Un Jordanien travaillant pour l’ambassade du royaume hachémite enlevé dans la capitale irakienne Sunnites et laïcs contestent le résultat des élections législatives à Bagdad

Les résultats partiels des législatives annoncés hier révélaient que les Irakiens ont exprimé un vote communautaire, alors que les partis sunnite et laïc ont contesté le résultat du scrutin à Bagdad. Par ailleurs, un Jordanien travaillant pour l’ambassade de son pays a été enlevé par des inconnus hier dans la capitale irakienne. La Commission électorale indépendante a diffusé hier des résultats partiels des 18 provinces du pays, qui montrent une nette victoire de la liste chiite conservatrice à Bagdad et dans le sud, où cette communauté est majoritaire. La liste sunnite arrive en tête dans quatre provinces de l’ouest et du nord, al-Anbar, Ninive, Diyala et Salaheddine, et la liste kurde le remporte très largement à Souleimaniyah, Erbil et Dohouk, provinces septentrionales. Les partis ont fait le plein des voix au sein de leurs propres communautés, tandis que la liste laïque de l’ex-Premier ministre Iyad Allaoui, qui ne dépasse jamais les 14 % de voix, semble avoir échoué à transcender ces clivages. Les résultats partiels annoncés lundi pour Bagdad, qui donnent la liste chiite conservatrice avec 58,72 % des voix, loin devant l’alliance sunnite, (18,9 %), et la liste de M. Allaoui (13,68 %), ont suscité une vive colère. « Le Front conteste ces résultats et les considère frauduleux », a martelé mardi Tarek al-Hachimi, du Front de la concorde, l’alliance sunnite. La situation risque, selon lui, d’avoir « des répercussions graves sur la situation sécuritaire et économique ». « Nous émettons des réserves sur les résultats annoncés et demandons une enquête sur les raisons qui ont poussé la Commission électorale à publier de tels résultats incomplets et non précis », a pour sa part déclaré Hamid Majid Moussa, chef du Parti communiste et membre de la liste Allaoui. Le président Jalal Talabani, un Kurde, a minimisé ces critiques. « Certaines objections sont logiques, d’autres pas, et il revient à la Commission électorale de trancher », a-t-il jugé. Il a aussi plaidé en faveur d’un gouvernement élargi aux représentants de toutes les sensibilités politiques du pays. « Nous sommes en faveur d’un gouvernement alliant tout le monde, les Arabes qu’ils soient chiites ou sunnites, les Kurdes et les Turcomans », a déclaré M. Talabani. « L’Irak ne peut être gouverné par une majorité qui ignore la minorité », a-t-il affirmé. Washington prône un gouvernement d’union nationale L’ambassadeur américain, Zalmay Khalilzad, a aussi demandé aux responsables irakiens de former « un gouvernement d’union nationale qui dépasse les clivages ethniques et religieux ». Il a aussi critiqué le ministre irakien de l’Intérieur, le chiite Bayane Jabr Soulagh, dans l’affaire des tortures dans les centres de détention. « Pour être crédible, une force de police doit bénéficier de la confiance de toutes les communautés. Il n’est pas possible de placer à la tête du ministère de l’Intérieur un homme qui est considéré comme un partisan d’une communauté religieuse », a déclaré M. Khalilzad à la presse. M. Soulagh a été accusé de couvrir les agissements de milices chiites et de laisser les commandos de la police arrêter arbitrairement, torturer et exécuter des suspects sunnites. Sur le terrain, le chauffeur de l’ambassadeur de Jordanie, Mahmoud Salmane Saïdat, lui-même jordanien, a été enlevé à Bagdad par des hommes armés. Amman a indiqué qu’il étudiait le transfert du personnel de son ambassade dans une zone plus sûre. Par ailleurs, neuf personnes au moins, dont trois policiers, ont trouvé la mort au cours de différentes attaques dans le pays.