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Actualités - OPINIONS

Les lecteurs ont voix au chapitre

Quelle belle leçon ! J’étais en train de lire (et relire) les allocutions de Dominique de Villepin et de Ghassan Tuéni, et de goûter à cet extraordinaire plaisir qu’ont les francophones quand ils apprécient la beauté d’expression à travers la portée immense des mots exprimés par ces deux grands hommes. Et soudain, comme si c’etait trop beau pour être vrai, on a endeuillé cette belle cérémonie de remise de la Légion d’honneur en enlevant à Ghassan, pour la deuxième fois, mais cette fois-ci d’une manière horrible, l’être le plus cher qui lui soit resté après la disparition de Nadia. Et là encore, dans un de ces moments uniques dans l’histoire d’une vie, Ghassan nous a montré à tous sa grandeur d’âme. Quelle belle leçon à tous les Libanais, à tous les Moyen-Orientaux, à tout le monde ! Ghassan, tu resteras pour toujours mon idéal, depuis que je t’ai rencontré vers la fin des années soixante, à l’amphithéâtre de l’USJ. Et Gebran, cher Ghassan, restera à jamais vivant en chacun de nous. Georges Y. KRIKORIAN Orlando, Floride - USA De Nadia à Nayla Je n’ai jamais été partisan de l’héritage politique. Mais en écoutant Nayla pleurer Gebran, je crois que je dois modifier mes opinions. Cette jeune fille n’a pas hérité mais plutôt acquis une culture de patriotisme que les Tuéni ont toujours enseigné à travers leur plume et leur vie. Je ne pouvais pas, en essuyant mes larmes, m’empêcher de revenir en arrière dans l’histoire et penser à Nadia Tuéni qui a dit : « Beyrouth !... Elle est mille fois morte, elle est mille fois revécue. » Si Beyrouth est morte avec Gebran, elle est certainement ressuscitée avec Nayla… Elle a retenu les leçons de gloire que son père lui enseignait. Ce père qui était en première ligne. Ce père qui a toujours cru en les jeunes. Pour eux il a fait le Nahar des jeunes. Pour eux il a défié ceux qui avaient longtemps préparé sa mort. Il savait que l’indépendance avait un prix… et pourtant ! Fallait-il qu’elle naisse, cette indépendance, dans la douleur ? Fallait-il que Gebran par son courage fasse porter sa croix à Ghassan ? Fallait-il que Nadia appelle chez elle son fils aussi tôt ? Quant à toi Ghassan, tu nous as donné une vraie leçon. Tu nous a rappelé ce que nous récitons parfois sans réfléchir : « Pardonne-nous nos offenses comme nous pardonnons à ceux qui nous ont offensés. » Tu es grand. Malgré le poids des ans, tu es resté jeune. Dr Charles JAZRA Pas d’accord Ghassan Tuéni, quel grand homme vous êtes ! Nul ne peut se mettre à votre place et je ne me permettrais jamais de vous juger. Mais laissez-moi pour une fois afficher mon désaccord avec vous. Dans notre pays du tiers-monde, il faut exécuter les tueurs pour qu’ils arrêtent de tuer. Il faut exécuter leurs commanditaires. Il faut exécuter les complices, même par omission. Ceux qui ont tué les grands hommes que sont Rafic Hariri, Bassel Fleihane, Samir Kassir, Georges Haoui, et maintenant notre inspiration,Gebran Tuéni, laissez-moi être leur bourreau et enlever la poutre sous leur pieds le jour où ils seront pendus. Jihad MURR Le vilain petit canard « On ne va pas ouvrir une enquête internationale chaque fois qu’un chien se fait tuer au Liban. » Humiliants, ces mots prononcés à New York par un « diplomate ». Et la signification du message est sans ambiguïté aucune. En traitant nos martyrs de chiens, c’est chacun de nous, chaque Libanais qu’ils traitent de chien, nos martyrs étant de grands hommes appartenant à l’élite de notre peuple. Cher Monsieur le Secrétaire général, par crédibilité pour l’institution que vous représentez, écartez le vilain petit canard. Tarek-Gabriel SIKIAS Tu trouveras un moyen Tu trouveras un moyen de faire entendre la voix de la jeunesse au sein de la cacophonie des voix d’un autre temps. Tu trouveras un moyen de propager l’image d’un Liban enfin maître de son destin, de la manière si rationnelle et si élégante qui était la tienne. Tu trouveras un moyen de répandre la fraîche odeur de la liberté du Liban. Tu trouveras un moyen de diffuser la nouvelle identité des Libanais, unis, déterminés et surtout sans peur face à la jalousie qui les entoure. Tu trouveras un moyen d’écrire avec des mots simples, francs et qui vont droit au cerveau ce qui paraît impossible à communiquer pour dire la détresse des Libanais. Tu trouveras un moyen pour dire tout haut ce que nous pensons tout bas. Nous te faisons confiance, Gebran, tu trouveras un moyen pour continuer à nous défendre. Il est des hommes qui sont encore plus dangereux, plus valeureux à travers la mort que dans la vie. Si vous croyiez nous avoir privés de Gebran Tuéni, détrompez-vous, il n’a jamais été aussi vivant dans l’âme des Libanais. Vous en avez pris un, demain des centaines, des milliers de Gebran Tuéni viendront vous demander des comptes… Marwan Walid EL-TIBI Vous avez votre Gebran et j’ai mon Gebran Le vôtre, c’est le journaliste engagé pour la liberté du Liban. Le mien, c’est l’éternel jeune homme soucieux de la jeunesse et de son avenir. Le vôtre, c’est l’éditorialiste qui élève la voix contre l’oppresseur. Le mien, c’est l’être qui écoute les siens avec attention et tendresse. Le vôtre, c’est le parlementaire criant liberté. Le mien, c’est le révolutionnaire cherchant la vérité. Le vôtre, c’est l’homme élégant, le cigare à la main. Le mien, c’est l’homme dans son humble amitié. Le vôtre, c’est l’homme public accueillant. Le mien, c’est l’ami, le frère, le visionnaire. Le vôtre, c’est le martyr qui s’est sacrifié pour le Liban. Le mien, c’est ce grand homme à qui la patrie est reconnaissante et qui s’inscrit dans la lignée des grands qui ont marqué la tragédie libanaise : Béchir, Dany et les milliers de jeunes gens morts pour la patrie, au nom de cette liberté chérie et de la vérité. Votre Gebran est mon Gaby. Son combat pour la vérité est désormais une flamme éternelle que nous nous ferons un devoir de garder allumée jusqu’à la fin des temps. De Washington à Paris, en passant par Montréal, notre message à ceux qui l’ont sacrifié est que déjà dans le Ciel on les a jugés. Qu’Enrico me pardonne pour avoir paraphrasé ses lignes, pour dire que le Berger qui vient de tomber a renforcé notre détermination face aux ennemis du Liban. Non, pardieu, nous ne rendrons pas nos plumes Gebran. Que ceux qui pensent qu’ils ont eu raison de notre moral se trompent. Au contraire, et plus que jamais, nous allons frapper à toutes les portes de tous les gouvernements du monde libre pour que justice soit rendue au Liban et pour que les assassins et leurs commanditaires soient traduits devant la justice des hommes. Celle de Dieu les a déjà condamnés. Malheur à ceux qui sont responsables de près ou de loin de cet assassinat et de tous les actes commis au nom d’une prétendue « fraternité » qu’il aurait fallu appeler « servitude ». En ce triste jour, mes pensées vont à notre père à tous, à Ghassan Tuéni, qui, en bon chrétien, a demandé que l’on enterre la haine avec le cercueil de Gaby. Mes pensées vont également à la famille Flouti et Mrad pour la perte des leurs. Alain-Michel AYACHE Montréal Cri du cœur Non je ne vais pas vous arracher des larmes avec de belles phrases et des tournures littéraires élaborées. Je vais faire appel tout simplement à votre raison. Et la raison dit que ces martyrs de la scène politique et de la société civile, sacrifiés tour à tour sur l’autel d’un Liban certes encore incertain mais saignant toujours autant de ses souffrances, ont des caractéristiques communes. Ces personnes sortent du lot et se démarquent par leur intelligence, leur parcours, leur ouverture et leur impact sur l’opinion publique. Bravoure, ténacité, sérieux, intellect, idéologie, charisme, générosité, enthousiasme, désir de construire et de progresser, sont autant d’attributs qui font de ces personnalités de grosses pointures, au halo de leader, qui peuvent mobiliser les générations et être les piliers-moteurs d’un Liban florissant. Sans oublier l’atout de l’expérience ou de la représentativité sur le plan international, certains étant introduits auprès des grands de ce monde ou titulaires d’une double nationalité ou étant pour le moins de sensibilité multiculturelle. De tous bords, leur amour pour le Liban ne fait pas de doute. En particulier pour notre dernier martyr en date, notre incomparable Gebran Tuéni, ce fidèle témoin des années de guerre, vrai et téméraire, avec pour seul arme sa plume et sa parole, qui n’a eu de cesse de défier la peur et les langues de bois et d’accompagner toutes les souffrances et les aspirations d’un peuple et de ses jeunes. Gebran Tuéni, ce pionnier du dialogue et des actions sur le terrain. Gebran Tuéni, cet irremplaçable modeleur de générations sur le plan idéologique, intellectuel mais aussi et surtout humain. Quelle que soit la partie à qui profite le crime, de près ou de loin, nous devons être conscients que ce scénario cauchemardesque a des portées plus grandes et plus lointaines et touche à l’entité même du Liban. Une question demeure, un cri du cœur : qui des grands nous restera, des penseurs et des unificateurs ? À nous les velléitaires, les mous et autres sinistres conspirateurs ? Et vers quoi veut-on directement ou indirectement nous acheminer ? Nayla H. Adressez vos commentaires par fax (01/360390), par lettre (rubrique Courrier des lecteurs, boîte postale 2488) ou par mail : redaction@lorientlejour.com
Quelle belle leçon !

J’étais en train de lire (et relire) les allocutions de Dominique de Villepin et de Ghassan Tuéni, et de goûter à cet extraordinaire plaisir qu’ont les francophones quand ils apprécient la beauté d’expression à travers la portée immense des mots exprimés par ces deux grands hommes. Et soudain, comme si c’etait trop beau pour être vrai, on a endeuillé...