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La carrière météorique d’un champion déchu

L’Américain Tim Montgomery, suspendu deux ans hier par le Tribunal arbitral du sport (TAS), a payé le prix fort pour son record du monde du 100 m (9 sec 78), unique moment de gloire d’une carrière en athlétisme sans titre individuel majeur. Le 14 septembre 2002 à Charlety (Paris), Montgomery sort enfin de l’ombre de son compatriote Maurice Greene, en le dépossédant pour un centième du record du monde, à la surprise générale. Moins de trois ans plus tard, il comparaît devant le Tribunal arbitral du sport, pour répondre de soupçons de dopage. Oublié le fabuleux exploit. Oubliée la belle image du baiser amoureux que lui donna alors sa compagne Marion Jones, la grande dame du sprint mondial, qui allait lui donner un garçon en juin 2003. Jusqu’en septembre 2002, Montgomery était toujours resté en retrait de Maurice Greene, la star, triple champion du monde, champion olympique et recordman du monde depuis juin 1999. À Paris, l’heure de la consécration a enfin sonné pour Timothy Montgomery, qui a débuté par le football et le base-ball, avant de chausser les pointes dans sa Caroline du Sud natale. À l’image de sa troisième place aux Mondiaux 1997, sa carrière en athlétisme n’a d’abord été qu’accessits et frustrations. En 1994, il réussit 9 sec 94 aux championnats universitaires des États-Unis, mais ce temps n’est pas homologué (piste trop courte et anémomètre mal positionné). Simple relayeur en séries du 4 x100 m des JO d’Atlanta (1996), dont les États-Unis prennent la deuxième place, il descend sous les 10 secondes pour la première fois l’année suivante : 9 sec 92. Premiers doutes Blessé en 1998, il rejoint le groupe de Trevor Graham à Raleigh, en Caroline du Nord, où s’entraîne une certaine Marion Jones. En 2000, aux Jeux, il se contente à nouveau des séries du 4 x100 m remporté par les Américains. À Oslo, l’année suivante, il signe un remarquable 9 sec 84, chaussé des pointes de Jones. Il est champion du monde du relais 4 x100 m et vice-champion du monde du 100 m. Impressionnant de régularité en 2002, il clame qu’il peut faire mieux que ses 9 sec 78. Un 9.75, le numéro de la plaque d’immatriculation de son véhicule, le comblerait. Jones et lui décident alors de rejoindre Charlie Francis, l’ex-entraîneur du Canadien Ben Johnson, le banni des JO de Séoul. Devant les critiques, le couple le plus rapide de la planète met rapidement un terme à l’expérience et se tourne vers Dan Pfaff. Ces atermoiements et sa paternité expliquent sa saison blanche en 2003. Aux Mondiaux de Paris, il se contente de la cinquième place (4e après la disqualification pour dopage du Britannique Dwain Chambers). L’étau se resserre Nouveau coup dur : à trois mois des JO d’Athènes, son nom et celui de Jones apparaissent à la rubrique dopage, au milieu d’une liste de 15 athlètes ayant reçu de la THG du laboratoire Balco, dirigé par le sulfureux Victor Conte. Fin mai 2004, la situation s’aggrave pour Montgomery lorsqu’un journal écrit qu’il aurait été au centre d’un « projet record du monde » mis en place en 2001 et pour lequel Conte avait créé un régime spécial à base de THG. Des affirmations étayées par la transformation physique de l’athlète. Celui-ci se retranche derrière le fait qu’il n’a jamais été contrôlé positif. À six semaines des JO, il change de nouveau d’entraîneur et quitte Dan Pfaff pour Steve Riddick, qui s’est occupé de lui à l’université. Encore raté : septième du 100 m des sélections US, il dit adieu aux JO. Alors que se profilent les Mondiaux d’Helsinki, Jones et Montgomery déclarent forfait aux championnats des États-Unis. Adieu Mondiaux. Sevré de grandes compétitions, sans repères chronométriques, désormais boycotté par les organisateurs des réunions européennes majeures, en panne de moral, miné par « des problèmes de business », Tim Montgomery, à 30 ans, a plus que jamais son avenir sportif derrière lui. Il a presque tout perdu, même son record, battu en juin 2005 par le Jamaïquain Asafa Powell, et son honneur, hier.
L’Américain Tim Montgomery, suspendu deux ans hier par le Tribunal arbitral du sport (TAS), a payé le prix fort pour son record du monde du 100 m (9 sec 78), unique moment de gloire d’une carrière en athlétisme sans titre individuel majeur.
Le 14 septembre 2002 à Charlety (Paris), Montgomery sort enfin de l’ombre de son compatriote Maurice Greene, en le dépossédant pour un centième...