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Actualités - ANALYSE

ÉCLAIRAGE L’Iran observe les élections avec attention et discrétion

L’Iran chiite observe avec attention et discrétion la tenue, demain, des élections irakiennes, avec l’espoir d’une nouvelle victoire des partis chiites qui dominent l’Assemblée nationale irakienne depuis janvier. «La victoire des chiites achèvera le processus politique permettant à ce groupe de s’installer aux commandes du pouvoir en Irak », selon Morad Veissi, journaliste et spécialiste des questions régionales, selon lequel « un tel résultat fait l’affaire de l’Iran ». La République islamique, voisin géographique, mais aussi spirituel d’une grande partie de la population irakienne, a pourtant adopté un profil bas à l’égard de ce scrutin, comme pour le précédent. La presse officielle iranienne est restée discrète sur le sujet, et les responsables ont évité toute déclaration intempestive. Cette discrétion sert notamment à ne pas donner prise aux accusations d’ingérence iranienne dans les affaires irakiennes. Car l’Iran a des liens historiques avec les partis chiites irakiens actuellement au pouvoir à Bagdad, mais aussi avec les Kurdes qu’il a soutenus dans leur révolte contre Saddam Hussein. Le Premier ministre sortant irakien Ibrahim Jaafari appartient au Daawa, un parti chiite créé à la fin des années 50, et s’est réfugié en Iran pendant les années 80, au plus fort de la guerre irano-irakienne. Le Conseil suprême de la révolution islamique en Irak (CSRII), principal parti chiite irakien, a été créé à Téhéran en 1982. Son chef, Abdel Haziz Hakim, a gardé des contacts au sein du régime iranien. En revanche les relations sont inexistantes avec le chiite Iyad Allaoui, premier chef de gouvernement de l’après-Saddam Hussein, qui se présente en alternative laïque, avec le soutien de Washington. « Deux groupes chiites sont bien placés pour l’emporter (aux législatives). Le premier, dirigé par Hakim et Jaafari, proche de l’Iran, a plus de chance que le second, dirigé par Iyad Allaoui, plus laïc », selon M. Veissi. La nature des liens unissant le CSRII à Téhéran reste cependant sujet à caution, des analystes estimant que le parti de Abdel Haziz Hakim s’est émancipé depuis son retour en Irak, d’autres jugeant que cette relation reste étroite. Dans tous les cas, la victoire des partis chiites et kurdes aux élections de janvier a considérablement réchauffé les relations entre les deux pays. Après un déplacement du chef du gouvernement irakien Ibrahim Jaafari à Téhéran en juillet, le président Jalal Talabani a effectué en novembre la première visite officielle d’un chef d’État irakien en Iran depuis presque quarante ans. « Les visites successives des différents responsables irakiens à Téhéran ont clairement souligné le rapprochement entre les deux pays », a dit M. Veissi, selon qui « l’Iran est la première destination des dirigeants irakiens parmi les pays de la région ». Plusieurs responsables à Bagdad ont pourtant accusé Téhéran de s’ingérer dans les affaires intérieures de l’Irak, alors que les États-Unis et la Grande-Bretagne lui ont reproché d’y déstabiliser la situation. Lundi, le président américain George W. Bush a déclaré que « le voisin de l’Irak à l’Est, l’Iran, s’emploie activement à saper un Irak libre ». « L’Iran ne veut pas que la démocratie réussisse en Irak parce qu’un Irak libre menace la légitimité de la théocratie d’oppression en place en Iran », a expliqué M. Bush. L’ambassadeur des États-Unis en Irak, Zalmay Khalilzad, a estimé, début décembre, que l’Iran « suit une double politique ». « D’un côté, il soutient le gouvernement (irakien), développe des relations économiques et politiques, mais, de l’autre côté, il travaille avec des groupes qui luttent contre le nouvel ordre en Irak », a-t-il ajouté. Une vision que contestent des analystes comme M. Veissi, qui remarque qu’« au fur et à mesure que le gouvernement irakien et les institutions de ce pays se mettent en place, les prétextes pour la présence américaine diminuent, ce qui correspond aux intérêts de l’Iran ».

L’Iran chiite observe avec attention et discrétion la tenue, demain, des élections irakiennes, avec l’espoir d’une nouvelle victoire des partis chiites qui dominent l’Assemblée nationale irakienne depuis janvier.

«La victoire des chiites achèvera le processus politique permettant à ce groupe de s’installer aux commandes du pouvoir en Irak », selon Morad Veissi, journaliste...