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Actualités - REPORTAGE

La Turquie craint que les Kurdes profitent du vide de pouvoir pour déclarer leur indépendance Ankara mise sur les législatives irakiennes pour sauvegarder sa stabilité

À la suite des élections législatives irakiennes, la Turquie espère que ses efforts diplomatiques discrets contribueront à une plus forte participation et permettront d’instaurer la stabilité politique indispensable pour éviter le cauchemar d’un voisin irakien divisé et en proie au chaos. Depuis l’invasion de l’Irak par une coalition internationale dirigée par les États-Unis, Ankara craint que les groupes kurdes contrôlant le nord du pays profitent du vide de pouvoir pour déclarer leur indépendance, un précédent qui pourrait encourager le séparatisme de sa propre minorité kurde dans le sud-est anatolien. La Turquie considère ainsi que les élections du 15 décembre chez son voisin concernent directement sa propre stabilité et espère que le scrutin débouchera sur un résultat empêchant l’Irak de sombrer dans une anarchie propice aux ambitions sécessionnistes des Kurdes. « La Turquie préfère n’importe quel type d’élection en Irak à une possible situation de chaos intérieur », estime Beril Dedeoglu, spécialiste des relations internationales à l’université stambouliote de Galatasaray. « La Turquie continue de craindre l’éventualité d’une sécession des Kurdes en Irak et, pour la circonvenir, est engagée dans une diplomatie discrète pour encourager les groupes sunnites à participer à l’élection », explique-t-elle. La plupart des sunnites ont boycotté en janvier le scrutin devant désigner les membres d’un Parlement intérimaire, un geste qui a conduit à leur marginalisation sur la scène politique irakienne. Ils ont décidé cette fois-ci de participer au scrutin pour permettre à leurs représentants de prendre part au débat sur les amendements de la Constitution irakienne, devant avoir lieu après les élections. La Turquie craint, à l’instar de la communauté sunnite irakienne, que la Constitution adoptée par l’Irak lors d’un référendum le 15 octobre conduise à la division du pays et la concentration des ressources pétrolières entre les mains des chiites dans le sud et des Kurdes dans le nord. Ankara a accueilli début décembre une rencontre entre les principaux groupes sunnites irakiens et Zalmay Khalilzad, l’ambassadeur américain à Bagdad, espérant dissiper les doutes de cette communauté quant aux possibles résultats du scrutin du 15 décembre. « Nous voyons les élections comme un pas vers le renforcement de la stabilité de l’Irak et en faveur de son unité », a affirmé un diplomate turc de haut rang à l’AFP. « La seule chose qui empêche une paix complète dans la région est la situation en Irak. » « Il est impératif que toutes les composantes de la société irakienne soient représentées dans le prochain Parlement », a-t-il ajouté. « Sinon, les perspectives seront effrayantes, avec un possible développement de l’instabilité et des problèmes de sécurité. » Pour Özdem Sanberk, ancien ambassadeur et analyste politique, la stabilité politique née d’une représentation parlementaire équilibrée renforcera la position de la Turquie face à l’autre menace que fait peser sur elle la situation en Irak : le refuge trouvé par les séparatistes kurdes de Turquie du Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK) dans les montagnes du nord du pays. Les rebelles du PKK, qui combattent les forces gouvernementales turques depuis 1984 – le conflit a fait quelque 37 000 morts – pour l’indépendance du sud-est anatolien, ont multiplié depuis le début de l’année leurs opérations en Turquie, utilisant leurs camps du nord de l’Irak comme bases arrière. La Turquie a longtemps critiqué l’inaction des forces d’occupation américaines en Irak face au PKK, allant jusqu’à menacer de « faire le ménage » elle-même dans le nord du pays voisin. « Le PKK profite largement de l’actuel vide de pouvoir en Irak », commente M. Sanberk. « Le problème de sécurité ne sera résolu que quand l’Irak sera capable de contrôler l’ensemble de son territoire. »
À la suite des élections législatives irakiennes, la Turquie espère que ses efforts diplomatiques discrets contribueront à une plus forte participation et permettront d’instaurer la stabilité politique indispensable pour éviter le cauchemar d’un voisin irakien divisé et en proie au chaos.
Depuis l’invasion de l’Irak par une coalition internationale dirigée par les États-Unis,...