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Actualités - ANALYSE

ANALYSE L’Europe sort de la paralysie, mais l’incertitude demeure

L’Union européenne peut reprendre cahin-caha le débat sur l’approfondissement de son intégration après avoir évité une nouvelle crise budgétaire lors d’une saga annonciatrice d’un changement d’alliances en Europe. L’accord auquel sont parvenus samedi les dirigeants de l’UE sur le budget de 2007 à 2013 est minimaliste, reste dominé par des dépenses « du passé » – l’agriculture et les aides régionales – et n’investit pas un centime de plus dans la recherche, le talon d’Achille de l’Union européenne vis-à-vis des États-Unis. En apparence, Londres a remporté une victoire sans appel. L’élargissement de l’Union, objectif stratégique de la Grande-Bretagne, a progressé pendant ses six mois de présidence avec l’ouverture de négociations à la Turquie et à la Croatie. Londres, qui s’est toujours opposé au slogan fédéraliste, réclamant l’approfondissement avant l’élargissement, peut enregistrer avec satisfaction l’octroi du statut de candidat à la Macédoine, prélude à l’adhésion future des Balkans. Tout cela se fera en outre à budget pratiquement constant et la « ristourne » budgétaire britannique est rognée, mais subsiste. Mais le tableau est beaucoup plus nuancé. Cet accord a d’abord le mérite d’exister et de permettre le financement de l’Europe élargie : même s’il est minimaliste, ce sont plus de 155 milliards d’euros qui vont être injectés dans les économies des 12 nouveaux pays (avec la Bulgarie et la Roumanie), un pactole d’une ampleur inédite. Les bénéficiaires ne s’y sont d’ailleurs pas trompés. « Nous utiliserons cet argent pour rattraper les pays riches », a déclaré le Premier ministre polonais Kazimierz Marcinkiewicz, ému jusqu’aux larmes par cette « solidarité » née en Pologne il y a 25 ans et qui « unit aujourd’hui l’Europe ». Le budget n’est peut-être pas aussi « moderne » que l’auraient souhaité les partisans d’un repositionnement de l’Europe. Mais les dirigeants européens se sont fixé rendez-vous à mi-parcours, en 2008-2009, soit deux ans à peine après l’entrée en vigueur de ce budget pluriannuel, pour remettre toutes les dépenses à plat, de la PAC au « rabais » britannique. Certes, il faudra l’unanimité pour modifier quoi que ce soi,t et la Bulgarie, la Roumanie, voire la Croatie seront alors à la table des négociations, ce qui rendra la décision difficile. Mais l’UE aura l’occasion de se poser sans précipitation la question-clé des dépenses, notamment agricoles, avec une nouvelle génération de dirigeants français moins arc-boutés que Jacques Chirac sur la défense acharnée de la PAC. En attendant, les pays fondateurs de l’UE, dont la France et la Belgique, nourrissent l’espoir de relancer rapidement l’intégration autour des membres de la zone euro et envisagent dès 2006 un sommet de l’Eurogroupe, forum ouvert à tous. Enfin, ces phénomènes se déroulent sur fond d’alliances mouvantes qui donnent lieu à des changements étonnants. L’intégration des pays de l’Est dans l’Union se fait à une vitesse beaucoup plus rapide que prévu et les « Dix » ne sont pas le facteur de blocage attendu par les « anciens ». « La situation dans l’UE a changé, nous avons évolué depuis que nous avons rejoint le bloc, il y a 18 mois, et nous voyons à présent les priorités qui étaient les nôtres au début sous une lumière bien différente », a déclaré le ministre polonais des Affaires étrangères, Stefan Meller, lors du sommet de Bruxelles. Le comportement de Tony Blair, qui a rogné les aides régionales aux pays de l’Est, a également ouvert les yeux de ces pays instinctivement proches des thèses économiques de Londres, sur le positionnement de la Grande-Bretagne dans l’UE. En clair, ceux qui veulent de la solidarité ne doivent pas attendre grand-chose d’une Europe britannique du libre-échange. C’est d’autant plus vrai que Tony Blair, qui a courageusement accepté d’affronter son opinion publique en renonçant pour la première fois à une partie de sa « ristourne » budgétaire, a entamé son dernier mandat. Or, la relève à gauche – le chancelier de l’échiquier Gordon Brown – ou à droite – le nouveau dirigeant conservateur David Cameron – est fortement marquée par l’euroscepticisme..
L’Union européenne peut reprendre cahin-caha le débat sur l’approfondissement de son intégration après avoir évité une nouvelle crise budgétaire lors d’une saga annonciatrice d’un changement d’alliances en Europe.
L’accord auquel sont parvenus samedi les dirigeants de l’UE sur le budget de 2007 à 2013 est minimaliste, reste dominé par des dépenses « du passé » –...