La liste du Hamas pour les législatives est prête, incertitudes sur la tenue des élections Les Brigades d’al-Aqsa réclament manu militari la reprise des primaires du Fateh

Des dizaines d’activistes armés des Brigades des martyrs d’al-Aqsa ont envahi hier le bâtiment abritant les ministères palestiniens de l’Intérieur et des Finances à Gaza pour réclamer la poursuite des primaires du Fateh. Ces primaires, sans précédent au sein du principal courant palestinien, ont pour objet de désigner les candidats du Fateh aux élections législatives du 25 janvier. Mais en raison de fraudes massives et de violences, le président palestinien Mahmoud Abbas a ordonné mardi leur interruption. « Les élections ne se poursuivront pas dans les circonscriptions où les urnes avaient été détruites, mais seulement dans celles où elles avaient été reportées, comme Rafah, Hébron, Salfit et Tulkarem », en Cisjordanie, a déclaré hier le ministre de l’Information, Nabil Chaath, qui est aussi membre du comité central du Fateh. Un haut responsable du Fateh parlant sous couvert d’anonymat a, pour sa part, affirmé que le leader palestinien Mahmoud Abbas avait décidé de ne pas organiser de nouvelles primaires dans l’ensemble de la bande de Gaza et que les candidats aux législatives y seront désignés par la direction palestinienne. Un autre responsable du Fateh, Hicham Abdelrazzak, a affirmé que même la tenue des primaires dans la seule ville de Rafah devait encore être examinée par le comité central. Munis de kalachnikovs et de lance-roquettes, les militants des Brigades des martyrs d’al-Aqsa ont dénoncé le « terrible échec » du processus de désignation des candidats du mouvement, mais ont réclamé qu’il se poursuive. « C’est la base du Fateh qui doit décider par qui elle veut être représentée au Parlement. Nous sommes opposés aux nominations », ont-ils affirmé dans un communiqué distribué lors de leur occupation, qui s’est déroulée sans qu’un coup de feu soit tiré. C’est sous la pression de sa « jeune garde », désireuse de faire le ménage parmi les caciques, que le principal mouvement palestinien a eu recours, pour la première fois, à des primaires pour désigner ses 132 candidats au Conseil législatif parmi un millier de prétendants. Du temps de Yasser Arafat, la direction du Fateh nommait les candidats. Cette fois, le choix était censé revenir aux 463 000 militants du parti – chiffre officiel, jugé un peu gonflé par les observateurs. Mais le déroulement chaotique des primaires du Fateh fait planer des incertitudes sur la capacité de Abbas à organiser à la date prévue des législatives où le Fateh se mesurera pour la première fois au groupe intégriste Hamas, son principal rival politique. Ce mouvement a annoncé hier avoir arrêté sa liste des candidats pour les élections de janvier, et qu’elle comprenait un certain nombre de ses chefs politiques ainsi que des femmes. « Il est encore trop tôt pour annoncer les noms », a cependant déclaré le porte-parole du mouvement, Sami Abou Zouhri. En Cisjordanie, où les primaires ont pu se dérouler vendredi dernier dans la plupart des villes en dépit d’irrégularités diverses, la « nouvelle garde » du Fateh a fait une percée spectaculaire au détriment des caciques du mouvement. À Gaza, les opérations de vote ont été interrompues lundi en raison de fraudes massives et de la fermeture de force de certains bureaux par des militants armés de la base, dont des activistes des Brigades, se plaignant de l’absence sur les listes des noms de milliers de militants.