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CORRESPONDANCE Truman Capote revisité « De sang-froid » sur grand écran

WASHINGTON - Irène MOSALLI Il a tout d’un personnage de cinéma: caractère extravagant, écorché vif, écrivain au talent immense, jet-setter, témoin de son temps, et un style qui ne passe pas inaperçu… Aujourd’hui, deux décades après son décès, il vient de faire l’objet d’un film ayant simplement pour titre son nom de famille, Capote. Il s’agit du romancier américain Truman Capote, auteur de Petit déjeuner chez Tiffany et de De sang-froid. C’est autour de cette dernière œuvre qu’est bâti le film, qui met l’accent sur la relation qu’avait entretenue l’auteur avec deux présumés assassins. Ayant été fortement impressionné par un fait divers rapporté par le New York Times et ayant trait au meurtre d’une riche famille du Kansas par deux vagabonds, il était entré en contact avec ces derniers, curieux qu’il était de connaître leurs motivations. Dans ce même but, il avait passé des mois dans la bourgade où avait eu lieu le crime, interrogeant témoins et policiers. Il en a résulté un livre, De sang-froid, qui fera un tabac et qui inaugurera un genre nouveau, le roman reportage. L’auteur avait réussi à communiquer l’horreur du crime, son absurdité, en signant un roman de mœurs, une étude psychologique et un récit policier reflétant l’Amérique profonde et secrète. De l’Amérique profonde au «Plaza» L’actuel film met bien en valeur cet aspect des États-Unis, exacerbés par leurs peurs et prisonniers de leurs principes rigoureux. Truman Capote est incarné par l’acteur Philip Seymour Hoffman et les deux prisonniers qui le fascinent et avec lesquels il créera une sorte de huis clos sont interprétés par Mark Pellegrino et Clifton Collins. Si en particulier l’un des détenus voit en lui son sauveteur, Truman Capote, lui, ne veut que vivre intensément cette expérience, quitte à en ressentir toutes les blessures. Il a voulu communiquer au public la monstruosité de cet acte, mais se défend de le juger. Lui-même est originaire de cette Amérique profonde. Né en 1924 à la Nouvelle-Orléans, il arrive à l’âge de 9 ans à Manhattan en compagnie de sa mère. Il y restera et en deviendra l’une des stars. À ses débuts d’écrivain, il avait dit: «Je devrais réussir et réussir de suite.» C’est ce qu’il a fait avec des œuvres telles que Petit déjeuner chez Tiffany et De sang-froid. Ce dernier titre l’a rendu riche et célèbre. Il lui avait permis d’acheter un luxueux appartement qui, du 23e étage, avait une vue imprenable sur le Palais de verre. Capote était à l’unisson avec le New York de l’époque. En 1966, il avait donné, en l’honneur de la grande dame de la presse, Katharine Graham (propriétaire du Washington Post), un mémorable bal au Plaza Hotel, intitulé Black and White (Noir et blanc). Avait assisté à la soirée, la jet-set de ce temps: Andy Warhol, Frank Sinatra, le maharaja et la maharani de Jaipur, etc. Toujours au cœur de l’action et de la créativité, cultivé, homosexuel et souvent provocateur, Truman Capote n’en traînait pas moins un mal de vivre et une certaine marginalité. Son roman inachevé, Prières exaucées, offre une peinture sans fard des milieux huppés qu’il fréquente (de Marilyn Monroe à Andy Warhol) et avait fait scandale avant même d’être publié. Il meurt à soixante ans, solitaire et rongé par une vie d’excès.
WASHINGTON - Irène MOSALLI

Il a tout d’un personnage de cinéma: caractère extravagant, écorché vif, écrivain au talent immense, jet-setter, témoin de son temps, et un style qui ne passe pas inaperçu… Aujourd’hui, deux décades après son décès, il vient de faire l’objet d’un film ayant simplement pour titre son nom de famille, Capote. Il s’agit du romancier américain...