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THÉÂTRE Une mise en scène libano-britannique, ce soir, demain et dimanche, rue Spears « L’histoire de la mort de Nagib Brax » racontée et jouée par des acteurs multinationaux

Comment un réalisateur anglais peut-il mettre en scène une pièce en arabe ? Ben Harrison sourit à cette question. « Heureusement que je ne suis pas seul dans cette entreprise. Il y a Hicham Jaber (NDLR : également auteur de la pièce) qui partage avec moi ces responsabilités. » Ce féru des planches, né à Londres, est membre de la compagnie écossaise Grid Iron, qui, il y a deux semaines, a donné une représentation intitulée Those Eyes, That Mouth (Ces yeux, cette bouche) dans le vieux bâtiment qui abritait les bureaux de la Sûreté générale, rue Spears. Lieu incongru ? Il s’agit en fait de la spécificité de cette compagnie qui choisit partout où elle va, et même dans son homeland, les sites les plus bizarres pour les transformer en scène de théâtre. En anglais, ils appellent cela le « Site Specific Theater » ou le « Location Theater ». Le metteur en scène, les acteurs et l’équipe technique adaptent le texte sur un site donné. Lors de la représentation, les acteurs et les spectateurs se déplacent ensemble dans le lieu investi, rompant avec la séparation traditionnelle entre la scène et la salle, et rejetant les contraintes spatiales des théâtres classiques. Mais Grid Iron a également profité de sa présence à Beyrouth – et c’était là son objectif premier – pour animer un workshop auquel participaient des jeunes talents libanais mais aussi venus de Syrie, de Jordanie, de Tunisie et de Palestine. Les acteurs ont appris à faire une immersion totale dans le monde des personnages de la pièce, à prendre l’habitude de jouer sur une scène qui tourne à 360 ° avec les spectateurs qui gravitent autour d’eux, à savoir moduler leur voix par rapport à la proximité de l’audience, à explorer l’humour sur scène, à collaborer avec des musiciens et à se représenter mentalement dans le cadre architectural du site. De ces dix jours de travail intensif est née une pièce de théâtre intitulée Ossat mot Nagib Brax (L’histoire de la mort de Nagib Brax). Hicham Jaber a écrit l’intrigue en quatre jours. Il rôdait, le soir, dans ce vieil immeuble des années trente, à la lumière d’une torche électrique. Du coup, l’histoire est teintée de suspense et parfumée à la terreur. « Comme il s’agissait d’un atelier de travail, j’ai laissé des vides dans le texte, pour donner une marge d’improvisation à l’équipe participante », indique le jeune metteur en scène libanais. Il précise que c’est la manière dont il procède généralement. L’auteur-réalisateur de Solo et de Pain arabe a « beaucoup appris » lors de ces ateliers. « On dit souvent que j’ai la grosse tête et que je préfère avoir le contrôle d’une œuvre, s’amuse-t-il. Mais je prouve là que je sais travailler en groupe dans une œuvre “collaborative”. » Pour juger du résultat, rendez-vous donc ce soir, demain samedi et dimanche, à 20h30, rue Spears. L’entrée est libre, mais il faut réserver sa place car chaque représentation peut accommoder 40 spectateurs seulement. Maya GHANDOUR HERT
Comment un réalisateur anglais peut-il mettre en scène une pièce en arabe ?
Ben Harrison sourit à cette question. « Heureusement que je ne suis pas seul dans cette entreprise. Il y a Hicham Jaber (NDLR : également auteur de la pièce) qui partage avec moi ces responsabilités. » Ce féru des planches, né à Londres, est membre de la compagnie écossaise Grid Iron, qui, il y a deux...