Éclairage Le Fateh s’enfonce dans la crise à l’approche des législatives

Le Fateh, parti au pouvoir de l’Autorité palestinienne, s’est enfoncé hier dans la crise à l’approche des législatives, plusieurs de ses cadres ayant présenté une liste rivalisant avec celle constituée par le dirigeant Mahmoud Abbas. Conscients de leur popularité auprès de la base du Fateh et des électeurs, les deux camps rivaux ont déposé devant la Commission électorale centrale (CEC) deux listes conduites par un même homme, Marwan Barghouthi, un chef du Fateh et de l’intifada, qui purge une peine de prison à vie en Israël. « L’existence de deux listes reflète la grande crise que traverse le Fateh », confie Jamal Moheissen, « coordinateur » du mouvement pour les élections législatives prévues le 25 janvier. En effet, un groupe de candidats du Fateh, mécontents de la direction de leur parti dominé par les caciques revenus d’exil, ont enregistré officiellement une liste baptisée l’Avenir, dirigée par M. Barghouthi à la CEC, à Ramallah, avant l’expiration mercredi à minuit du délai pour le dépôt des candidatures. Cette liste comprend plusieurs membres de la jeune garde du Fateh incarnée par M. Barghouthi, comme le ministre des Affaires civiles Mohammed Dahlane et le député sortant Qaddoura Farès. Jibril Rajoub, conseiller sécuritaire de M. Abbas, y figure également. M. Abbas a, dans la foulée, présenté la liste du Fateh, également conduite par M. Barghouthi, en dépit du fait que le Premier ministre Ahmed Qoreï avait été annoncé pour la diriger. Selon M. Moheissen, MM. Abbas et Qoreï ont appelé Marwan Barghouthi dans sa cellule, mercredi soir, pour l’informer de leur décision de le désigner à la tête de la liste officielle du Fateh. Mais cela n’a pas empêché la présentation de la liste rivale. M. Farès, un proche de M. Barghouthi, affirme que le Comité central du Fateh a décidé de désigner le chef emprisonné à la tête de sa liste « à la dernière minute, après qu’il eut réalisé que nous envisagions sérieusement de présenter une autre liste ». Un autre proche de M. Barghouthi, Soufiane Abou Zaydeh, a affirmé, après lui avoir rendu visite en prison hier, que celui-ci ne disputerait pas les législatives sur la liste officielle du mouvement « dans les circonstances actuelles ». Selon lui, Marwan Barghouthi « réalise que son nom a été placé en tête de la liste officielle à la dernière minute ». « Il a été désigné à la tête d’une liste dont il ne connaît même pas les membres alors qu’il devait avoir son mot à dire », a-t-il ajouté. Par Nasser ABOU BAKR