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Les véritables constantes et lignes rouges

«Il faut respecter les constantes nationales ! » « Il y a des lignes rouges qu’il convient de ne pas franchir. » Voilà des phrases qui reviennent constamment et qui résument des dizaines de minutes de discours creux des hommes politiques du cru. Particulièrement de ceux au pouvoir depuis le début des années 90 et qui, par magie, enchantement ou autre tour de prestidigitateur que n’aurait sûrement pas renié Majax, sont toujours là. Toujours est-il que ces constantes nationales et ces lignes rouges n’ont jamais fait l’objet d’une définition claire et sans équivoque, le jeu consistant sans doute à les deviner. En l’état et, pour ce qui me concerne, j’ai pu en déceler une, de constante nationale. Celle qui consiste à nous sortir un autre terme récurrent et particulièrement fatigant : « le dialogue ». Le « fedaï » chasseur Il y a quelques jours, un civil contractuel de l’armée se fait tirer comme un oiseau porteur de la grippe aviaire, non loin d’un campement du FPLP-Commandement général d’Ahmed Jibril ou d’un autre chef palestinien (peu importe). Apparemment, nos forces armées l’ont mal vécu au point d’envoyer quelques commandos et quelques chars d’assaut encercler les campements des groupuscules palestiniens. S’il apparaît certain que le meurtre du topographe soit le fait de quelque individu désœuvré, « fedaï » qui en a marre de tirer sur des cibles en carton représentant l’ennemi sioniste, la vérité est ailleurs pour Jibril. En effet, ce dernier a mené une enquête façon Mulder et Scully et nous ressort un X-File. Au bout de deux minutes d’appels téléphoniques effrénés, il nous porte la conclusion suivante : « L’ensemble des groupes palestiniens déclare qu’aucun de leurs partisans n’a tiré sur le topographe. Par conséquent, je ne vois pas en quoi nous devrions être suspectés. C’est encore un coup du complot mondial franco-américano-sioniste visant à déstabiliser la Syrie, le Liban et les forces palestiniennes. » Au terme de cette brillante défense, je ne peux m’empêcher de penser que très franchement, les Israéliens auraient raison de monter un complot visant à se débarrasser de fedayins dont les seuls faits d’armes auront été, au cours de ces quinze dernières années, d’avoir tué un topographe libanais et racketté les villageois libanais ayant eu l’outrecuidance de faire paître leurs brebis et moutons à moins de 300 mètres de leurs positions. Cela étant, je me suis surtout dit qu’enfin, l’armée allait prendre ses responsabilités et débarrasser le pays de ces miliciens, résidus de groupuscules ayant œuvré à créer un État dans l’État et à la transformation de notre pays en un champ de bataille (ou de jeux) pour tous les vaillants combattants que compte notre région. Enfin, on était résolu à refaire du Liban un État de droit, où seuls l’armée et les forces de l’ordre disposeraient de la faculté de porter des armes, où l’État récupérerait le monopole de la violence. Le gouvernement du dialogue Eh bien non et bis repetita. La troupe a été contrainte de lever l’encerclement. Du blocus débloqué au nom de la constante nationale : le dialogue. Notre gouvernement est contre la présence de miliciens palestiniens en dehors des camps et veut résoudre la question par le dialogue. Au diable le dialogue ! Est-il possible avec des individus comme Ahmed Jibril ? Est-il possible avec des personnes qui insultent l’intelligence des Libanais depuis plus de trente ans ? Cette situation est-elle imaginable dans un autre pays que le Liban ? Que l’on ne se méprenne pas. Si le fait d’initier un dialogue permet d’atteindre les objectifs assignés sans effusion de sang, l’option de l’intervention militaire est à écarter. Il ne s’agit pas de faire du « bushisme ». En ce sens, et dans une certaine mesure, le dialogue peut se justifier avec le Hezbollah. Et il est certain que le Hezbollah finira par déposer les armes, ne serait-ce que par fatigue d’avoir à se battre pour une ferme. Mais en aucune manière un dialogue ne doit se poursuivre avec des miliciens étrangers et prosyriens qui veulent imposer leur guerre à une tierce partie. En aucune manière, on ne doit accepter que des étrangers fassent la loi, même sur de petites portions de notre territoire. Ils ne peuvent bénéficier de cette autorisation tacite visant à ce qu’ils gouvernent officieusement les villages libanais dans ce qu’ils pensent être leur « fief ». On ne poursuit pas le dialogue avec des personnes qui tuent, menacent et rackettent les Libanais. En l’espèce, il est temps que le gouvernement lance un ultimatum et que l’armée fasse, le cas échéant, son travail. Que le gouvernement confirme qu’il n’existe plus de tutelle et cloue le bec à ceux qui nous bassinent avec la néotutelle américaine. Que le gouvernement démontre sur le terrain qu’il ne prend plus ses ordres d’une quelconque partie étrangère. Qu’enfin, les objectifs qu’il s’est assigné, en matière de sûreté nationale, puissent être atteints par l’emploi des moyens adéquats et que l’on cesse de faire des déclarations stériles d’impuissance tout à fait injustifiables. Que l’on cesse de traiter nos soldats comme des incompétents et des incapables. En conséquence, il s’agit de savoir prendre des décisions et de ne plus laisser la situation pourrir, quitte à ce que ces décisions ne plaisent pas à tout le monde. Il me semble, en tout état de cause, qu’un gouvernement recherchant le consensus pour toutes les décisions qu’il a à prendre est de facto dans l’impossibilité de gouverner. Ces positions militaires situées hors des camps palestiniens doivent être rayées de la carte du Liban. Il en va de la souveraineté et de l’unité nationale, ainsi que de la protection de la population libanaise. Voilà ce que devraient être, ce jour, les « constantes » et les « lignes rouges ». Me Elias ABOUJAOUDÉ Marseille, France

«Il faut respecter les constantes nationales ! » « Il y a des lignes rouges qu’il convient de ne pas franchir. » Voilà des phrases qui reviennent constamment et qui résument des dizaines de minutes de discours creux des hommes politiques du cru. Particulièrement de ceux au pouvoir depuis le début des années 90 et qui, par magie, enchantement ou autre tour de prestidigitateur que...