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Actualités - OPINION

Moisson tardive

Mehlis à Monteverde, Mehlis à Damas, Mehlis à Nicosie. Mehlis, ubiquiste, est ici et ailleurs en même temps. Dès cette semaine, il entre dans le vif du sujet : « la bande des six » à cuisiner, une belle brochette à griller. Un dossier syrien qui s’ouvre, une boîte de Pandore qui livre tous ses secrets, toutes ses abominations. Mais parallèlement, en filigrane, une autre partie se joue, insidieuse, sournoise, où tous les coups sont permis. Le manipulateur est le même, le pion est palestinien, la scène du crime, le Liban. Hier, la route de la Palestine passait par Jounieh, aujourd’hui elle passe par Naamé. Ainsi en a décidé le FPLP-CG, ainsi va la cause palestinienne, ballottée d’est en ouest, du nord au sud, au gré des lubies et des fanfaronnades des groupuscules inféodés à Damas. Trente ans après les impardonnables dérives, les immersions sanglantes dans l’arène libanaise, voilà que nous reviennent les vautours, les rapaces de mauvais augure. L’État libanais veut dialoguer ? Fort bien ! On dégaine le revolver d’abord, on discute ensuite. Et pour bien faire parvenir le message, on parade à Naamé, les armes au poing et le verbe bien haut. En première ligne la relève, les enfants combattants, ceux qui poursuivront la lutte contre Israël demain, après-demain, toujours à Naamé et bien loin de la Palestine. Hallucinante démonstration filmée par les caméras de la LBC il y a quelques jours et savamment mise en scène par les lieutenants de Ahmed Jibril. Alors même que la Syrie est aux abois et que sonne l’hallali pour les principaux caciques du régime, voilà que les organisations palestiniennes « pures et dures » reprennent du poil de la bête et distillent leur venin, leurs provocations, à partir de Damas ou des « bases arrière » au Liban. Un même credo lancé comme une bombe minutée, une insulte à la face de la légalité libanaise. Étrange et bien suspect discours, alors que le parrain syrien, après des mois de tergiversations, se résout enfin à collaborer avec la commission Mehlis. C’est précisément là, dans ce paradoxe, que réside le vrai problème. D’un côté, la Syrie jette du lest, promet de se plier aux exigences de la résolution 1636, pendant naturel de la 1595, de l’autre, elle feint d’ignorer la 1559 qui lui enjoint de cesser ses ingérences au Liban. Lesquelles ingérences se traduisent, comme l’a relevé Roed-Larsen au Conseil de sécurité, par un flux d’armes vers les bases palestiniennes et par la tribune offerte à des organisations qui « officient » en toute illégalité sur le territoire libanais. Et cela en négation même de l’accord de Taëf cautionné par une Syrie à la dérive où plus personne ne semble tenir le gouvernail, à moins qu’ils ne soient nombreux à se le disputer. Inextricable situation à laquelle le Conseil de sécurité est appelé à apporter une solution radicale : l’adoption d’une résolution contraignante qui rendrait inévitable l’application de la 1559, un scénario bis, copie conforme de celui qui a abouti à la 1636. La délégation américaine aux Nations unies s’y attelle déjà et le message adressé à Damas peut être ainsi formulé : « La coopération avec la commission Mehlis est un bon début, mais ce n’est pas assez. Des organisations extrémistes ont pignon sur rue à Damas et ont leur prolongement au Liban. Il est temps de mettre un point final à leurs activités. » Et pour donner plus de poids à leurs arguments, les Américains en Irak lancent l’opération « rideau d’acier » à la frontière syrienne. Un clou supplémentaire qu’on enfonce, un piège qui se referme. En Syrie, le climat vire forcément à l’abattement, à la déprime, ce fameux « ihbat » si longtemps expérimenté, si misérablement vécu par les Libanais des années durant. Devrions-nous nous en réjouir pour autant ? Évidemment que non. Tout ce qui atteint la Syrie affecte, par ricochet, notre pays, toute perturbation sur les rives du Barada trouve un écho au Liban. Mais le régime syrien a violé les règles du bon voisinage, a laissé ses services commettre l’irréparable et a encouragé ses « bons amis » à entretenir l’instabilité au Liban. De tout cela le régime syrien devrait rendre compte et les coupables en payer le prix devant la justice. Mehlis s’y emploie depuis des mois déjà. La moisson ne saurait plus tarder. Elle s’annonce riche et de premier choix... Nagib AOUN
Mehlis à Monteverde, Mehlis à Damas, Mehlis à Nicosie. Mehlis, ubiquiste, est ici et ailleurs en même temps. Dès cette semaine, il entre dans le vif du sujet : « la bande des six » à cuisiner, une belle brochette à griller. Un dossier syrien qui s’ouvre, une boîte de Pandore qui livre tous ses secrets, toutes ses abominations.
Mais parallèlement, en filigrane, une autre partie se...