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Actualités - REPORTAGE

REPORTAGE Pour retrouver un poids politique, les sunnites veulent « voter en nombre »

Malgré le centre-ville déserté et les rues jonchées de gravats, sillonnées par les convois militaires américains, les habitants de Ramadi, la capitale de la province rebelle sunnite d’al-Anbar, comptent participer aux législatives cruciales demain. «Ils vont voter, et en nombre », assure Abed Mohammed al-Joumayli, secrétaire du Conseil de sécurité de Ramadi (110 km à l’ouest de Bagdad), une assemblée informelle de responsables religieux et tribaux sunnites, qui rencontre régulièrement l’armée américaine pour les questions de sécurité. Les dernières réunions ont, en effet, davantage concerné le nombre de bureaux de vote installés à Ramadi que la lutte contre la violence. Les membres du conseil ont assuré les soldats américains de leur volonté de voter. Cela n’a pas toujours été le cas : lors des élections de janvier dernier, pour élire le Parlement provisoire, seuls 2 % des électeurs d’al-Anbar se sont déplacés. En octobre, ils étaient déjà plus de 30 % à voter, à travers un « non » unanime au référendum sur la Constitution, adoptée dans le reste du pays. Cette fois, les responsables sunnites s’attendent à une très large participation à Ramadi et à travers toute la province d’al-Anbar, fief de la minorité sunnite. « Je pense que l’ensemble de la communauté arabe sunnite a compris qu’il y va de son intérêt d’avoir la représentation la plus importante possible dans le gouvernement, ce qui n’était pas le cas en janvier », juge un diplomate occidental. Le boycottage des élections de janvier par les sunnites avait abouti à la constitution d’un gouvernement dominé par leurs rivaux traditionnels, les chiites et les Kurdes. Dans un pays qu’elle a longtemps dominé, la minorité sunnite se sent aujourd’hui victime de représailles de la part des forces de sécurité, contrôlées par un gouvernement où les chiites sont largement majoritaires. « Les sunnites sont en train de rejoindre massivement le processus électoral parce qu’aujourd’hui chacun d’eux est considéré comme un terroriste par le gouvernement et que les prisons sont devenues leur nouveau foyer », estime cheikh Zakariya Mohi al-Tamimi, un religieux conservateur, candidat aux législatives sur une des listes sunnites. Pour Sadiq Bakr, un jeune marchand rencontré près de la mosquée de Tobchi, dans le nord de Bagdad, c’est l’avenir de la communauté sunnite qui est en jeu. « J’irai voter même s’il nous pleut des bombes venues du ciel, à cause de tout ce qui nous est arrivé et nous arrive encore », proclame-t-il avec colère. « Le gouvernement actuel va faire tout ce qu’il peut pour diminuer la participation des sunnites en multipliant les opérations militaires et les assassinats, mais cela ne nous empêchera pas de voter, si Dieu le veut », approuve Ali Abdel Jabbar, un fonctionnaire. La crainte de violences n’est pas infondée : durant la campagne électorale, plusieurs responsables politiques sunnites ont été tués, comme Mezher Nagi al-Doulaïmi, candidat à Ramadi, abattu mardi par des hommes armés. Doulaïmi se prétendait menacé par le gouvernement, mais c’est la branche irakienne d’el-Qaëda qui constitue une menace, selon l’armée. « El-Qaëda contrôle plusieurs secteurs dans cette province et ses membres ont menacé de mort les habitants qui iraient voter », affirme le lieutenant-colonel Jabar al-Mayhi, en poste à Ramadi, qui estime que les troupes de la coalition et les forces irakiennes contrôlent seulement 75 % de la ville.

Malgré le centre-ville déserté et les rues jonchées de gravats, sillonnées par les convois militaires américains, les habitants de Ramadi, la capitale de la province rebelle sunnite d’al-Anbar, comptent participer aux législatives cruciales demain.

«Ils vont voter, et en nombre », assure Abed Mohammed al-Joumayli, secrétaire du Conseil de sécurité de Ramadi (110 km à l’ouest...