Journée mondiale du sida - Répression en Chine, « marche pour la vie » en Inde Mobilisation planétaire contre « une menace exceptionnelle »

Des séropositifs empêchés de pétitionner en Chine, une « marche pour la vie » de près de 7 000 kilomètres à travers l’Inde, des chiffres inquiétants sur l’explosion des cas : la Journée mondiale de la lutte contre le sida a oscillé hier entre espoir et inquiétudes. Néanmoins, les acteurs de la mobilisation planétaire ont à nouveau tiré la sonnette d’alarme, pour inciter particuliers, gouvernements et donateurs à tenir leurs promesses financières face à une « menace exceptionnelle ». La pandémie a déjà tué plus de 25 millions de personnes, dont plus de 3 millions en 2005. 40 millions de personnes au moins sont infectées. Autant dire que le message de la Journée mondiale « Stop sida, tenir les promesses » résonne sombrement. Partout dans le monde, gestes symboliques ou actions de protestation ont jalonné cette journée, tandis que les médias accordaient une place importante au sujet. « Nous pouvons soit accepter que les efforts mondiaux n’arrivent pas à suivre le rythme de la croissance des infections et des morts... soit reconnaître la menace mondiale exceptionnelle et adopter une réponse également exceptionnelle », a lancé le directeur de l’Onusida, Peter Piot, depuis l’Indonésie. Consciente que les moyens manquent, l’Australie a offert une aide de 7,4 millions de dollars à l’Inde. 5,1 millions de séropositifs y vivent, ce qui la classe en 2e position, derrière l’Afrique du Sud. Un groupe de 30 séropositifs sont arrivés hier à New Delhi après avoir parcouru durant un an 6 800 km à travers 13 États du pays. Leur « marche pour la vie » était destinée à sensibiliser le milliard d’Indiens. En Chine, l’espoir laissait la place à la répression. Au moins 2 séropositifs, venus à Pékin pour présenter une pétition, ont été renvoyés de force chez eux. Les 2 malades faisaient partie d’un groupe de 30 à 40 séropositifs contaminés à la suite de transfusions sanguines. En outre, le ruban rouge, qui ornait hier la page d’accueil du moteur de recherche Google sur Internet, était partout : à Berlin, où le symbole de la lutte antisida était distribué dans le tramway, mais aussi en France où un ruban géant était déployé sur la façade de plusieurs bâtiments. L’Unesco et l’association Dessine l’espoir ont lancé le projet « Artists for Life », qui réunit 30 artistes. Leurs œuvres conçues autour du message I Love You Positive or Negative feront l’objet d’une exposition itinérante dans le monde. En Italie, une campagne de pub choc a été lancée par l’association Alfaomega, avec une affiche représentant un corps féminin nu vu de dos dont les lignes corporelles forment une croix noire. Parfois, le spectaculaire devient plus douteux : ainsi, la Russie a annoncé qu’elle organiserait prochainement un concours de beauté pour femmes séropositives.