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Les ténors de la scène politique s’élèvent contre le phénomène des transfuges et les volte-face La percée foudroyante de Sharon suscite des inquiétudes pour la démocratie

De larges franges de la classe politique en Israël s’inquiétaient hier des risques que le raz-de-marée électoral pressenti pour le parti d’Ariel Sharon fait peser sur le fonctionnement de la démocratie. Ce nouveau parti centriste, Kadima (En avant), créé le 21 novembre, a littéralement bouleversé la carte politique en réussissant à attirer les chefs de file des principales formations rivales en vue des législatives du 28 mars. M. Sharon a notamment obtenu les ralliements spectaculaires de Shimon Peres, un dirigeant historique du Parti travailliste, du professeur Ouriel Reichman, un des fondateurs du Shinouï (centre laïc), et de Tsahi Hanegbi, le président du Comité central du Likoud (droite), son ancienne formation. Le ministre de la Défense, Shaul Mofaz, a provoqué un nouveau coup de théâtre dimanche en ralliant à son tour Kadima, après avoir juré fidélité au Likoud deux jours auparavant. Un sondage publié hier créditait Kadima de 41 sièges de députés sur un total de 120 au Parlement, contre 21 au Parti travailliste, et 11 au Likoud. Le Shass (orthodoxe séfarade) obtiendrait 10 mandats, et le Shinouï (centre laïc) s’effondrerait avec 4 sièges contre 15 actuellement, tandis que les autres partis se maintiendraient plus ou moins avec 4 ou 5 élus. Pour le politologue Akiva Eldar, « le succès du Kadima est inquiétant, car il s’agit d’une formation qui pourrait être sans lendemain, qui n’a ni institutions ni idéologie, et qui est née ex nihilo autour d’un seul homme ». Les murs de Tel-Aviv témoignent déjà de ce fait. Ils sont couverts d’affiches présentant un portrait de M. Sharon avec ce slogan : « Un homme fort pour la paix. » Toutes voix confondues, les ténors de la scène politique israélienne se sont élevés contre « la foire aux enchères » organisée par le Kadima, qui a favorisé le phénomène des transfuges et des volte-face. « Sharon menace la démocratie, car il recrute en se servant du pouvoir pour acheter tous ceux qui s’offrent sur le marché politique. L’opportunisme et la défection sont désormais devenus la norme et font partie de notre culture », s’insurge ainsi le numéro un travailliste, Amir Peretz. « Les politiciens changent de parti comme de chemises. Jadis, il y avait une doctrine, une tradition ou une idée. Aujourd’hui, ils vont au plus offrant, et ce phénomène constitue une menace pour la démocratie israélienne », a renchéri le chef de la diplomatie Sylvan Shalom, un des chefs du Likoud. « Lorsque l’opinion perdra confiance en ses représentants élus, c’en sera fini du régime démocratique en Israël, et, à en juger par la façon dont Kadima choisit ses cadres, ce moment est proche », estime de son côté Limor Livnat, ministre de l’Éducation, également du Likoud. Même alarmisme pour Joseph Tommy Lapid, le chef du Shinouï, qui accuse M. Sharon de « corrompre les politiciens afin qu’ils quittent leur parti, en échange de prébendes, pour soutenir le Kadima, dont ils ignorent le programme ». L’éditorialiste du quotidien Yediot Aharonot à grand tirage, Nahoum Barnea, faisait hier ce constat : « Le pouvoir en Israël est sous le contrôle exclusif d’un seul parti. » Mais il ajoute que « Sharon a trop bien réussi, car il y a trop de transfuges à son bord, et il est prisonnier de son succès : même s’il veut stopper le flux des demandes (d’adhésions), il en est incapable (...) tandis que ses rivaux ne peuvent s’unir sur aucun thème, sauf sur la survie de leur parti ». Par ailleurs, concernant les législatives palestiniennes, un sondage publié hier prévoit que le Fateh de Mahmoud Abbas devrait devancer le Hamas aux législatives de janvier, mais verra sa domination au Parlement affaiblie par l’entrée des élus du mouvement radical. Le Fateh devrait recueillir 37 % des suffrages, contre 20 % pour le Hamas, 4,5 % par la liste indépendante de Moustapha Barghouthi et 2,6 % pour celle, indépendante aussi, de la députée Hanane Achraoui, selon le sondage réalisé par l’Université de Beir Zeit. Sur le terrain, l’artillerie israélienne a tiré hier sur la bande de Gaza en représailles au tir d’une roquette palestinienne qui s’est abattue sur la ville israélienne de Sderot, a-t-on appris de sources militaires.
De larges franges de la classe politique en Israël s’inquiétaient hier des risques que le raz-de-marée électoral pressenti pour le parti d’Ariel Sharon fait peser sur le fonctionnement de la démocratie.
Ce nouveau parti centriste, Kadima (En avant), créé le 21 novembre, a littéralement bouleversé la carte politique en réussissant à attirer les chefs de file des principales...