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Actualités - CHRONOLOGIE

Souvent rivaux, les différents groupes de jeunes se sont unis dans leur colère contre la police En banlieue parisienne, la contagion passe par l’image et les SMS

De jeunes émeutiers d’une banlieue pauvre de Paris assurent que leurs actions sont improvisées « d’après ce qu’ils voient à la télévision » et qu’ils se livrent à une sorte de « compétition » pour placer leur cité en tête quant au nombre de véhicules et bâtiments incendiés. « On voit ce que les autres font à la télévision, on essaie d’être à la hauteur », dit Moussa, adolescent franco-malien du quartier des Musiciens. Chaque soir depuis le début du « dawa » (le bordel, en arabe), une dizaine de copains de Moussa qui se connaissent depuis l’enfance se retrouvent « comme pour un match de foot » autour d’un téléviseur dans leur immeuble aux cages d’escalier décrépites. Même « uniforme » pour tous : tennis de marque, jeans « baggy » (extra large), survêtement à capuche de préférence blanche. « On kiffe (s’éclate) trop de voir tout flamber à la télé », se réjouit Youssef. « Je sors presque jamais de mon quartier sauf pour aller au bled (village) en Algérie, mais on communique avec les mecs de Seine-Saint-Denis via l’écran, toutes les chaînes passent des images, même les télés arabes sur satellite. » « On se défie à distance », renchérit Mamadou, Malien de 19 ans, qui participe aux émeutes avec deux de ses jeunes frères. « Ceux de Clichy brûlent 15 voitures, il faut faire mieux, mais on ne quitte jamais notre territoire. » « Si on parle de nous à la télé, si on dit qu’on a été caillasser les “keufs” (les policiers), pour nous c’est une victoire, une façon de montrer qu’on est des hommes, comme au Mali pour les rites de passage » à l’âge adulte, assure Moussa, soudain grave. La télévision véhicule aussi des images qui les stimulent autrement, de manière négative : « On voit tout le temps la face de Sarko à l’écran, ça me donne la rage, je voudrais tout brûler quand je l’entends nous cracher dessus. La racaille, c’est lui », hurle presque un autre membre du petit groupe. Souvent rivaux, les groupes de jeunes de banlieues différentes se sont unis dans leur colère contre la police, qu’ils accusent d’avoir provoqué la mort accidentelle de deux jeunes à Clichy-sous-Bois le 27 octobre. « Je n’aime pas les bandes de Chanteloup, je ne connais personne à Clichy, mais on est tous dans la même galère, tous pas de la bonne couleur, pas de la bonne religion, sans avenir, sans “taf” (travail), dit un jeune musulman au chômage. C’est aussi pour ça qu’on se comprend et qu’on s’entend sans se connaître. » Parfois, plus rarement, l’information passe de manière plus directe via des textos avec des « cousins » d’autres banlieues, voire de province. « Kes kvou cramé cte nuit ? » interroge ainsi via son téléphone portable Mamadou à l’adresse d’un de ses cousins du Nord. « Tous kon peu et ++++ », répond l’intéressé dans une orthographe tout aussi revisitée.
De jeunes émeutiers d’une banlieue pauvre de Paris assurent que leurs actions sont improvisées « d’après ce qu’ils voient à la télévision » et qu’ils se livrent à une sorte de « compétition » pour placer leur cité en tête quant au nombre de véhicules et bâtiments incendiés. « On voit ce que les autres font à la télévision, on essaie d’être à la hauteur », dit...