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Actualités - CHRONOLOGIE

Les assassinats sous contrat sont un phénomène en augmentation La Bulgarie gangrenée par la criminalité et les guerres de gangs

Assassinat en plein jour à Sofia d’un richissime homme d’affaires, témoins introuvables, multiples chantiers d’hôtels en province pour recycler de l’argent sale sont plusieurs facettes de la criminalité en Bulgarie, dénoncée par l’Union européenne. « Nombre d’hôtels sont de l’argent légalisé », reconnaît Anguel Tikhonov, un ancien colonel de 50 ans devenu homme d’affaires prospère avec une série de boutiques d’alimentation près de Veliko Tarnovo, dans le centre du pays. À Arbanassi, charmant village d’altitude qui commence à attirer les touristes, il montre l’énorme « palace » blanc, chef-d’œuvre de mauvais goût que le dictateur communiste Todor Jivkov fit construire pour ses amis et aujourd’hui transformé en hôtel. Le secteur touristique de la mer Noire est aussi gangrené par la mafia et a été le théâtre d’assassinats spectaculaires. Au total, 155 meurtres liés au crime organisé ont été enregistrés officiellement depuis 2000. « La Bulgarie est une société malade », s’est ainsi écrié le nouveau ministre de l’Intérieur, Roumen Petkov, après le meurtre mystérieux, le 26 octobre, d’Emil Kulev, qui a ému tout le pays. Emil Kulev, ex-policier de 49 ans, enrichi rapidement, possédait la plus grande compagnie d’assurances bulgare, DZI, et la banque du même nom, et fut conseiller du président Gueorgui Parvanov. « Les assassinats sous contrat sont un phénomène bulgare, en augmentation », dont « le seul équivalent est la Russie », déclare Tikhomir Bezlov, expert au Center for the Study of Democracy. Le taux de criminalité ordinaire cependant est relativement bas (1 640 pour 100 000 habitants, contre 6 000 en Angleterre), notamment du fait de l’ « exportation » de jeunes faussaires de cartes bleues, vendeurs de drogue ou proxénètes. Après la fin du communisme en 1989 en Europe de l’Est, explique la politologue Boriana Dimitrova, il y a eu « accumulation de capitaux rouges » par d’anciens dirigeants et membres de services secrets, qui ont reçu des entreprises à privatiser ou des banques, vite mises en faillite sans sanctions. Selon les analystes, le phénomène a été aggravé par le limogeage massif de 17 000 policiers sur 60 000 après la chute du régime, ce qui a affaibli la police et fourni des hommes de main aux gangs. Et par l’embargo pétrolier contre la Serbie-et-Monténégro en 1992-1994 qui a engendré des milliards de dollars de contrebande dans la région. Dans la difficile lutte contre le crime organisé, la police n’est pas en cause, estime le nouveau maire de Sofia, Boïko Borissov, populaire pour ses dénonciations fracassantes de la corruption durant ses cinq ans comme numéro deux du ministère de l’Intérieur. Sous des photos aux côtés de chefs de la CIA, de Scotland Yard ou de « mon ami Nicolas Sarkozy », le ministre français de l’Intérieur, ce général de police vante les succès de ses anciens services, avec l’aide de policiers américains et ouest-européens.
Assassinat en plein jour à Sofia d’un richissime homme d’affaires, témoins introuvables, multiples chantiers d’hôtels en province pour recycler de l’argent sale sont plusieurs facettes de la criminalité en Bulgarie, dénoncée par l’Union européenne. « Nombre d’hôtels sont de l’argent légalisé », reconnaît Anguel Tikhonov, un ancien colonel de 50 ans devenu homme...