Rechercher
Rechercher

Actualités

Un peu plus de... Une vie en deux mots

Dimanche dernier, Jeanne Moreau était l’invitée de Michel Drucker dans Vivement dimanche. Pour une actrice ayant tourné avec Truffaut, le titre de l’émission a probablement dû la faire sourire. Vers la fin de l’émission, Philippe Geluck a fait son portrait et a relevé avec pertinence que souvent, pour résumer la carrière de la belle Jeanne, on chantonnait l’air du Tourbillon qu’elle interprète dans Jules et Jim. Et là l’actrice s’est mise à rire. C’est vrai que l’on cantonne souvent des artistes à une phrase, un rôle, un film, une chanson. Jeanne Moreau, qui vient de sortir un CD de chansons et souvenirs, n’a pas seulement chanté « On s’est perdu de vue, on s’est reperdu de vue… » et donc seulement tourné dans le chef-d’œuvre de Truffaut. Mais Jeanne Moreau n’est pas la seule à connaître ce genre de « résumé réducteur ». Il est intéressant de voir comment nous, pauvres communs des mortels, on n’associe un artiste (chanteur, acteur, réalisateur et même écrivain) qu’à une de ses productions. Prenez Descartes par exemple, c’est « Je pense, donc je suis » et quoi d’autre aussi ? Shakespeare, vous diriez volontiers « To be or not be… ». Difficile donc de se démarquer par la suite avec quelque chose d’autre. Le poids est lourd à porter parfois. Anthony Perkins restera à vie Norman Bates. Il aura beau avoir tourné autre chose, il sera toujours le héros torturé de Psycho. Tellement scotché à ce rôle qu’il a même signé un Psycho numéro 3, petit navet que presque personne n’a vu. Idem pour Christopher Lee, éternel Dracula ou un autre Christopher, Reeves celui-là, inoubliable Superman. Mireille Darc, quant à elle, sera toujours associée à sa robe du Grand blond avec une chaussure noire. Pareil pour Jean-Claude Dubois, qui ne restera dans les mémoires que pour son rôle de Thierry La Fronde, ou pour Peter Fonda, qui verra Easy Rider lui coller à la peau pour le restant de ses jours. Parfois, ce n’est pas plus mal. Il y a un succès qui vous propulse et cela vous rend immortel ! D’autres réussites s’ensuivent mais rien d’aussi énorme. Vous y pensez vous aussi. Tino Rossi est devenu archicélèbre grâce à son légendaire Petit papa Noël plus que pour son Plus beau tango du monde… Allez en vrac, Béatrice Dalle restera l’héroïne de 37,2 le matin, Arletty n’aura dit que « Atmosphère, atmosphère, est-ce que j’ai une gueule d’atmosphère ? » dans Hôtel du Nord, Gabin sera inlassablement celui qui déclara à Michèle Morgan « T’as d’beaux yeux tu sais », De Caunes sera toujours associé à Canal Plus et Nulle Part Ailleurs, et les Bee Gees à Saturday Night Fever. Certains artistes essaieront toute leur vie de se séparer de ce « truc » qui leur colle à la peau. Quelques-uns réussiront à faire autre chose, d’autres n’y pourront rien. Romy Schneider a réussi à sortir de son rôle de Sissi, George Clooney de ER, ce qui n’est pas le cas de Linda Gray, devenue Sue Ellen… à vie ! Et poivrote de surcroît ! De nombreux artistes voient donc, malgré une longue carrière parsemée de beaux succès, leur vie se résumer en deux mots. Finalement, ce n’est pas bien grave, parce que ces deux mots on ne les oubliera jamais.
Dimanche dernier, Jeanne Moreau était l’invitée de Michel Drucker dans Vivement dimanche. Pour une actrice ayant tourné avec Truffaut, le titre de l’émission a probablement dû la faire sourire. Vers la fin de l’émission, Philippe Geluck a fait son portrait et a relevé avec pertinence que souvent, pour résumer la carrière de la belle Jeanne, on chantonnait l’air du Tourbillon...