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Actualités - CHRONOLOGIE

EXPOSITION - «Le monde végétal et digital» en photos, à la galerie Épreuve d’artiste Antoine Poupel rencontre… ses acolytes

« La photographie est une si belle chose qu’il ne faut pas trop le dire », prévenait déjà au XIXe siècle le peintre Ingres. Longtemps maintenue au niveau de la technique ou au mieux de l’artisanat, la photographie est aujourd’hui consacrée comme œuvre d’art à part entière. Artiste, créateur, le photographe n’est plus tenu de donner une image exacte de la réalité. Il introduit désormais dans son travail sa subjectivité et son imaginaire. C’est cette évolution des techniques classiques vers les créations les plus innovatrices que met en lumière l’exposition « Le monde végétal et digital » qui rassemble, à la galerie Épreuve d’artiste (Saifi Village, Quartier des Arts), jusqu’au 10 décembre, les œuvres de six photographes libanais et étrangers autour de celles d’un invité de marque, le photographe français Antoine Poupel, connu notamment pour ses séries sur le cirque équestre Zingaro et le show du Crazy-Horse. Capter les proies difficiles de l’éclairage, du mouvement et du hasard n’est pas qu’une affaire de déclic. Il y a tout un processus mental, tout un cheminement de la pensée, qui est derrière ce geste – de moins en moins – instantané. L’acte photographique est donc affaire de regard. Mais aussi jeu de techniques et d’inventivité. Un constat étayé par les tableaux photographiques aux langages et aux styles différents, accrochés sur les cimaises de cette exposition. Il y a ceux, comme Chris Poole (premier secrétaire à l’ambassade de Grande-Bretagne et photographe amateur), qui utilisent le bon vieil appareil traditionnel, « garant d’une certaine qualité et d’une quasi-pérennité de l’impression sur papier », pour capturer des paysages réels et leur donner par le noir et blanc – obtenu par film à infrarouge qui intervertit les couleurs (le bleu devient noir, le vert blanc et le ciel plus sombre…) – une dimension irréelle, onirique et poétique. Il y a d’autres qui jouent avec les angles de prise de vues et les objectifs pour capter, sans aucune retouche, la beauté de la nature (la série des Pampres d’automne de Rudy Bou Chebel) tout en la sublimant, la transformant, allant même jusqu’à créer des illusions d’optique. Ainsi, par simple gros plan sur une pétale d’iris, Lola Clayes Bouaert obtient, sans aucune tricherie, des effets de peau de léopard. Tirages superposés D’autres encore, comme Jean Merhi, s’amusent à superposer les tirages sur papier et sur vitre pour réaliser, toujours sans aucune intervention de l’ordinateur, des portraits photographiques d’un esthétisme recherché et à effet mouvant suivant l’angle de vue. Langage plastique, l’acte photographique s’intellectualise parfois à outrance, pour devenir, comme chez Amir Berbic, graphic-designer bosniaque, vecteur d’une pensée, d’un message. Sa série de quatre tirages retravaillés sur ordinateur développe ainsi, à partir de la mise en scène d’un pot de fleur et d’élément divers, les thèmes de la nostalgie, du bonheur, des préoccupations environnementales et de la folie, sans aucune recherche technique. À l’opposé de Tarek Kamel qui, lui, privilégie dans ses compositions graphiques exclusivement le numérique. Scannage et métissage de techniques À mi-chemin entre tous ces univers, Antoine Poupel règne en maître de l’expérimentation photographique. Une formation de peintre (diplôme national supérieur d’expression plastique), des bourses prestigieuses, notamment celle de l’Académie de France à Rome (villa Médicis), des expositions aux quatre coins de la planète et des œuvres achetées par des collections publiques (le Fonds national d’art contemporain, le Musée d’art moderne de la ville de Paris, la Bibliothèque nationale et la Maison européenne de la photographie à Paris) auréolent le travail de ce photographe, également auteur de livres monographiques, d’un certain prestige. Photographe de l’érotisme, du cosmique et du mysticisme, Antoine Poupel compose, dans une série intitulée Histoires naturelles, des tableaux floraux et végétaux d’une grande sophistication. Utilisant les techniques métissées d’agrandissement et de superpositions d’images qu’il allie au scannage de l’élément central (fleur ou partie du corps humain), il s’amuse à recomposer le réel, à « cloner en image », tout en la rendant autre, en jouant les variations, la nature. L’objectif sensible du photographe devient là élément de réflexion… Une exposition qui suit les traces des petites énigmes disséminées parmi la réalité nue. À découvrir. Zéna ZALZAL
« La photographie est une si belle chose qu’il ne faut pas trop le dire », prévenait déjà au XIXe siècle le peintre Ingres. Longtemps maintenue au niveau de la technique ou au mieux de l’artisanat, la photographie est aujourd’hui consacrée comme œuvre d’art à part entière. Artiste, créateur, le photographe n’est plus tenu de donner une image exacte de la réalité. Il...