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MAZOUT - Entrée en vigueur de la subvention de 3 000 livres Azour insiste sur la nécessité de mesures mieux ciblées

La décision du Conseil des ministres de subventionner le mazout à hauteur de 3 000 livres est entrée en vigueur hier, a annoncé le ministère de l’Énergie. Le prix du bidon est ainsi fixé à 13 800 livres tandis que les 20 litres de diesel sont à 14 300 livres. Pour le ministre des Finances, Jihad Azour, il s’agit du type même de mesure que le gouvernement devra mieux réfléchir à l’avenir, dans le cadre d’une stratégie de réforme de la politique économique et fiscale. Dans un entretien accordé à L’Orient-Le Jour, il explique en quoi cette décision – avec laquelle il se solidarise malgré tout – est inadaptée. Elle semble destinée à assister les Libanais les plus pauvres alors qu’en réalité, elle bénéficie surtout aux plus riches, gros consommateurs de mazout, dit-il en substance, soulignant que le plan de réformes en cours d’élaboration pour la conférence internationale d’aide au Liban visera justement à proposer des politiques mieux « ciblées ». Sans vouloir encore révéler le contenu du plan en préparation, le ministre des Finances insiste sur son caractère « global », refusant de le limiter à des mesures fiscales, dont certaines, comme l’augmentation du taux de la TVA ou de la taxe sur les taux d’intérêt, ont été dévoilées séparément dans la presse. « Le plan reposera sur plusieurs piliers (budgétaire, financier, économique, social, etc.), faute de quoi il sera bancal », insiste Jihad Azour. Un volet social important En ce qui concerne le volet social, le gouvernement travaille avec la Banque mondiale à l’élaboration d’une matrice de mesures destinées, d’une part, à mettre en place un « filet social » pour les plus fragiles et, d’autre part, à accroître l’efficacité des dépenses à caractère social. Jihad Azour donne l’exemple des dépenses en matière d’éducation, qui, tout en étant parmi les plus élevées de la région, sont très peu efficaces. « Au lieu de se concentrer sur le primaire, c’est-à-dire là où l’intervention de l’État peut diminuer l’échec scolaire, elles sont surtout allouées au secondaire. » Autre exemple de subvention inefficace, car mal adaptée : celles qui sont accordées aux planteurs de blé. Selon les statistiques, entre 1994 et 2004, la production est censée avoir augmenté de 14 000 à 70 000 tonnes, alors que la superficie cultivée a diminué. Soit cela signifie que la productivité a bondi, ce qui voudrait dire que les subventions ne sont pas justifiées, soit il y a des « fuites » dans le système, explique Jihad Azour. De fait, « au final, les agriculteurs ne perçoivent que 15 % de l’argent dépensé par l’État : c’est comme si on voulait arroser une plante avec un tuyau percé laissant s’échapper 85 % de l’eau ! » poursuit le ministre selon qui l’objectif doit être de faire parvenir 100 % de la dépense au destinataire réel. Ajustement primaire nécessaire mais pas suffisant Cela étant dit, le Liban ne fera pas l’économie d’un effort important d’ajustement des finances publiques destiné à diminuer le risque lié à l’endettement excessif de l’État. L’objectif doit être un ratio d’endettement par rapport au PIB de 110 à 120 %, dit le ministre. L’effort budgétaire proprement dit ne représentera qu’une partie (relativement moins importante que les autres) du programme d’ajustement qui doit aussi reposer sur une aide internationale substantielle et un programme de privatisations, voire une contribution des banques, précise Jihad Azour. Il ne souhaite pas pour l’instant chiffrer chacun de ces postes, tout en affirmant cependant qu’une « aide internationale est nécessaire sous forme de réduction du service de la dette et du stock de la dette ». Le ministre avance des ordres de grandeur uniquement pour l’ajustement budgétaire primaire, soulignant qu’il ne peut pas constituer une part trop grande de l’ajustement global, car « la variable de stabilisation risquerait alors d’écraser la variable croissance, également indispensable à la réussite de l’opération ». « Pour casser la dynamique de la dette, l’ajustement primaire doit être de l’ordre de quatre à cinq points de PIB, d’ici à 2010 », dit-il. Pour dégager cet excédent primaire, il n’y a que deux possibilités : augmenter les recettes ou diminuer les dépenses. « L’ampleur de la contribution fiscale (hausse des taxes) dépendra donc de notre capacité à réduire les dépenses, hors service de la dette », explique Jihad Azour. Il cite l’importance d’une réduction de la subvention publique de l’État au secteur de l’énergie qui représente un milliard de dollars, soit 4 % du PIB à elle seule. « Si nous réduisions ce poste de dépenses de 25 % par an, l’économie réalisée serait d’un point de PIB par an. Par comparaison, augmenter le taux de la TVA d’un point rapporterait environ 170 milliards de livres, soit 0,5 % de PIB. » Mais au-delà de leur impact financier direct, les mesures fiscales éventuelles répondent aussi à une logique économique et sociale. Ainsi, augmenter trop fortement la TVA pourrait avoir un impact sur la croissance. Quant à une hausse de la taxe sur les taux d’intérêts – bien qu’elle soit difficilement chiffrable en terme d’impact sur les revenus, car elle dépend de l’évolution des taux –, elle a un effet de justice fiscale, explique le ministre. Idem pour la taxation des plus-values immobilières, ajoute-t-il. Sibylle RIZK
La décision du Conseil des ministres de subventionner le mazout à hauteur de 3 000 livres est entrée en vigueur hier, a annoncé le ministère de l’Énergie. Le prix du bidon est ainsi fixé à 13 800 livres tandis que les 20 litres de diesel sont à 14 300 livres. Pour le ministre des Finances, Jihad Azour, il s’agit du type même de mesure que le gouvernement devra mieux réfléchir à...