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THÉÂTRE « Le joueur d’échecs » de Stefan Zweig, au théâtre Monnot Un texte intense pour un sobre one-man-show

Pas d’échiquier, pas de pions et encore moins des joueurs. Une scène absolument nue, une chaise, un cendrier sur stand et un narrateur aux cheveux gominés, en costume beige clair et chemise bleu électrique. Pour remplir tout un espace vide balayé par les spots des projecteurs, un flot de mots. Des mots mettant une bonne littérature en vedette pour traduire un remarquable portrait d’un joueur d’échecs brossé en 1941 par l’écrivain autrichien Stefan Zweig dans l’une de ses dernières œuvres. Un texte adapté et interprété par André Salzet (déjà plus de 900 représentations !) et mis en scène par Yves Kerboul. En partenariat avec la Mission culturelle française au théâtre Monnot, donc, cet attachant portrait d’un personnage à la fois imbu de son art et vulnérable. Trame simple du propos, mais détails intenses pour conter et souligner la montée du suspense ainsi que les dédales labyrinthiques de toute vie. Sur le paquebot qui le conduit de New York au Brésil, le narrateur découvre la présence de Czentovic, un jeune champion mondial d’échecs. Inculte et suffisant, bête, mais astucieux et prudent, ce champion sera confronté à partager des parties d’échecs avec des amateurs, mais il aura du fil à retordre avec un passager qui le poussera jusqu’à ses derniers retranchements. Discret passager mystérieusement doué aux échecs, mais dont le passé douloureux avec la Gestapo le fait vivre entre tension, angoisse et folie. Confusion totale, guère loin de Stefan Zweig qui mit tristement fin à ses jours. C’est dans cette alternance de description minutieuse de personnages happés par leur occupation quotidienne et des tranches de vie qui se superposent que se déroule cette œuvre adroitement transportée sous les feux de la rampe. Une œuvre enserrée dans une mise en scène dépouillée et un one-man-show aux confins de l’austère, sans autre assistance qu’une diction et des accents de récitatifs impeccables. Procès du nazisme, mise en garde contre les manipulations de cerveau, suffisance et limites du monde des champions, autant de thèmes importants traités avec talent et subtilité par Zweig, et que le comédien André Salzet met parfois sur un ton monocorde et faussement détaché, en toute dextérité, en valeur. Une inquiétante plongée au plus profond de l’être humain, et nul n’ignore qu’il s’agit là aussi d’une œuvre allégorique où liberté, volonté et intelligence sont des biens inaliénables. Un texte intense sobrement servi. Edgar DAVIDIAN
Pas d’échiquier, pas de pions et encore moins des joueurs. Une scène absolument nue, une chaise, un cendrier sur stand et un narrateur aux cheveux gominés, en costume beige clair et chemise bleu électrique. Pour remplir tout un espace vide balayé par les spots des projecteurs, un flot de mots. Des mots mettant une bonne littérature en vedette pour traduire un remarquable portrait d’un...