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L’institution représente une cible idéale pour les attaques des rebelles Le théâtre national de Bagdad revit, pour transmettre la culture aux enfants

Acteurs, dramaturges et intellectuels se pressent au théâtre national de Bagdad, où ils tentent tant bien que mal de préserver la culture et de la transmettre aux enfants dans un pays ravagé par la violence. « La mort est désormais liée à notre quotidien. Nous devons profiter de ce drame et en tirer des leçons. Nous ne voulons pas que notre avenir soit semblable à la pièce de Samuel Beckett En attendant Godot », dit Abbas al-Khafaji, responsable du théâtre pour enfants. « Nous avons choisi le théâtre pour enfants car ils représentent l’avenir, et nous devons leur donner autre chose que les armes, la guerre et la politique », ajoute-t-il. L’actrice Shahrazad Chaker explique que ses collègues vont tenter de se rendre dans toutes les écoles « pour amener la joie aux enfants et leur donner un peu d’espoir ». Les pièces seront présentées dans les écoles de Bagdad, car il est trop dangereux d’emmener les enfants au théâtre. Pillé après la chute de Saddam Hussein en 2003, le théâtre a été rénové et son bâtiment blanc se dresse flambant neuf sur une grande place de la capitale. Mais cette institution culturelle représente aussi une cible idéale pour les attaques des rebelles. Il y a quelques mois encore, deux voitures piégées, dont l’une conduite par un kamikaze, ont explosé à proximité du bâtiment, faisant des victimes. Dans la pièce La princesse Rose et le secret du collier, le metteur en scène Hussein Ali Saleh parle de la guerre. « Notre but est de faire plaisir aux enfants, mais nous ne pouvons pas ignorer la situation du pays. Nous utilisons les scènes de violence et d’effusion de sang d’une façon comique », note-t-il. Les auteurs des violences dans la pièce sont des personnages faibles et non pas des héros. Les acteurs, qui défient la mort tous les matins pour venir au théâtre, répètent en petits groupes. S’ils n’ont plus les fonds dont ils profitaient sous Saddam Hussein, les acteurs ont aujourd’hui la liberté de jouer les pièces qu’ils choisissent. À l’époque où le chef tout-puissant de l’Irak contrôlait encore le pays, le théâtre se limitait aux comédies bouffonnes et aux épopées patriotiques. Cela n’est plus le cas. Au théâtre al-Rachid, partiellement incendié après la chute du régime et totalement pillé, la dramaturge Amjad Taliaa fait revivre la tradition des pièces politiques, interdites par l’ancien dictateur. Ainsi, la pièce Le faiseur de souhaits s’ouvre sur une femme habillée de noir et entourée de stèles. Elle pleure son fils. Au fur et à mesure que la pièce se déroule, les stèles se multiplient sur scène, alors que les rêves des personnages sont déçus. « C’est un drame noir, où les espoirs des acteurs s’évanouissent avec chaque voiture piégée, explique M. Taliaa. Le pays se transforme en un grand cimetière, et des prisons sont construites pour y enterrer les espoirs de la population. »

Acteurs, dramaturges et intellectuels se pressent au théâtre national de Bagdad, où ils tentent tant bien que mal de préserver la culture et de la transmettre aux enfants dans un pays ravagé par la violence. « La mort est désormais liée à notre quotidien. Nous devons profiter de ce drame et en tirer des leçons. Nous ne voulons pas que notre avenir soit semblable à la pièce de Samuel...