travailler, pourtant affaibli par une attaque qui, il y a trois ans, l’a laissé paralysé d’un côté. Dans son atelier de Captiva, en Floride, il met en forme, le soir souvent, sculptures de métal, photos, peintures. Il revient rarement à New York, où il dispose encore d’un grand pied-à-terre sur Lafayette Street. « Dans un ancien orphelinat reconverti », où il a sa chambre, son bureau, explique Nan Rosenthal, cocommissaire de l’exposition. L’artiste, qui se déplace avec un déambulateur, aidé de ses assistants, participera seulement à une discussion publique au Met en février. Les visiteurs peuvent en tout cas voir 67 de ses œuvres, réalisées de 1954 à 1967 et à l’époque considérées comme des plus « provocatrices ». À chacun d’interpréter à sa manière ce qu’il voit : Rauschenberg refuse de préimposer un sens à ses pièces, même si, en précurseur du pop art, il intègre dans la peinture abstraite des objets du monde réel, de grandes lettres ou des bouts de phrases. Ainsi ce « combine » Sans titre de 1955, où une chaussette est collée à côté d’un prototype miniature de parachute. « Vous pouvez lier la chaussette au parachute et imaginer un homme dans les airs. Mais qui sait vraiment ? » dit le commentaire du Met. Avant, « les collages étaient consacrés à un sujet. Pas ici. Impossible de leur coller une seule interprétation. S’il y avait un seul sens, ce serait la fin. Il veut que le public puisse interpréter », explique Nan Rosenthal. Ainsi Monogram, une chèvre angora empaillée, le museau recouvert de peinture, un pneu de voiture autour de la taille, sur une structure de bois. Ou Minutiae, une série de panneaux colorés avec jeu de miroir, réalisée pour son ami le chorégraphe Merce Cunningham. Ou Interview, où l’on retrouve une porte grandeur nature, une balle de base-ball, une reproduction de tableau de maître, un paysage exotique. Ou encore Bed, lit vertical recouvert de peinture, que les critiques scandalisées de l’époque virent comme le symbole d’un meurtre sanglant, bien loin des intentions de l’artiste. Après New York, l’exposition ira au Musée d’art contemporain de Los Angeles (Moca), coorganisateur, puis au Centre Georges-Pompidou à Paris et, enfin, au Moderna Museet de Stockholm.

Abolissant les frontières entre peinture et sculpture, il a bouleversé l’art contemporain et on le considère souvent comme un père du pop art.
Robert Rauschenberg, un des quelques géants de l’art américain de l’après-guerre encore vivants, est au cœur d’une grande exposition au Metropolitan Museum of Art de New York (Met), qui voyagera ensuite en France et en...