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Actualités - CHRONOLOGIE

EXPOSITION - Collective d’artistes internationaux à la galerie Sfeir Semler, jusqu’au 3 décembre Le sens caché des images

Des vidéastes et photographes de différentes nationalités et de renommée internationale se retrouvent à la galerie Sfeir Semler pour donner un aperçu de leurs œuvres. Des œuvres à l’esthétique travaillée certes, mais dont il faut toujours chercher le sens caché. Un photographe français traite avec ironie et distance le métier de journaliste. Un architecte libanais s’interroge sur l’art et ses fonctions. Un portraitiste sidonien croque les habitants de son bled. Une plasticienne égyptienne suit les pérégrinations des Cairotes dans le métro de la ville. Une vidéo d’un couple libanais vise les «balles perdues». Une photographe iranienne explore les problèmes d’identité. Et un artiste asiatique ironise dans une vidéo projetée en «loop» sur des sujets politiques. Édifiant. Renaud Auguste-Dormeuil aborde les images d’une autre façon. Son projet, Hôtel des transmissions, se présente en l’occurrence comme une banque de données, constituée d’images ressemblant à des panoramas de cibles urbaines. Il est parti d’un simple constat quand on regarde le journal télévisé de 20 heures: à chaque fois qu’on a des journalistes présents sur un théâtre d’action, on se rend compte qu’ils font toujours leurs directs sur des terrasses d’hôtel. On voit qu’ils ont une vue panoramique et qu’ils se partagent ces terrasses pour retransmettre des images, un événement et, en tout cas, une actualité. Le projet consiste en fait à répertorier les plus belles terrasses dans les capitales européennes et de faire un guide, qu’il soit vidéo ou photographique, pour les journalistes afin de leur permettre de pouvoir repérer, localiser tout de suite une éventuelle explosion dans la ville. Ce n’est pas un travail sur le journalisme, mais un travail sur le document. «J’ai toujours fait le constat, en regardant la télévision, que ce n’est pas parce que je regarde la télévision que j’adhère à ce que je regarde, indique l’artiste. Je voulais donner une importance à cette notion d’adhérer ou de ne pas adhérer à ce que l’on regarde à la télévision.» Alors l’artiste «journaliste» dénonce-il ou cultive-t-il la peur? – Architecte et essayiste, Tony Chakar présente une installation qui prend la forme d’un projet architectural avec des plans, des façades, des sections, des prototypes. Intitulée A Window to the World, en référence à la fenêtre ouverte sur le monde de Leon Battista Alberti, un parfait représentant de l’humanisme de la Renaissance italienne, universellement connu pour cette phrase: «D’abord, écrit-il, j’inscris sur la surface à peindre un quadrilatère à angles droits aussi grand qu’il me plaît, qui est pour moi en vérité comme une fenêtre ouverte à partir de laquelle l’histoire représentée pourra être considérée.» – Hashem el-Madani présente Studio Practices, une exposition organisée par Akram Zaatari et Lisa Lefeuvre, produite par la Fondation arabe pour l’image et la Photographers’ Gallery in London. Il s’agit de photographies itinérantes de Hashem el-Madani qui, chaque matin, entre 1948 et 1953, parcourait les rues de la vieille ville de Saïda avec son appareil et prenait des photos des personnes qui le souhaitaient, puisque la plupart des gens ne possédaient pas d’appareil photographique. Ces images sont regroupées en panneaux de 4 ou 6 photographies composés selon leurs similitudes. Il est à noter que les archives de Madani, qui comptent près de 90000 images, constituent un document vivant des conditions socio-économiques d’une société multiconfessionnelle en pleine mutation. – Le métro est un projet que la photographe égyptienne Rana el-Nemr a entrepris en 2003. Elle avait pour intention d’enregistrer les changements qui touchaient les passagers du métro cairote, issus pour la plupart de la classe moyenne. Ces photos témoignent de la vulnérabilité des passagers aux cycles de dépression, d’indifférence ou d’intolérance religieuse. Ces voyageurs sont photographiés à leur insu dans ce cadre souterrain avec ses wagons, stations et ses céramiques en arabesques. – Joana Hadjithomas et Khalil Joreige, Distracted Bullets (Balles perdues). Cette installation appartient à une série en préparation intitulée Symptomatic Video. Ces vidéos n’expriment pas une métaphore, mais plutôt un moment significatif, localisé et spécifique. Distracted Bullets est la traduction littérale du terme arabe «rasas ta’ish», ou balles perdues. – Shirana Shahbazi aborde le genre de la photographie sous un angle résolument conceptuel. La photograhe iranienne (elle a grandi en Allemagne et vit actuellement à Zurich) prend ses photographies dans des lieux géographiques très divers et les combine ensuite dans des arrangements qui varient à chaque exposition, employant une technique proche de celle du montage. Dans cette série, comme dans les séries plus récentes réalisées en Chine et aux États-Unis, l’artiste photographie des paysages, des portraits, des scènes de rue, en recherchant une forme d’étrangeté dans la familiarité même des images. Ces dernières n’offrent pas en elles-mêmes une opinion figée ou une conclusion définitive, mais elles ouvrent au contraire sur un espace hybride, propice au développement d’une identité à l’intérieur de catégories ouvertes et en constante mutation. – L’artiste chinois Yang Zhenzhong donne à voir Spring Story, une vidéo réalisée en collaboration avec des employés de l’entreprise Siemens Shanghai Mobile Communications Ltd. Chaque employé y cite un mot du discours prononcé par Deng Xiaoping en 1992 dans diverses usines du sud de la Chine, affirmant la volonté du gouvernement chinois d’adopter un modèle économique néolibéral. L’énonciation du discours de Deng Xiaoping par les employés de Siemens permet un regard critique quant aux conséquences concrètes de la « réforme » capitaliste annoncée par l’homme politique. Contrairement à d’autres artistes asiatiques de sa génération, Yang Zhenzhong préfère miser sur l’exagération de la répétition, entre humour et cauchemar. Maya GHANDOUR HERT * Galerie Sfeir Semler, la Quarantaine, tél. : 01/566550.

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