Érythrée - Le moment est « critique », estiment les Nations unies L’ONU évacue son personnel expulsé par Asmara

La Mission de l’ONU en Érythrée et en Éthiopie (Minuee) a commencé hier à évacuer ses personnels visés par un ordre d’expulsion des autorités érythréennes, avant l’expiration aujourd’hui de l’ultimatum fixé par Asmara, évitant ainsi une confrontation. Au total, 87 personnes « de différentes nationalités » devaient quitter l’Érythrée hier et deux autres personnes seront évacuées aujourd’hui, a annoncé le secrétaire général adjoint de l’ONU chargé des opérations de paix, Jean-Marie Guéhenno. Trois avions et quatre hélicoptères transportant ces personnels sont arrivés hier dans l’après-midi à Addis-Abeba. Selon M. Guéhenno, le moment est « critique ». « Nous sommes très préoccupés, la situation politique est pour sûr mauvaise dans son ensemble », a-t-il déclaré à Asmara. « Depuis 10 ans que je suis à la tête des opérations de paix pour l’ONU, je n’ai jamais été confronté à une situation similaire », a-t-il commenté. De même, l’émissaire a dit « ne pas avoir connaissance » qu’un gouvernement ait déjà demandé à l’ONU « d’avoir uniquement certaines nationalités » au sein d’une mission. M. Guéhenno a cependant fait savoir que cette décision d’évacuation « était temporaire ». « En janvier, le Conseil de sécurité prendra des décisions décisives », a-t-il précisé. Le 6 décembre, Asmara avait annoncé sa décision d’expulser sous « dix jours » les membres américains, canadiens, européens et russes de la Minuee. Aucune explication sur cet ultimatum n’a jusqu’ici été fournie par l’Érythrée. Depuis lundi, M. Guéhenno et son conseiller militaire, le général Randir Kumar Mehta, dépêchés par le secrétaire général des Nations unies Kofi Annan, attendent en vain à Asmara d’être reçus par le gouvernement érythréen. Des diplomates de l’ONU ont estimé que la décision érythréenne faisait suite à la résolution du 23 novembre du Conseil de sécurité, qui enjoint l’Éthiopie et l’Érythrée, sous peine de sanctions, à faire preuve de retenue dans leur différend frontalier et exige de l’Érythrée qu’elle cesse d’entraver le travail de la Minuee.