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Actualités - OPINION

ÉCLAIRAGE - VENEZUELA - Les partisans du président ont remporté l’intégralité des sièges du Parlement Le triomphe de Chavez pourrait hâter sa « révolution socialiste »

Le triomphe total du président vénézuélien Hugo Chavez, dont les partisans ont remporté dimanche l’intégralité des sièges au Parlement – les législatives ayant été boycottées par l’opposition –, pourrait l’inciter à hâter sa « révolution socialiste », estiment les observateurs qui s’interrogent sur les limites d’un succès par défaut. « Le fait de compter sur une majorité si écrasante à l’Assemblée nationale peut placer le pouvoir dans la tentation d’accélérer la révolution », indique Jose Antonio Gil Yepes, président de l’institut de sondage Datanalisis. La coalition emmenée par le parti du président, le Mouvement de la Ve République (MVR), contrôle désormais plus de la majorité des deux tiers requise pour pouvoir amender la Constitution, mais aussi approuver les lois organiques ou nommer les hauts fonctionnaires du pays. Cette domination absolue permet en théorie à l’homme fort de Caracas d’imposer son modèle socialiste qui rend « excessive la propriété de l’État sur les moyens de production et minimise exagérément la propriété privée », selon M. Gil Yepes. Toutefois, l’expert souligne qu’une radicalisation pourrait produire au-delà de l’opposition « des réactions fortes et véhémentes » dans de nombreux secteurs de la société, tels que l’Église, les chefs d’entreprise, les syndicats non gouvernementaux, les militaires « non chavistes », sans compter la réaction des autres pays. « C’est précisément ce que le président (...) a évité, menant le processus révolutionnaire pas à pas », souligne-t-il, en observant que le camp de M. Chavez est divisé entre des partisans « moins démocratiques » et « d’autres plus tolérants ». « La radicalisation peut menacer l’unité interne du pouvoir », insiste-t-il. Le député réélu Calixto Ortega, un modéré du MVR issu des rangs démocrates-chrétiens, rappelle que l’objectif principal de la « révolution bolivarienne » lancée par le président Chavez, après son élection en 1998, était de « donner la priorité au social ». La dernière enquête de Datanalisis, en octobre, révèle que le gouvernement recueille une opinion négative de 65 % pour la création d’emplois et de 80 % pour la sécurité. L’absence totale de voix contraires au Parlement constitue aussi paradoxalement un péril pour le gouvernement, alors que l’opposition a d’ores et déjà considéré que la représentation nationale était « illégitime » à l’issue d’un scrutin marqué par une abstention évaluée à 75 % selon les derniers chiffres officiels, et à 80 % par l’institut Datanalisis. Le ministre des Affaires étrangères, Ali Rodriguez, a estimé que la désaffection des électeurs n’ôtait pas sa légitimité au scrutin, invoquant la forte abstention qui caractérise les pays riches « où la démocratie est installée ». Pour pallier l’absence de l’opposition des bancs du Parlement, le président de l’Assemblée nationale sortante, Nicolas Maduro (MVR), s’est prononcé en faveur d’un « parlementarisme de rue ». « Nous nous baserons sur une consultation publique intense. On va consulter le citoyen où il est, qu’importe l’endroit », avant la rédaction de nouvelles lois, a-t-il assuré. Pour M. Gil Yepes, la désertion de l’opposition nécessite une participation citoyenne « plus efficace ». « Le gouvernement, s’il n’a personne pour débattre des lois au Congrès, devra le faire avec les comités de quartiers », confirme l’expert, estimant qu’il s’agit là d’une condition pour « maintenir un halo de légitimité ». Rafael NOBOA (AFP)
Le triomphe total du président vénézuélien Hugo Chavez, dont les partisans ont remporté dimanche l’intégralité des sièges au Parlement – les législatives ayant été boycottées par l’opposition –, pourrait l’inciter à hâter sa « révolution socialiste », estiment les observateurs qui s’interrogent sur les limites d’un succès par défaut.
« Le fait de compter sur une...