IRAK - Deux nouveaux témoins mettent directement en cause Barzan al-Tikriti, le demi-frère du dictateur déchu Saddam crée la surprise devant ses juges : « J’ai été battu et torturé par les Américains »

À la reprise de son procès hier, l’ancien dictateur Saddam Hussein a affirmé avoir été « battu et torturé » par les soldats américains lors de sa détention. Il a, par ailleurs, écouté la déposition d’un deuxième témoin, décrivant la répression contre les habitants de Doujaïl après 1982. Le dictateur déchu Saddam Hussein a créé la surprise en affirmant hier devant ses juges irakiens avoir été « battu et torturé » par les Américains en détention et en porter la trace physique. Impassible depuis le début de l’audience, il a fait cette déclaration dans une intervention en fin de journée, émaillée d’appels à la fierté nationale, alors qu’il devait répondre du massacre de villageois chiites. « J’ai été battu et torturé par les Américains », a assuré Saddam Hussein. Il s’est à un moment tourné vers ses sept coaccusés et déclaré : « Oui, nous avons été battus par les Américains » en disant que certains ont reçu des coups de crosses de fusil sur la tête. « Oui, j’ai été battu sur chaque partie de mon corps, et les signes en sont visibles sur chaque partie de mon corps », a-t-il martelé, tout en soulignant vouloir en parler pour « éclairer les Irakiens et l’opinion » dans le monde. « Je ne blâme pas les Américains en disant cela », a-t-il dit, laissant sans réponse une proposition du procureur, Jaafar al-Moussaoui, de « transférer tous les détenus aux mains des forces irakiennes pour faire cesser ces agissements ». « Ces allégations sont complètement fausses. Il s’agit d’une manœuvre stratégique. Une manœuvre qui n’a rien à voir avec la réalité », a commenté le diplomate américain Christopher Reid, sur la chaîne CNN. L’audience a été consacrée aux dépositions de témoins qui ont raconté la répression qui s’est abattue sur le village chiite de Doujaïl, au nord de Bagdad, après une attaque contre le convoi de Saddam Hussein en 1982. Deux témoins ont affirmé avoir été torturés, parfois même en présence de Barzan al-Tikriti, le demi-frère de Saddam Hussein, qui affirme être à l’époque un haut responsable des services de protection de Saddam. Prière dans le box des accusés D’abord attentif, Saddam Hussein, en chemise claire et costume gris foncé sans cravate, s’est ensuite plongé dans ses notes. Les cheveux impeccablement peignés, il portait sa barbe poivre et sel bien taillée. S’étant vu refuser une interruption de séance pour prier, il s’est tourné en direction de La Mecque et a prié, assis dans son fauteuil du box des accusés. Saddam Hussein a une nouvelle fois rejeté l’autorité du Haut Tribunal pénal irakien et qualifié les insurgés de « braves gens qui font du bon travail ». Le parquet s’est élevé contre ce qu’il considère comme un « discours politique », ce qui n’a pas empêché le président déchu d’émailler son discours d’appels à la dignité de l’Irak. La déposition émouvante de deux nouveaux témoins Un premier témoin, Ali Hassan Mohammed al-Haïdari, a raconté à visage découvert les tortures et les exécutions sommaires de villageois. Directement mis en cause, Barzan al-Tikriti a provoqué un incident en invectivant le témoin et le président du tribunal. « Si vous étiez un vrai Irakien, vous seriez avec nous sur le banc des accusés », a-t-il lancé. M. Haïdari, dont sept frères ont été exécutés, a décrit la situation au siège du parti Baas à Doujaïl, où les suspects étaient rassemblés, comme une scène de « fin du monde » et affirmé y avoir vu plusieurs cadavres. « Je ne peux pas décrire les tortures que nous avions subies. On emmenait l’un de nous debout et il revenait dans un drap, dégoulinant de sang. » Un second témoin, parlant derrière un rideau et dont la voix est altérée artificiellement, a indiqué avoir été torturé à l’électricité après avoir identifié deux de ses fils, tués dans la répression. « Barzan était là assis sur une chaise en train de manger des raisins », a dit cet habitant de la localité chiite, affirmant avoir subi trois séances. Parallèlement, des centaines de fidèles du président déchu ont défilé dans son fief de Tikrit, au nord de Bagdad. Mardi, une centaine de chiites avaient manifesté à Amara, ville chiite du Sud, pour demander la peine de mort pour Saddam Hussein.