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Égypte - Les Frères musulmans face à face avec le régime Le parti de Moubarak garde la haute main sur l’Assemblée

Le parti du président Hosni Moubarak gardera la mainmise sur l’Assemblée égyptienne, mais devra faire face à la plus forte opposition parlementaire islamique de l’histoire de l’Égypte. Selon les résultats officieux, la large victoire du Parti national démocrate (PND) était assurée, au terme d’un marathon législatif qui s’est conclu mercredi dans les pires violences, avec neuf morts, en majorité tués par balles. Le taux de participation moyen au cours des législatives serait quant à lui d’environ 25 %, sur la base des premières estimations. Avec 326 députés, en tenant compte du ralliement de 179 indépendants, le PND a remporté 73 % des sièges, soit plus de la majorité des deux tiers qui lui permet de verrouiller l’Assemblée du peuple. Mais le bilan est loin d’être brillant pour le PND, en mutation depuis sa prise de contrôle par Gamal Moubarak, fils cadet du président et son dauphin présumé. Avec un député sur cinq proclamant que « l’islam est la solution », les Frères musulmans se retrouvent en effet seuls face à face avec le pouvoir du président égyptien. Avec 88 élus sur 454 députés, la confrérie islamiste a réussi une percée historique, en dépit des entraves, arrestations et violences subies durant le marathon des législatives conclu mercredi. Jamais ce mouvement-phare de l’islamisme, interdit depuis un demi-siècle et seulement toléré, n’avait eu un tel poids parlementaire, sextuplant ses gains, dans le pays le plus peuplé du monde arabe. « Notre objectif était la participation, pas la victoire », a cependant affirmé un porte-parole de la confrérie, Essam al-Eryane, un médecin du Caire de la jeune génération d’une organisation fondée en 1928. Prudents, très organisés, se prétendant modérés, les Frères ne visaient pas la conquête éclair du pouvoir, n’ayant présenté que 160 candidats, trois fois moins que le nombre de sièges à pourvoir. Pour la première fois, le régime Moubarak avait relâché son étreinte sur les Frères musulmans, libérant ses cadres emprisonnés avant ce scrutin présenté comme un test démocratique. « Ils ne sont pas une menace pour le pouvoir qui va s’en servir au contraire comme repoussoir aux yeux de l’Occident », estime Hala Moustafa, rédactrice en chef de la revue al-Dimuqratiya. Des analystes considèrent que le régime a été cependant surpris par la poussée islamiste, recourant alors à toutes les irrégularités possibles pour assurer au Parti national démocrate (PND) une majorité des deux tiers au Parlement. Plus enclins, par expérience de la répression, au compromis qu’à la confrontation, les Frères musulmans vont-ils durcir désormais le ton ? « Ils ne sont pas prêts à l’affrontement en dépit de leur grande popularité, et vont tenter d’aménager encore leurs relations avec le pouvoir », estime pour sa part Amr Choubaki, chercheur au centre d’études stratégiques d’al-Ahram. Mais la question de l’alternance islamiste paraît désormais ouvertement posée en Égypte. Depuis vingt ans, les Frères musulmans ont investi les institutions de la société civile, comme les syndicats, en faisant des relais de mobilisation, tout en réislamisant la société par étapes et regardant vers le modèle de la Turquie actuellement gouvernée par un Premier ministre islamiste, Recep Tayyip Erdogan. « Un état théocratique n’est pas l’ambition des Frères musulmans », affirme cependant un chef influent de la confrérie, Abdel Monem Aboul Fotouh, affirmant : « Le pouvoir ? Pas avant 50 ans ! »
Le parti du président Hosni Moubarak gardera la mainmise sur l’Assemblée égyptienne, mais devra faire face à la plus forte opposition parlementaire islamique de l’histoire de l’Égypte. Selon les résultats officieux, la large victoire du Parti national démocrate (PND) était assurée, au terme d’un marathon législatif qui s’est conclu mercredi dans les pires violences, avec neuf...