Nouvelle attaque contre un hôtel à Bagdad, un quartier résidentiel dévasté Carnage dans deux mosquées chiites en Irak : au moins 75 morts

Au moins 75 fidèles ont été tués et 90 blessés hier dans des attentats-suicide contre deux mosquées chiites, perpétrés au moment de la prière dans le nord-est de l’Irak, près de la frontière iranienne. Quelques heures plus tôt, deux attentats-suicide à la voiture piégée quasi simultanés, visant apparemment un hôtel habité par des étrangers, ont dévasté un quartier résidentiel du sud de Bagdad, tuant au moins six personnes, dont une femme et deux enfants. Selon le chef du conseil régional de la province de Diyala, Ibrahim Hassan al-Bajellane, 75 personnes ont été tuées et 90 blessées dans les attentats contre deux mosquées dans la localité de Khaneqin, située à la frontière iranienne, à 170 km au nord-est de Bagdad. Le directeur de l’hôpital de Khaneqin, Kameran Ahmed Mehdi, a précisé à l’AFP que 30 corps ont été tellement défigurés qu’il n’a pas encore été possible de les identifier. Il s’agit de l’une des attaques antichiites les plus sanglantes depuis la fin des opérations majeures en Irak le 1er mai 2003. Les deux kamikazes se sont fait exploser dans deux mosquées chiites fréquentées par des Kurdes chiites appelés Faylis. Un des témoins a indiqué « qu’ils se sont mêlés aux fidèles et ont activé leurs bombes pendant les prêches », à quatre minutes de distance. Les deux mosquées visées, la husseynia al-Mazraa et celle du Mehdi, ont subi de graves dommages. Le toit de l’une d’elles s’est effondré sur les fidèles et des traces de sang sont partout présentes. Aucune mesure particulière de sécurité n’était en vigueur autour des mosquées. Peu avant ces attentats, une voiture piégée a explosé près de la banque de Khaneqin, selon une source du ministère de l’Intérieur. Plus tôt à Bagdad, deux voitures piégées ont explosé à proximité immédiate de l’hôtel Hamra, fréquenté par des étrangers, et du centre de détention de Jadriyah du ministère de l’Intérieur, où un scandale vient d’éclater à propos de cas de torture de prisonniers. Les attentats, dans lesquels six personnes ont péri, ont surpris les habitants à peine réveillés en ce vendredi, jour férié dans le monde musulman. Les explosions ont ouvert une brèche dans le mur de béton protégeant l’hôtel, mais les véhicules n’ont pas pu aller au-delà. Une méthode semblable avait été utilisée le 24 octobre, lorsque l’explosion de véhicules avait permis de percer les murs de protection des hôtels Palestine et Sheraton, et ouvert la voie à un autre véhicule qui a explosé à l’intérieur du périmètre de sécurité des hôtels. Toujours au chapitre des violences, un candidat chiite indépendant aux législatives du 15 décembre, Taoufic al-Yasseri, a été enlevé jeudi à son domicile par des hommes armés à Bagdad, a-t-on appris auprès du ministère de l’Intérieur. 32 rebelles tués à Ramadi À l’ouest de Bagdad, à Ramadi, les forces irakiennes et américaines ont tué jeudi 32 rebelles dans des combats consécutifs à des attaques concertées contre des positions militaires, a indiqué l’armée. Dans les rangs de l’armée américaine, un GI a été tué dans un accident de la route. En trois jours, treize GI sont morts en Irak alors que la contestation de la guerre a atteint un niveau sans précédent à Washington. Selon l’organisme indépendant Iraq Coalition Casualties, 2 083 GI ou civils américains assimilés militaires sont morts en Irak au combat ou dans des accidents depuis l’invasion de mars 2003. Enfin, sur le dossier des sévices perpétrés sur des prisonniers dans une prison relevant du ministère de l’Intérieur, Louise Arbour, haut-commissaire des Nations unies pour les Droits de l’homme, a exigé hier l’ouverture d’une enquête sur les conditions de détention en Irak. Le gouvernement irakien a déjà annoncé l’ouverture d’une enquête interne après la découverte, la semaine dernière, de 173 hommes et adolescents, pour la plupart sunnites, visiblement mal nourris et victimes de mauvais traitements, certains montrant même des signes de torture.