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FESTIVAL DU CINÉMA EUROPÉEN - Ce soir, 22h30, Empire-Sofil, « Beirut al-Lika’» Borhane Alaouié réveille la mémoire de Beyrouth la violente

Tourné en 1981, le film de Bourhane Alaouié, « Beyrouth al-Lika’», n’a pas pris une seule ride. Projeté ce soir à l’Empire dans le cadre du Festival du cinéma européen, il ressuscite de vieux fantômes enfouis dans nos mémoires. N’est-ce pas la meilleure façon d’exorciser la guerre ? L’action a lieu dans les années 70. La guerre meurtrière déchire la capitale libanaise depuis déjà quelques années. Elle est partagée en deux. Cloisonnés, les quartiers sont de véritables bunkers pour des morts-vivants. Dans cette atmosphère lourde et pesante, Zeina et Haïdar, deux jeunes gens politisés mais non violents (la précision est de taille), aspirent à se retrouver après avoir été confinés dans leurs régions respectives. Elle, incarnée par Nadine Acoury, habite Achrafieh. Tandis que lui, que campe Haïthem el-Amine, vient du Sud. Amis depuis les bancs d’école sans jamais être réellement très liés, ils se sont souvenus l’un de l’autre, ont passé en revue leurs affinités communes et voudraient bien se rencontrer. La rencontre aura-t-elle lieu ? Le silence des mots Pas de bruit de balles ni de traces de sang. Le film de Borhane Alaouié, qui parle pourtant de guerre, mais aussi de vide et de déchirure, repose sur le dialogue et la force des mots. Un scénario signé Ahmed Baydoun, qui retrace par petites touches les guerres contenues en chacun de nous et la mémoire collective d’une ville assoupie. Ville séquestrée par une violence meurtrière, Beyrouth attend, immobile et impuissante, de se relever. Rien ne se passe durant ce temps qui s’égrène lentement. Le non-événement a pris le dessus sur l’action et les acteurs sont, eux aussi, en état d’attente. En sillonnant les routes de la capitale, le réalisateur, que Serge Daney a comparé, dans Libération, le quotidien français, à un topographe cinéaste, fait un véritable travail de mémoire. «Il n’y a pas de bilan de guerre, affirmait-il. Celle-ci ne sera terminée que lorsqu’elle sera jugée, ses crimes aussi». Et de poursuivre: «On ne peut pardonner tant qu’on ne sait pas.» Prononcés il y a quelques années par Borhane Alaouié, ces propos semblent aujourd’hui chargés d’une signification toute particulière. De Kfar Kassem au début des années 70, jusqu’à Khalass (son tout dernier film), en passant par Beyrouth al-Lika’ ou les Brigands, le réalisateur au travail cinématographique cohérent n’a cessé de militer pour une seule cause : retrouver l’âme d’un pays qui, un jour, a été maudite. Colette KHALAF
Tourné en 1981, le film de Bourhane Alaouié, « Beyrouth al-Lika’», n’a pas pris une seule ride. Projeté ce soir à l’Empire dans le cadre du Festival du cinéma européen, il ressuscite de vieux fantômes enfouis dans nos mémoires. N’est-ce pas la meilleure façon d’exorciser la guerre ?
L’action a lieu dans les années 70. La guerre meurtrière déchire la capitale libanaise...