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Un site jordanien et un autre en Cisjordanie revendiquent le même événement « Béthanie, au-delà du Jourdain », lieu du baptême du Christ

Pour certains, la paix est souvent le fruit de miracles. Elle peut également, en retour, permettre de redécouvrir une terre de miracle. « Béthanie au-delà du Jourdain » est un de ces lieux qui fut témoin du passage d’une multitude de prophètes et de saints, tels Moïse et Élie, ou encore Jean-Baptiste. Cette région, imprégnée de spiritualité, située sur la rive orientale du Jourdain, recèle également l’endroit où Jésus-Christ fut baptisé. Cependant, le site du baptême et son voisinage n’ont été redécouverts qu’au début du XXe siècle quand quelques missionnaires ont tenté d’explorer la vallée du Jourdain à la recherche de vestiges sacrés. Leurs efforts ont été suspendus dans les années 40 en raison des conflits régionaux. Cette région frontalière entre la Cisjordanie à l’Ouest, occupée plus tard par Israël, et le royaume hachémite à l’Est, est en effet, durant la seconde moitié du XXe siècle, une zone militaire dangereuse. C’est grâce aux accords de paix israélo-jordaniens de 1994 que cette zone devient à nouveau accessible aux chercheurs et aux archéologues, qui reprennent leurs travaux dans la région de Béthanie, découvrant quelques années plus tard le site de Jean-Baptiste ainsi que l’endroit où fut baptisé le Christ. Ces découvertes ont pu avoir lieu grâce à une étude approfondie des endroits cités dans la Bible, à d’anciens témoignages de pèlerins et surtout grâce à une très ancienne carte en mosaïque. Formant le pavement de l’église grecque-orthodoxe Saint-Georges à Madaba, qui remonte à l’époque de Justinien, elle représente une sorte de carte géographique de la Palestine à l’usage des pèlerins qui se rendaient en Terre sainte. Aujourd’hui, la région du site du baptême, ouvert au public lors de la visite de Jean-Paul II en Jordanie en 2000, est un endroit plein de vie qui contraste avec la nature désertique et désolée de la région. La nature est en effet aussi belle et riche qu’est dense la spiritualité de cet endroit. La vallée du Jourdain, appelée dans la Bible « le jardin du Seigneur » (Genèse 13,10), est un joyau écologique caractérisé par une flore particulièrement fertile sur les rives du fleuve. C’est à travers cette riche végétation que le promeneur ou le pèlerin découvre les différents sites religieux qui témoignent d’une succession de manifestations divines et miraculeuses évoquées dans l’Ancien et le Nouveau Testament. Loin de la spiritualité des lieux, le visiteur est frappé par l’imposante présence des forces de l’ordre. Un rappel de l’histoire récente et sensible de cette région. Les barbelés qui entourent les lieux témoignent également du fait que la situation reste tendue des deux côtés du Jourdain. Le pèlerinage commence par la visite d’une petite colline naturelle, où, selon de très anciennes traditions, le prophète Élie monta au ciel sur un chariot de feu tiré par des chevaux. Elle est connue sous le nom de mont Élie, ou tell Mar Élias en arabe. Le deuxième arrêt sur ce chemin de pèlerinage sera donc l’un des sites sur lesquels officiait saint Jean-Baptiste, puisque les anciens textes indiquent qu’il baptisait en plusieurs endroits à « Béthanie au-delà du Jourdain ». Le troisième arrêt est celui du site où Jésus-Christ aurait été baptisé, selon les chercheurs jordaniens. Des recherches corroborées, selon eux, par les premiers récits de pèlerinage en Terre sainte. Ainsi, les archéologues ont mis au jour les restes de trois églises superposées, dont la plus ancienne, appelée « l’église de saint Jean-Baptiste », remonte au début du VIe siècle. Des fragments très anciens de mosaïques sont toujours visibles dans ces vestiges. Un escalier en pierre mène de l’autel de l’église à une dizaine de mètres en contrebas. Selon le guide, cet escalier, qui s’achève par une rampe de pierre, rejoignait les eaux du fleuve. Aujourd’hui, les marches ne mènent plus au Jourdain, qui coule à une quarantaine de mètres plus à l’ouest. Il faut savoir que le cours du fleuve a changé au cours des siècles. Près de l’endroit où les premières marches devaient pénétrer dans les eaux du fleuve, un bloc de pierre d’environ 2 mètres de côté a été dégagé. Il pourrait s’agir du socle d’une colonne votive mentionnée par plusieurs pèlerins, supposée marquer l’endroit exact du baptême du Christ. Un point que le guide jordanien s’emploie à mettre en exergue. La dernière halte a lieu sur les rives du Jourdain, où les touristes prélèvent un peu d’eau du fleuve dans lequel le Christ a été baptisé il y a près de deux mille ans. De l’autre côté du Jourdain, une foule de touristes fait de même. Ils sont en « Cisjordanie occupée », précise laconiquement le guide jordanien avant de presser le groupe qu’il accompagne de quitter les lieux. Il omet cependant de préciser qu’Israël a déjà construit du côté ouest du Jourdain un énorme complexe touristique et religieux… sur l’endroit même où le Christ a été baptisé. Selon eux du moins. En effet, la découverte récente de ces vestiges en Jordanie a suscité quelques tensions entre le royaume hachémite, d’une part, et Israël et l’Autorité palestinienne, d’autre part, qui assurent que le Christ a été baptisé en Cisjordanie, à Qasr el-Yahoud. Les deux pays revendiquent ainsi le lieu de baptême du Christ. Toutefois, les dernières découvertes faites en Béthanie accordent au site jordanien une sérieuse prééminence sur son rival cisjordanien. A. A.
Pour certains, la paix est souvent le fruit de miracles. Elle peut également, en retour, permettre de redécouvrir une terre de miracle. « Béthanie au-delà du Jourdain » est un de ces lieux qui fut témoin du passage d’une multitude de prophètes et de saints, tels Moïse et Élie, ou encore Jean-Baptiste. Cette région, imprégnée de spiritualité, située sur la rive orientale du...