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Actualités - CHRONOLOGIE

FESTIVAL DU CINÉMA EUROPÉEN - « Al-Jiha al-Khamisa », de Sobhi Saifeddine, dimanche 4 décembre à l’Empire-Sofil Quand le cinéma se fait acte de résistance

Sobhi Saifeddine pourrait être le premier résistant. En 1982, lorsque les avions israéliens s’acharnent avec une sauvagerie sans pareille sur Beyrouth, il décide de prendre non pas les armes, mais plutôt sa caméra. Il réalise alors un long-métrage intitulé « Al-Jiha al-Khamisa » (La cinquième direction), inspiré des événements qui tiraillaient son pays. Ce film, qui en 1983 a fait 500 000 entrées (un véritable record pour ces temps-là !), sera projeté, en présence du réalisateur, le dimanche 4 décembre, à 17h30, dans le cadre du Festival du cinéma européen à l’Empire-Sofil. Un des vétérans du cinéma libanais, Sobhi Saifeddine, est aujourd’hui le secrétaire général du Syndicat des artistes de cinéma et président de la Fédération des techniciens. Il possède à son actif une bonne douzaine de longs-métrages qu’il conserve précieusement dans ses archives. Sa première œuvre, intitulée Kossat Hayat Melhem Kassem (1974), raconte l’histoire d’un héros sous l’occupation ottomane. L’injustice, la libération, le don de soi, le combat pour une terre, autant de thèmes qui reviendront dans Al-Jiha al-Khamisa. Pour le réalisateur, la «cinquième dimension», c’est le Liban-Sud. «C’est le lieu où la résistance contre l’occupation israélienne est née.» Saifeddine se souvient des conditions qui ont régné sur le tournage. De la peur qui lui restait accrochée à l’estomac lorsque les acteurs ou les membres de l’équipe se trouvaient bloqués quelque part à cause des bombardements. «Nous étions obligés de filmer la plupart des scènes dans la Békaa.» L’accès aux différentes régions libanaises étant périlleuse sinon impossible pour les civils. «Souvent, pour les allers-retours à Beyrouth, nous avons d’ailleurs dû emprunter la voie réservée aux militaires.» Pour développer le film, Saifeddine a également fait acte de résistance. Il a confié l’affaire à un ami dont le studio était en plein chantier après qu’il eut été la cible des feux ennemis. « Je refusais d’envoyer les pellicules à l’étranger. Il fallait que cette œuvre soit made in Lebanon de A à Z. Comme tous les films de l’époque.» Le cinéaste n’est pas complètement satisfait de cette œuvre. «Mais même avec des scènes brûlées, des pellicules perdues ou des conditions de travail extrêmes, cette œuvre est de bonne qualité si on la compare aux films d’aujourd’hui, affirme-t-il. Nous, les vétérans du 7e art libanais, avons peiné pour produire des films avec de l’argent libanais. Aujourd’hui, ces jeunes réalisateurs vous font des documentaires ou des films avec des dons de l’étranger, sans aucune considération pour les mœurs et coutumes libanaises. Cela ne m’intéresse pas de montrer les seins d’une fille ou les fesses d’un homme. Au contraire, il nous faut montrer la beauté de notre pays, la magnificence de ses paysages, la grandeur des sentiments de ses habitants.» Saifeddine déplore également la vacuité des histoires mises en boîte. «Elles n’ajoutent en rien à nos connaissances et elles n’ont aucune utilité.» Ce dimanche, après la projection de son film, Sobhi Saifeddine rencontrera le public. Il a déjà préparé les grandes lignes de son intervention. Il voudrait dire aux jeunes cinéastes de ne pas avoir la grosse tête. De garder les pieds sur terre, sur cette terre qui s’appelle le Liban, et d’en tirer le meilleur pour oublier le pire. De connaître l’autre, de dialoguer avec sa culture pour qu’il comprenne mieux la nôtre. Le cinéma, dans ce cas, se fait acte de résistance. Contre les discours creux. Maya GHANDOUR HERT * Avec Ahmad el-Zein, Samir Chamas, Ali el-Zein et Souheil Salhani.
Sobhi Saifeddine pourrait être le premier résistant. En 1982, lorsque les avions israéliens s’acharnent avec une sauvagerie sans pareille sur Beyrouth, il décide de prendre non pas les armes, mais plutôt sa caméra. Il réalise alors un long-métrage intitulé « Al-Jiha al-Khamisa » (La cinquième direction), inspiré des événements qui tiraillaient son pays. Ce film, qui en 1983 a...