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Législatives égyptiennes Les féministes s’inquiètent de la montée en puissance des Frères musulmans

La percée spectaculaire des Frères musulmans aux législatives a ravivé les craintes des féministes égyptiennes quant à l’avenir de leurs libertés si ce mouvement devait un jour arriver au pouvoir. « Je suis contre leur politique. Pas seulement contre ce qui concerne les femmes », explique la féministe Nawal Saadawi, radicale de gauche. « Leur politique (actuelle) d’ouverture n’est qu’une tactique pour parvenir au pouvoir », ajoute cette écrivain, en allusion à la promesse du mouvement de ne pas contraindre les femmes à porter le voile. Mais cette Égyptienne s’inquiète également des dégâts de la culture occidentale de consommation dont « les États-Unis sont les chantres ». Les Égyptiennes se sentent en effet ballottées, perdues entre la culture de consommation à l’américaine qui les pousse à se dénuder et l’appel des islamistes à porter le voile, poursuit-elle. Les Frères musulmans, mouvement interdit mais toléré, a réalisé une percée historique aux législatives dont la troisième phase est en cours : ils ont déjà obtenu 76 sièges sur les 454 du Parlement au terme des deux premières phases, soit cinq fois leur score dans la précédente législature. S’ils n’ont aucune chance de parvenir au pouvoir au terme de ces législatives, leur succès prouve leur enracinement et laisse penser qu’ils pourraient à l’avenir devenir majoritaires. Sahar al-Moji, romancière et professeur d’université, s’inquiète d’un scénario où « toutes les libertés seraient rognées » si le mouvement devenait majoritaire. « Le mouvement des Frères musulmans est à l’origine de tous les autres groupes radicaux islamistes. S’ils arrivent au pouvoir, ils seront aussi radicaux que les autres extrémistes », s’inquiète cette Égyptienne. Elle se console en soulignant que le mouvement ne représente encore que seulement 25 % des électeurs. « 33 des 35 filles de ma classe à l’université sont voilées. Mais elles n’appartiennent pas toutes aux Frères musulmans. Les Égyptiens ont toutes sortes de façons d’être religieux », ajoute Sahar al-Moji. Ainsi, un vidéoclip, tourné sur un pont sur le Nil au Caire, diffusé régulièrement sur les chaînes musicales, montre une fille voilée se déhancher à côté d’un chanteur égyptien. Sur leur site, les Frères musulmans disent qu’une « musulmane devrait cacher tout son corps -à l’exception du visage et des mains- d’un voile qui ne soit pas transparent, ne montre pas les formes... ». Mais, avec leurs succès électoraux, ils ont adressé des messages conciliants sur la religion, assurant qu’ils ne contraindraient pas les femmes à se voiler. « Nous comptons sur la persuasion, pas sur la coercition » pour promouvoir le voile, dit à l’AFP le porte-parole du mouvement, Issam al-Aryan. « Je me réjouis qu’ils soient représentés au Parlement. Ainsi, ceux qui les soutiennent comprendront que ce sont des menteurs qui se servent de la religion », juge Rania Shaheen, avocate de 28 ans, militante des droits de l’homme. Mais « s’ils arrivent au pouvoir, ce sera une catastrophe tout autant pour les hommes que pour les femmes », dit-elle. Ali KHALIL/AFP
La percée spectaculaire des Frères musulmans aux législatives a ravivé les craintes des féministes égyptiennes quant à l’avenir de leurs libertés si ce mouvement devait un jour arriver au pouvoir.
« Je suis contre leur politique. Pas seulement contre ce qui concerne les femmes », explique la féministe Nawal Saadawi, radicale de gauche. « Leur politique (actuelle) d’ouverture...