Rechercher
Rechercher

Actualités - RENCONTRE

RENCONTRE - Des pinceaux à la cuisine asiatique Lucy Tutunjian, un tonique art de vivre

Elle a l’âge vénérable des grands-mères qui racontent des histoires, pas forcément sages, à ses grands enfants… Pas tout à fait Harold and Maud mais quelque chose dans le genre, foncièrement créatif et positif. Lucy Tutunjian cultive avec amour et dévotion l’art d’être grand-mère, mais avec une énergie et une tonicité décapantes et que bien de mornes jeunes, injustement blasés, envieraient… Un parcours glorieux, jalonné de plus de trente expositions de par le monde, allant des cimaises de New York à Montréal, en passant par le New Jersey, l’Égypte et bien de pays arabes. Sa dernière exposition à Emmagoss, un vrai bain de jouvence et un rire vengeur face à la morosité du quotidien, par ces temps de pseudo-chômage et de stagnation, est un vrai triomphe. Trente toiles des quarante exposées portent un point rouge, qui dit mieux ? Un succès surtout pour les fonds des écoles dont Lucy Tutunjian, depuis des lustres, dans un élan de générosité et d’entraide humanitaire, a fait son combat. Et l’on comprend dès lors que ce n’est guère un hasard si une phrase comme celle-là (dans ce monde tristement mercantile et matérialiste !) lui échappe naturellement : « Ce n’est pas l’argent qui rend heureux, mais c’est aider les autres, donner de la joie et du bonheur… » Une peinture d’une éclatante vitalité, d’une exubérante richesse « coloristique » et surtout d’une fraîcheur d’esprit à tout casser. Du figuratif au fauvisme, en passant par le naïf, Lucy Tutunjian décline une palette étourdissante où les couleurs et les lignes se marient avec virtuosité par le biais d’un pinceau aussi bien inspiré dans les portraits (famille, amis et étrangers) que les paysages, même les plus difficiles, comme une nature sous la neige. Musique et peinture sont indissociables Regards pétillants, sourire désarmant, jaquette BCBG orange électrique bordée d’un feston noir avec boutons dorés, cheveux courts en bataille, collier à boules en cuivre blanc et pierres brunes mates, bagues en lapis-lazuli, Lucy Tutunjian n’a jamais craint les couleurs vives, symboles de la joie et de la chaleur de vivre. Par-delà la femme peintre affirmée, quel est le vrai dada de Lucy Tutunjian, elle qu’on a applaudi récemment au Bustan dans une transcription à quatre mains pour clavier du Destin de Beethoven ? « Pour moi, la peinture et la musique sont indissociables. Chacune a son crescendo. J’aime autant Van Gogh, Picasso, Gauguin, Cézanne que Bach, Chopin, Moussorsgsky, Mozart et Beethoven. Tout cela remonte à mes dix-sept ans, quand j’étais au Caire. Mon oncle avait le sens du beau et était pétri d’un certain joyeux art de vivre : j’en ai été touchée… Pour la peinture, j’ai eu comme prof d’abord Godjamanian ensuite, c’est-à-dire vers les années 1964, Paul Guiragossian. Et c’est à dix-sept ans que j’ai fait mon premier portrait, celui de ma grand-mère... Quant à la musique, je travaille en musique ! Toujours du Mozart ou du jazz quand j’entame une toile ! La musique est tout pour moi et je ne saurais vivre sans elle car tout serait alors “dull” (comprendre morose, pour une traduction dans le texte !) Et qu’en est-il de cette session de cinquante femmes dans son jardin pour apprendre la cuisine ? Grand éclat de rire de Lucy Tutunjian, qui voulait probablement garder le secret sous la table. Par modestie. « Oui, dit-elle, j’avoue avoir le goût de la bonne cuisine. J’aime bien manger et bien servir ma famille. C’est le bon côté de la vie, le côté joyeux. Je suis spécialiste de la gastronomie asiatique et arménienne. D’ailleurs tout cela fera incessamment l’objet d’un livre de cuisine en anglais. Et pour ne plus rien cacher, parlons aussi de L’ikebana, l’art floral que j’ai appris lors de séjours au Japon ainsi qu’avec l’épouse de l’ambassadeur du Japon au Liban. Je ne conçois pas de voir une branche desséchée car la vie doit être toujours en fleurs. » Quelle est la source de bonheur et le secret de cette inépuisable énergie qui fait courir du pinceau aux fourneaux, en passant par les gammes au clavier et l’art de remplir les vases chez cette artiste ? « La joie de communiquer et d’offrir, souffle une dame assistant à l’entretien. Et d’ajouter : « Tenez, elle donnait l’impression d’avoir dix ans quand ses toiles se sont arrachées, c’était pour elle comme un cadeau de Noël. » Surprenante Lucy Tutunjian qui, par-delà sa gentillesse et son sens de la créativité, n’a pas fini d’étonner. Edgar DAVIDIAN
Elle a l’âge vénérable des grands-mères qui racontent des histoires, pas forcément sages, à ses grands enfants… Pas tout à fait Harold and Maud mais quelque chose dans le genre, foncièrement créatif et positif. Lucy Tutunjian cultive avec amour et dévotion l’art d’être grand-mère, mais avec une énergie et une tonicité décapantes et que bien de mornes jeunes, injustement...