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Dominique Viart et Bruno Vercier parlent de littérature avec précision

Domaine du rêve et de la fiction, mais aussi du témoignage et de la réalité, la littérature n’est pas seulement l’apanage des belles lettres au sens premier du terme. Avec le temps, la littérature, dans son foisonnement, son internationalisation et ses éclatements, sans renier son essence et ses origines, s’est forgée des destinées multiples et de nombreux visages. Pour cerner un pan de ses multiples embranchements contemporains, voilà un ouvrage analytique documenté, gros pavé universitaire, au titre clair, La littérature française au présent (512 pages, Bordas) par Dominique Viart et Bruno Vercier, deux spécialistes du genre et professeurs d’université. En plus de la collaboration de Franck Evrard. En cet automne où les prix littéraires parisiens abondent, voilà donc un opus jetant des racines profondes pour expliquer un phénomène d’écriture qui a une ampleur considérable, voire monumentale, et cela malgré les alarmants augures des sinistres Cassandre menaçant l’inspiration en un siècle dominé par la technologie et les ravages de l’Internet ! Héritage, modernité et mutations de la littérature française actuelle : c’est ainsi que se dessinent les axes phares de ce livre richement documenté et s’interrogeant sur le devenir des écrivains et de l’écriture moderne. De 1980 jusqu’à aujourd’hui, plus de vingt-cinq ans, c’est-à-dire autant de temps pour une génération de littérateurs pour fonder une œuvre et s’imposer. Mais une carrière d’écrivain va bien au-delà… Des variations autobiographiques aux fictions biographiques, en passant par les carnets et les journaux, les mémoires et les enquêtes, les témoignages sur la guerre et les camps de concentration ou autres atrocités de l’humanité, le parcours est semé de bien de chemins de traverse. Sans oublier la poésie, les textes lyriques, le théâtre en prise avec le monde ainsi que le roman dans son labyrinthe de trame allant de l’impassible au ludique… Vaste tour d’horizon pour s’entretenir de la création littéraire dans l’Hexagone en ce début du XXIe siècle où les noms d’Alain Robbe-Grillet, Nathalie Sarraute, Marguerite Duras, Claude Simon et bien d’autres ne résonnent déjà plus comme autrefois... Il est clair qu’une page de l’histoire littéraire est en train de se tourner… Difficile de faire des jugements hâtifs ou sentencieux dans ces moments de changements, mais une bonne radioscopie est indispensable pour avoir le recul nécessaire pour une meilleure perception et estimation de la survie d’un auteur et d’une œuvre. Sans attendre que la postérité fasse le tri de cette cohorte d’écrivains se pressant sur le parvis du Panthéon du futur, l’avis des spécialistes relativise les échos mondains célébrant les uns ou les effets de scandale alimentant les chroniques médiatiques… À noter aussi qu’entre ces pages, pourtant serrées, fermes et fourmillantes de détails littéraires, l’on parle uniquement de littérature française et non francophone (horizons ouverts de la Polynésie, du Québec au Liban, en passant par Haïti et les îles Maurice !), mais cela n’exclut pas qu’Amélie Nothomb ou J.-P. Toussaint restent belges tout en publiant à Paris et représentent une culture bien française ! Image complexe du français tel qu’utilisé en une époque d’ouverture où modes et humeurs ont des tyrannies surprenantes et irrépressibles. Que l’on ne se fasse pas d’illusion, toute entreprise de « repertoriage » ne saurait être exhaustive car le nombre croissant de publication est hallucinant. Dans un monde en ébullition, la littérature tente de se mettre au pas et d’en donner les reflets, comme à travers un prisme la lumière se décompose en ses éléments naturels. La littérature, en dépit de ses nouvelles, innombrables et parfois énigmatiques variations, reste le champ de prédilection des « questions insistantes, des problèmes irrésolus et de nécessités impérieuses », selon les auteurs de l’ouvrage. Inquiète est la littérature d’aujourd’hui, mais néanmoins « parfois nostalgique, drôle autant que sombre, mais combien exigeante et tonique ». Le fin dernier mot de la fin, dans cet écheveau inextricable, car qui peut s’en tirer indemne avec la littérature, est une fois de plus aux auteurs : « Notre livre n’a sans doute pas tout dit : c’est qu’on n’est pas prêt d’en avoir fini avec elle. Le reste appartient à la lecture, au désir et à la découverte.» En effet, après tout, lire c’est bien de cela qu’il s’agit… Edgar DAVIDIAN

Domaine du rêve et de la fiction, mais aussi du témoignage et de la réalité, la littérature n’est pas seulement l’apanage des belles lettres au sens premier du terme. Avec le temps, la littérature, dans son foisonnement, son internationalisation et ses éclatements, sans renier son essence et ses origines, s’est forgée des destinées multiples et de nombreux visages. Pour cerner un...