Sélim Azar prône deux chemins pour la réforme

La vision de l’ancien magistrat Sélim Azar, qui a, entre autres, occupé un siège au Conseil constitutionnel, concernant la réforme de la justice, est différente de celle qui est le plus en vogue actuellement. Selon lui, toute réforme, y compris celle de la justice, doit nécessairement passer par l’un des deux chemins suivants. Le premier, long, suppose avec le temps la connaissance et la prise de conscience par le peuple de ses droits et devoirs. Les juges étant à l’image de la société, nous ne pouvons espérer une réforme de la justice sans révolution des mentalités. Au bout de ce processus de réforme, long mais irréversible, avec un peuple conscient de ses droits et devoirs, nous pouvons avoir de bons gouvernements en général et d’excellents magistrats sans entorse au fonctionnement de la justice. Un processus qui n’est pas de tout repos et qui nécessite du lourds sacrifices. L’exemple anglais est là pour témoigner de la violence de la réforme. Pour les plus pressés, le juge Azar offre un autre chemin pour la réforme, plus rapide, mais plus instable, et peut-être réversible. Il consiste en l’arrivée au pouvoir d’un leader honnête et capable, et d’une équipe tout aussi compétente et probe. Ces deux éléments réunis, une véritable réforme peut alors être envisagée. Mais attention, une continuité doit être assurée après le départ de ce leader et de son équipe. Sinon, une « rechute » est à craindre, du moment où les remparts n’existent pas encore, à savoir notamment la maturité du peuple. B.B.