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Actualités - CHRONOLOGIE

BIENFAISANCE - L’association lance un appel à la solidarité pour agrandir l’un de ses centres Le service de rattrapage scolaire de l’AFEL : des cours sur mesure pour les enfants de la misère

Des sapins de toutes les dimensions, des boules multicolores, des étoiles qui scintillent, des anges sur des cartes postales… Des tableaux d’affichage où l’on accroche des images ayant pour thème les fêtes de fin d’année, ainsi que les lettres, les chiffres et les saisons. Dans une salle, un groupe d’enfants aide un enseignant à fabriquer des décorations de Noël avec du plâtre et de la peinture. Ce n’est pas là une école ordinaire, mais le service de rattrapage scolaire, le premier du genre que l’AFEL (Association du Foyer de l’enfant libanais) a ouvert au Liban. Ses classes sont destinées aux enfants incapables de suivre un cursus scolaire normal et qui accusent des retards dans ce cadre pour des raisons diverses. Ce service qui accueille 75 élèves n’est pas destiné aux enfants riches, mais aux tout-petits victimes de la misère. Les enfants qui le fréquentent ne manquent pas seulement d’argent, mais souffrent de négligence et, bien pire, de maltraitance aussi. Élie, Hussein et les autres sont âgés entre cinq et sept ans. Ils suivent le programme des petites sections auprès du service de rattrapage de l’AFEL à Bourj Hammoud. Certes, ils sont un peu en retard pour leur âge. Mais ces cours, dispensés comme des leçons particulières, leur permettront de suivre plus tard un cursus normal. Dans leurs familles, Élie, Hussein et les autres ne bénéficient d’aucune attention et ne reçoivent pas l’amour nécessaire à l’épanouissement de chaque enfant. Ils ont chacun une histoire triste à raconter. Ils sont aussi hyperactifs, dissipés, dyslexiques, bègues… Élie par exemple, qui est âgé de six ans et qui a de grands yeux marrons, fait un effort pour articuler ses mots. Il n’a jamais fréquenté l’école avant d’être placé, il y a quelques mois, au service de rattrapage scolaire de l’AFEL. Le petit garçon arpentait toute la journée les rues de Nabaa. Son père est violent, sa mère dépressive. En début d’après-midi, lorsqu’il faut rentrer à la maison, Élie s’en va dans un autre centre de l’AFEL, situé à Sin el-Fil. Dans ce centre de quartier, un repas et des activités l’attendent, jusqu’au soir, avant de rentrer chez lui. Le petit garçon, qui parle très lentement, parvient quand même à raconter des bribes de son histoire : « Papa s’énerve souvent. Quand il s’énerve, il me tape », dit-il. Élie, qui a de beaux cheveux bruns et qui est en train de perdre ses dents de lait, parle de ce qu’il apprend en classe, des lettres qu’il sait désormais lire et écrire. Il raconte qu’il joue au ballon avec l’une des enseignantes, mais en fait c’est l’une des activités prévues par la psychosomaticienne. Le petit garçon dit aussi que, grâce à l’AFEL, il mange « souvent ». Il évoque ses activités à la maison, quand il est en congé, et parle d’un certain Éric « qui n’est pas un parent, qui est grand et qui m’emmène dormir chez lui en week-end ». Élie ne donne pas des détails sur les week-ends qu’il passe hors de la maison, accompagné d’un homme âgé. Hussein a de grands yeux verts. Il est bègue. Âgé de six ans, c’est la deuxième année qu’il suit les cours du service de rattrapage scolaire. À son arrivée à l’AFEL, il ne parvenait pas à formuler des phrases, ou même à articuler correctement des mots. Hussein est un enfant battu. Violemment battu. Grâce au travail effectué par l’assistante sociale de l’association auprès de la famille du garçon, son père s’est relativement calmé et Hussein raconte avec un sourire que son « papa ne le bat plus comme avant ». Le garçon, qui reconnaît désormais les lettres et qui arrive à former des phrases correctes, indique qu’il n’était « pas content à l’école », celle où il était avant de venir à l’AFEL. Maltraitance et troubles du comportement Créé il y a 17 ans, le service de rattrapage scolaire de l’association accueille actuellement 75 enfants dans deux centres à Bourj Hammoud ainsi qu’à Jouar el-Bouachek, dans le Kesrouan. Situés dans les locaux d’écoles qui suivent un cursus scolaire normal pour faciliter l’adaptation des enfants qui les fréquentent, ces services accueillent des élèves qui présentent des difficultés d’apprentissage. Ils sont hyperactifs, souffrent de troubles du comportement, ont une légère déficience ou encore des problèmes médicaux. Ces enfants aussi sont issus de familles à problèmes et sont victimes de la misère. « Ils sont maltraités et c’est la maltraitance qui se répercute sur le rendement scolaire des enfants », indique Zeina Hobeiche, psychologue clinicienne, coordinatrice du bureau éducatif de l’AFEL. Elle explique que le service de rattrapage de l’association prévoit l’enseignement du programme scolaire en suivant un rythme adapté aux besoins de chaque élève et qu’il a pour but de permettre aux enfants de réintégrer une école ordinaire et suivre normalement le cursus scolaire. L’AFEL a prévu ces cours spéciaux jusqu’aux classes primaires. Huit enfants au maximum du même niveau sont regroupés dans chaque classe et une attention particulière est accordée à chacun d’entre eux. Ainsi, c’est une équipe pluridisciplinaire qui prend en charge les enfants du service de rattrapage, notamment une psychologue, une orthophoniste, une psychosomaticienne et des éducatrices. Mme Hobeiche raconte que «beaucoup d’enfants âgés de huit ou neuf ans, ayant été scolarisés, arrivent au service de rattrapage sans jamais avoir appris à lire ». Certains gagnent le temps perdu et réintègrent les écoles classiques. D’autres sont orientés ensuite, une fois les classes primaires achevées, vers des formations techniques. Pour réussir dans ce cadre, l’association, comme à l’accoutumée, travaille aussi auprès de la famille de l’enfant, œuvre à transformer son environnement miséreux et n’épargne pas les efforts pour lui donner une chance de réussir sa vie. D’ailleurs, c’est bien cela le but de l’AFEL depuis sa création dans l’urgence de la guerre, il y a 29 ans. L’association dispose actuellement de plusieurs centres : l’internat de Jouar el-Bouachek (Kesrouan), qui accueille dans une ambiance familiale une soixantaine d’enfants âgés entre 4 et 14 ans issus de familles à problèmes et qui ne peuvent plus mener une vie normale chez eux. L’internat assure également le suivi des parents pour une meilleure prise en charge sociale et éducative. Au centre de quartier de Sin el-Fil, l’AFEL prend en charge 110 enfants âgés entre 4 et 15 ans. Elle assure le repas, les études surveillées, les activités d’éveil ainsi que le suivi social des familles. Toujours dans ce centre de Sin el-Fil, un service d’aide aux familles a été créé. Plus de 220 familles et de 275 enfants de la région bénéficient d’une aide médicale, scolaire, sociale et alimentaire. Ce centre dispose d’un atelier protégé pour les mamans et dispense des cours d’alphabétisation aux adultes. C’est également à partir du centre de Sin el-Fil que l’AFEL organise des séminaires et des conférences sur divers thèmes à l’intention des familles qui vivent dans la région. Les mécènes Il faut également compter bien sûr le service de rattrapage scolaire de Bourj Hammoud. Dans ce cadre, l’association, qui a bénéficié d’une donation de Fathallah Ibrahimcha, a acquis un terrain à Sin el-Fil sur lequel elle espère construire un local consacré au service de rattrapage scolaire. Mais les fonds pour la construction manquent actuellement. Lors du déjeuner annuel de l’AFEL, organisé avant Noël, Simone Wardé, présidente de l’association, a évoqué ce terrain en lançant un appel à la solidarité. Elle a également souligné qu’un autre don offert par Toufic Kahalé a permis l’acquisition d’un appartement pour agrandir le centre de Sin el-Fil, précisant que l’ambassade du Japon a permis d’équiper cet appartement. La présidente de l’association a également remercié les divers partenaires de l’AFEL, notamment les ministères des Affaires sociales et de l’Éducation, le Conseil supérieur de l’enfance, la Voix de la femme libanaise, la Mission pontificale, les amis de sœur Emmanuelle Asmae France, l’ambassade du Japon, Murex System, Child of Lebanon, Oxfam Québec, Western Union et la Lebanese Children’s Fund. « Nous tendons la main à vous tous et, avec votre appui, nous continuerons la route, dépassant les difficultés, a indiqué Mme Wardé s’adressant aux partenaires de l’association. L’an prochain nous fêterons notre 30e anniversaire. Depuis 29 ans, l’AFEL a voulu répondre, autant que possible, à toutes les demandes. En 1976, elle avait en charge 80 enfants, 35 familles et 1 centre. En 2005, elle a en charge 500 enfants, 220 familles et 5 centres ou services ». Au cours du déjeuner annuel, des jeunes filles prises en charge depuis leur enfance par l’AFEL ont livré leur témoignage. Enfants, adultes et représentants de donateurs partenaires de l’AFEL ont rendu hommage aux fondateurs de l’association, Gabriel et Simone Wardé, récemment décorés par le chef de l’État. Parmi ces témoignages, citons celui qui a été lu par la déléguée d’Asmae au Liban, Delphine Vincenot. Cette dernière a indiqué, s’adressant aux Wardé, au nom des amis de sœur Emmanuelle : « Depuis 20 ans que nous vous connaissons, vous luttez sans relâche pour rétablir la justice pour les enfants les plus en difficulté. Imprégnés des valeurs universelles, vous avez voulu que les enfants reçoivent amour et éducation quelles que soient leurs origines religieuses et sociales. Merci pour votre franchise et votre sens de l’humour, votre curiosité et votre recherche d’un service toujours meilleur pour les enfants, qui fait de l’AFEL aujourd’hui un acteur incontournable du travail social libanais. » « Nos sociétés ont besoin plus que jamais de personnes comme vous, convaincues, engagées, qui, grâce à leur action, contribuent à un espoir de paix sociale nationale et internationale. Merci pour votre exemple qui donne courage les jours où d’aucuns seraient tenté d’abandonner », a indiqué Mme Vincenot. L’AFEL a toujours fait un appel aux volontaires dans tous ses centres et aux donateurs. Pour plus d’informations, contactez le siège de l’AFEL à Sin el-Fil au n° : 01/481690. Pour vos dons : – BNPI, Achrafieh, compte n° 128 249 00186 – BEMO, Dora, compte n° 03 00 366 002194. Patricia KHODER
Des sapins de toutes les dimensions, des boules multicolores, des étoiles qui scintillent, des anges sur des cartes postales… Des tableaux d’affichage où l’on accroche des images ayant pour thème les fêtes de fin d’année, ainsi que les lettres, les chiffres et les saisons. Dans une salle, un groupe d’enfants aide un enseignant à fabriquer des décorations de Noël avec du plâtre...