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Actualités - ANALYSE

ANALYSE - Les Palestiniens prosyriens et le Hezbollah s’attendent à toutes les éventualités Des pressions internationales intensifiées et des cartes de plus en plus brouillées au menu des prochaines semaines…

Devenu une véritable boîte à surprises, le Liban retient son souffle au début de chaque semaine, en se demandant ce qui va bien pouvoir encore arriver. C’est que les dossiers ouverts sont légion, les pressions internationales ne laissent aux Libanais (et surtout aux Syriens) aucun répit et les non-dits demeurent énormes. Chaque partie cherche à consolider sa position en attendant la suite des événements. Mais trois dossiers majeurs semblent occuper pour l’instant le devant de la scène : celui de la présidence de la République et du rapport Mehlis, celui des armes des Palestiniens, et celui du dessin des frontières entre le Liban et la Syrie. Concernant le premier dossier, tout indique que la semaine qui commence verra de nouvelles arrestations au Liban dans le cadre de l’enquête. On croit même savoir que des officiers de la garde présidentielle pourraient être arrêtés. Ce qui resserrerait un peu plus l’étau autour du président de la République. Même si des sources proches de Baabda continuent d’affirmer que le chef de l’État restera en place jusqu’à la fin de son mandat, qu’il n’a rien à voir avec l’assassinat de l’ancien Premier ministre Rafic Hariri et que son nom n’a été cité dans le rapport Mehlis qu’intentionnellement et dans un but politique. Selon les mêmes sources, les allusions qui figurent dans ce rapport ne tiennent pas la route. D’abord, nul ne connaît le numéro privé du président de la République, même pas son épouse. Ce numéro est uniquement utilisé par Émile Lahoud pour appeler ses interlocuteurs mais il n’y reçoit pas d’appels. Quant aux numéros de la présidence, ils n’ont rien de secret, et aussi bien les personnalités que les simples citoyens peuvent les appeler et laisser un message. Les sources proches de Baabda considèrent donc que mentionner un tel détail dans le rapport Mehlis s’inscrit dans le cadre des pressions exercées sur le Liban et la Syrie, d’autant que dans sa conférence de presse, Mehlis lui-même a affirmé que le chef de l’État n’est pas suspect. Par ailleurs, tout le monde considère que le travail du juge allemand est très professionnel, et son rapport devrait être complété le 15 décembre. À moins d’une nouvelle prolongation de sa mission par le Conseil de sécurité. Ce qui, de l’avis de nombreux observateurs, ne serait pas impossible au train où vont les choses. Une éventuelle prorogation pour Mehlis ? Des sources proches du Hezbollah considèrent ainsi que Mehlis pourrait bien ne pas achever son enquête le 15 décembre pour maintenir ce moyen de pression sur le Liban et la Syrie. Certes, d’ici là, il faudra s’attendre, estiment ces sources, à une nouvelle escalade politique, à des arrestations et des incidents divers, notamment au Sud, pour pousser la Syrie à coopérer, au lieu de se sentir rassurée par la prolongation de l’enquête. Les sources proches du Hezbollah considèrent que tout ce qui se passe actuellement s’inscrit dans ce cadre et, en dépit de toutes les dénégations officielles, l’émissaire de l’ONU chargé de l’application de la 1559 et le juge allemand semblent travailler de concert. Ce n’est pas par hasard, estiment ces sources, que le dossier des armes palestiniennes est actuellement sur la sellette. Tout comme le fait que le juge ait glissé le nom d’Ahmed Gibril dans son rapport, pour préciser par la suite qu’il n’est pas suspect. Selon ces mêmes sources, tout a commencé lors de la rencontre entre Terjé Road-Larsen et Mahmoud Abbas au Caire. Cette rencontre a été suivie d’un entretien entre le président du Conseil libanais Fouad Siniora et le président de l’Autorité palestinienne Mahmoud Abbas, à Paris. Et il a été convenu d’ouvrir le dossier des armes palestiniennes au Liban, en commençant par les armes hors des camps, donc entre les mains des organisations prosyriennes. Les mêmes sources relèvent le fait que Siniora a même accepté l’idée de deux délégations palestiniennes séparées pour mener le dialogue avec le gouvernement libanais, afin de mieux isoler les organisations prosyriennes. Mais, ce sont les Palestiniens du Liban eux-mêmes qui ont rejeté cette proposition, insistant sur la formation d’une délégation unifiée, pour ne pas ouvrir la voie à des dissensions internes entre les différentes factions palestiniennes. De plus, selon les mêmes sources, les incidents de la semaine dernière dans le quartier al-Taamir, à Aïn el-Héloué, n’ont pas opposé des Palestiniens à des Libanais, mais des Libanais entre eux. Toutefois, le fait d’insister sur une participation palestinienne à ces incidents est considéré comme suspect. Le dessin des frontières Dans un tel contexte, les organisations prosyriennes s’attendent au pire et affirment à qui veut les entendre qu’elles ne sont pas disposées à un compromis sur des questions aussi vitales, selon elles. En tout cas, ce dossier continuera à être d’actualité au cours de la semaine qui s’ouvre, surtout avec la visite annoncée du ministre palestinien chargé du dossier des réfugiés, Abbas Zeki, à Beyrouth dans les prochains jours. Troisième dossier actuellement au cœur de l’actualité : celui du dessin des frontières entre le Liban et la Syrie. Selon les sources proches du Hezbollah, cette idée vient aussi de M. Roed-Larsen qui l’aurait soufflée à Siniora à New York. Elle viserait essentiellement les fermes de Chebaa et serait indirectement dirigée contre le Hezbollah, parce qu’elle permettra de décider définitivement du sort de ce secteur. S’il s’avère être syrien, la résistance du Hezbollah à Chebaa n’aura plus de raison d’être. Si les fermes sont libanaises, ces sources craignent qu’Israël ne décide de s’en retirer, afin là aussi d’affaiblir la position du Hezbollah. Les mêmes sources affirment qu’Israël a construit des fortifications au-delà de ce secteur. En prévision d’un éventuel retrait ? Les cartes sont décidément brouillées et tout comme les Palestiniens, le Hezbollah n’écarte aucune éventualité. Déjà l’embrasement au Liban-Sud il y a quelques jours est suspect pour le Hezbollah, qui estime que les jours à venir exigent une grande vigilance de la part de tous les protagonistes. Scarlett HADDAD
Devenu une véritable boîte à surprises, le Liban retient son souffle au début de chaque semaine, en se demandant ce qui va bien pouvoir encore arriver. C’est que les dossiers ouverts sont légion, les pressions internationales ne laissent aux Libanais (et surtout aux Syriens) aucun répit et les non-dits demeurent énormes. Chaque partie cherche à consolider sa position en attendant la...