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Une semaine lumineuse avec la sortie de « Bosta » : un vent de fraîcheur et de nouveauté signé Philippe Aractingi Les sorties de la semaine

Bosta, de Philippe Aractingi Le cinéma libanais est depuis quelques années en pleine effervescence. Reconnus ici comme à l’étranger par le public et les professionnels du 7e art, les cinéastes locaux acquièrent doucement mais sûrement une notoriété internationale. Cependant, les sujets traités prêtent à discussions. Il est vrai que la plupart des longs-métrages libanais parlent de guerre, de souffrance, de blessures. Des thèmes qui font évidemment écho à l’histoire du pays, à sa population. Mais celle-ci ne se limite pas qu’à cette page noire. Loin de là. Voilà précisément pourquoi Philippe Aractingi a voulu présenter dans son film un autre aspect du Liban : un Liban joyeux, chaleureux et surtout vivant. Rencontre avec le cinéaste. Road-movie musical à travers le Liban, Bosta met en scène une troupe de danseurs qui décident de revisiter la «dabké» traditionnelle et de faire découvrir ce nouveau genre au peuple. Le cinéaste s’explique: «Je voulais faire un film qui raconte la vie. J’avais envie de raconter une histoire légère, d’oublier la guerre que j’avais trop souvent filmée. En revenant au Liban, après plusieurs années d’absence, j’ai en effet découvert un pays qui grouillait de vie.» Cette profusion de joie et de gaieté habite intensément Bosta, que ce soit à travers les couleurs fortes des costumes, des décors, ou à travers la musique même du film qui mélange la techno à la dabké. Deux genres musicaux si différents, qui se marient pourtant parfaitement. Une contradiction qui nous renvoie encore une fois au peuple libanais, aux personnages de Aractingi qui, malgré leur apparente gaieté, cachent de vieilles blessures, de profondes tristesses, celles de la guerre. Si Bosta n’est pas un film sur la guerre, celle-ci le hante sournoisement. Pour reprendre les mots du cinéaste, le film raconte la «reconstruction des âmes». C’est l’histoire de quelques amis d’enfance qui se retrouvent pour rattrapper le temps perdu. En embarquant dans ce bus, les jeunes font inconsciemment face à leur passé, ils construisent le puzzle de leur vie. «Bosta est un film entièrement sur la mémoire, à la fois sensitive et corporelle. Les personnages se réconcilient avec les blessures d’antan. Il y a une évolution de réconciliations multiples qui se fait à travers des tableaux qui paraissent anodins mais qui sont nécessaires : chaque tableau est une étape! Chaque ville et village qu’ils traversent sont des lieux de passage. Lentement, ils retrouvent les sensations d’hier, ils partent à la découverte d’une mémoire, d’un héritage qu’ils ont longtemps délaissé... ils partent pour mieux se retrouver. Pour mieux reconstruire leur présent.» Des thèmes forts et importants donc, mais qui n’écrasent à aucun moment le récit. Voilà précisément pourquoi le réalisateur a choisi la comédie musicale, pour être plus exact le «talking musical». Il permet d’insuffler un vent léger et chaud, empêchant ainsi les spectateurs de se sentir oppressés. Le mélange entre narration et parties dansantes et musicales est d’ailleurs extrêmement bien dosé. Sans tomber dans le film bollywoodien qui étire ses parties musicales au détriment de la narration, Aractingi associe harmonieusement les deux. Le tout évolue de manière très fluide, soutenu par un rythme qui ne désemplit pas. Les personnages voguent donc entre ces deux mondes. Ils tombent, se relèvent, sourient, pleurent, mais ils sont malgré tout unis intrinsèquement. Leur lien : le bus, peut-être le personnage le plus important de l’histoire. «C’est un moyen de traverser les régions, c’est un véhicule qui permet de nous amener vers toutes les identités libanaises pour parler de l’identité unique, celle du Liban... c’est une métaphore pour parler de la reconstruction; le bus est le symbole de notre plaie commune, celle du commencement de la guerre. Une image pour dire que les terres brûlées sont parfois plus fertiles. Ma “bosta” n’est plus celle de la guerre, elle est celle d’une génération qui a choisi le renouveau», continue le cinéaste. Le bus est donc le remède ultime. En le peignant, les personnages cicatrisent leur blessure, ils recommencent une nouvelle histoire, ils utilisent leur souffrance pour se redresser et marcher encore plus loin, encore plus vite. Mais cette renaissance n’est possible que s’ils affrontent la plage blanche, la terre brûlée. «C’est précisément pour ça que les gens quittent le Liban, ils fuient car ils n’ont pas envie de confronter leur passé. Celui-ci est trop sombre, trop dur. Ils n’ont pas non plus d’exemples pour se référer. Notre passé nous renvoie à nos pères. Des hommes courageux qui ont fait de leur mieux pour survivre. À nous aujourd’hui de reconstruire ce que la guerre a fauché. Nous sommes donc face à un vide. S’il peut être effrayant, car vu comme le néant, il peut aussi être réconfortant, car vu comme la page blanche; l’espace où tout peut résider. Et c’est dans cet espace que je tente de trouver une solution.» Foncièrement optimiste, la jeunesse de Aractingi voit le verre à moitié plein et non à moitié vide, et cette philosophie de la vie, défendue par une troupe d’acteurs de qualité, ne peut que nous toucher et nous émouvoir. Le film est un hymne au Liban, aux Libanais, aux jeunes qui, malgré le poids d’un sombre passé, continuent, persistent et s’obstinent à toujours aller de l’avant, à «être eux-mêmes» (pour reprendre les paroles de la chanson qui clôture le film), à choisir la joie, la danse, la vie. Le spectacle est donc total, aussi bien dans le fond que dans la forme, dans le visuel, le sensoriel que dans le style. Philippe Aractingi remplit nos cœurs d’une pluie d’émotions intenses. Il réussit le pari de divertir le spectateur, de lui offrir des paillettes de couleurs légères et réjouissantes, mais des paillettes néanmoins dispersées par des mains habiles, intelligentes. Concorde, Abraj, Zouk Just Like Heaven, de Mark Waters Just Like Heaven est l’adaptation cinématographique du roman Et si c’était vrai de Marc Lévy, publié en 2000 et traduit dans plus de trente langues : alors que David s’installe dans l’appartement qu’il vient de louer, il se trouve nez à nez avec une jeune femme, Elizabeth, transparente aux yeux du monde, mais que lui seul peut voir. Bien qu’il n’est pas vraiment recommandé de comparer une œuvre littéraire à son adaptation cinématographique, chacun appartenant à un médium bien distinct, la tentation est trop grande. Amoureux du livre, ne vous attendez pas à une adaptation fidèle. L’esprit est certes intact, mais le scénario présente quelques changements. Résultat, moins de profondeur et de poésie pour plus de légèreté. Just Like Heaven est avant tout une comédie romantique avec tout ce que cela implique. Ainsi, Mark Waters choisit de mettre l’accent sur l’humour, la bluette et le happy-end. Si le film déballe sans complexe les poncifs du genre, il le fait bien, rendant l’histoire vraiment agréable. Côté acteurs, l’alchimie passe incontestablement entre Reese Witherspoon et Mark Ruffalo. Le duo semble en effet prendre un réel plaisir à se donner la réplique et à badiner avec l’amour. Tout aussi attachants que l’histoire, ils nous emmènent dans un monde peut-être moins poétique que le roman, mais toujours dépaysant. Kaslik, Freeway, Circuit Empire-sauf Sofil The Exorcism of Emily Rose, de Scott Derrickson Le film s’inspire d’un fait réel qui a glacé les habitants de la Bavière en 1976, lorsque la jeune Anneliese Michel décéda à la suite d’une séance d’exorcisme. Le cinéaste Scott Derrickson, bien conscient de la fascination générale du public autour du mystère des forces du mal, s’inspire donc de cette histoire en la transposant dans un contexte actuel. La jeune fille est alors baptisée Emily Rose et vit dans un petit patelin des États-Unis. Le titre prête pourtant à confusion. Certes, il s’agit bien là d’une histoire d’exorcisme, de démons et de religions, mais Derrickson se détache diamétralement de The Exorcist. Si l’actrice Jennifer Carpenter nous fait une très bonne imitation de Linda Blair, le réalisateur ne cherche pas à multiplier les scènes d’horreur. L’idée étant plutôt de se concentrer sur le procès, celui du père Moore, accusé d’homicide par négligence. Construit autour de flash-back, The Exorcism of Emily Rose maintient du début à la fin une tension indéniable, en mettant l’accent sur des questions et des sujets de taille: accuser le père, c’est ne pas croire en Dieu, le disculper, c’est croire en Dieu. Où donc se situe l’objectivité et la justice par rapport à ça? Porté par de très bons acteurs, dont Jennifer Carpenter, Laura Linney et Tom Wilkinson, le film parvient à créer le doute chez le spectateur ainsi qu’à bousculer ses convictions. Espace, Freeway, Circuit Empire- sauf Sofil et St-Élie Sorties prévues pour le jeudi 8/12 (sous réserves) : – Broken Flowers, de Jim Jarmusch, avec Bill Murray, Jessica Lange, Sharon Stone, Tilda Swinton, Frances Conroy et Jeffrey Wright. – Red Eye, de Wes Craven, avec Rachel McAdams et Cillian Murphy.

Bosta, de Philippe Aractingi

Le cinéma libanais est depuis quelques années en pleine effervescence. Reconnus ici comme à l’étranger par le public et les professionnels du 7e art, les cinéastes locaux acquièrent doucement mais sûrement une notoriété internationale. Cependant, les sujets traités prêtent à discussions. Il est vrai que la plupart des longs-métrages libanais...