Diffusion sur al-Jazira d’une vidéo des quatre otages occidentaux enlevés Un groupe inconnu menace de tuer une Allemande kidnappée vendredi à Ninive

Une Allemande a été enlevée en Irak, devenant le cinquième ressortissant occidental à disparaître en 24 heures dans ce pays, alors que deux Iraniennes enlevées lundi soir avec quatre de leurs compatriotes ont été libérées hier. La télévision publique allemande ARD a indiqué hier que son bureau à Bagdad avait reçu une cassette de revendication de l’enlèvement de l’Allemande Suzanne Osthoff, 43 ans, et de son chauffeur irakien dans la région de Ninive (Nord). Dans leur message vidéo, les ravisseurs demandent à l’Allemagne de cesser toute collaboration avec le gouvernement irakien et menacent de tuer leurs otages, affirme l’ARD. L’enlèvement a eu lieu vendredi, selon le ministère allemand des Affaires étrangères. Une photo rendue publique par la télévision montre deux personnes, un homme et une femme, agenouillés et les yeux bandés, entourés de trois hommes masqués. Suzanne Osthoff, une archéologue qui vit en Irak depuis dix ans, se serait convertie à l’islam et parle arabe couramment, selon les médias allemands. Elle aurait également une fille de 11 ans. Suzanne Osthoff avait déclaré, en octobre, au quotidien allemand Neue Osnabrücker Zeitung (NOZ) qu’elle avait reçu des « menaces d’enlèvement » cet été de la part d’un groupe proche du chef d’el-Qaëda en Irak, Abou Moussab al-Zarqaoui. Elle avait alors quitté Mossoul (Nord) pour être mise à l’abri par l’armée américaine dans la « zone verte » de Bagdad. La chancelière allemande, Angela Merkel, a lancé « un appel pressant » aux ravisseurs pour la délivrer « immédiatement » ainsi que son chauffeur. S’il était confirmé, cet enlèvement serait le premier concernant un ressortissant allemand depuis la chute de Saddam Hussein, en 2003. L’Allemagne, qui s’était opposée à la guerre en Irak, a toujours refusé d’envoyer ses officiers dans ce pays, mais participe à la formation de membres des forces de sécurité irakiennes dans les pays voisins. Par ailleurs, la télévision qatariote al-Jazira a diffusé hier une brève vidéo montrant ce qu’elle présente comme étant « quatre otages occidentaux » enlevés en Irak par un groupe inconnu se faisant appeler les « Brigades des épées du droit », qui les accuse d’être des « espions » pour le compte de Londres et Washington. Lundi, Ottawa, Londres et Washington avaient confirmé leur inquiétude sur la situation de quatre humanitaires (deux Canadiens, un Américain et un Britannique) travaillant pour l’ONG Christian Peacemaker Teams, qui n’ont plus donné de nouvelles depuis samedi en Irak. Lundi soir, ce sont six pèlerins iraniens, dont deux femmes, et deux Irakiens qui ont été enlevés par des inconnus armés au nord de Bagdad, a indiqué le centre de coordination militaire américano-irakien de Tikrit. Les deux Iraniennes et une Irakienne ont toutefois été relâchées hier par leurs ravisseurs dans la même région, a ensuite annoncé le centre. Par ailleurs, un dirigeant religieux sunnite de Falloujah a été assassiné hier par des inconnus armés. Cet assassinat est le dernier en date d’une longue série de meurtres de dirigeants sunnites de premier plan, à trois semaines des élections parlementaires du 15 décembre. Hier, le cheikh Ayad al-Ezzi, un des dirigeants de la principale coalition électorale sunnite et lui-même candidat aux élections, a été inhumé à Bagdad. Ezzi a été assassiné avec deux autres membres du Parti islamique à Abou Ghraib, à l’ouest de la capitale, par des inconnus. Côté américain, deux soldats ont été tués hier dans une attaque au nord de Bagdad, a indiqué l’armée dans un communiqué. Selon un bilan de l’AFP fondé sur les chiffres du Pentagone, 2 113 soldats américains et personnel assimilé militaire ont été tués depuis l’invasion de l’Irak en mars 2003. En soirée, le président américain George W. Bush a toutefois déclaré qu’un retrait immédiat des troupes d’Irak serait une « énorme » et « terrible » erreur.