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Actualités - CHRONOLOGIE

DISTINCTION Le prix annuel de «La Sélyre» de Lyon à la romancière Carole Dagher continue à défricher le passé

Les membres de «La Sélyre», Société des écrivains et du livre lyonnais et rhônalpins, ont attribué, le 21 octobre, le prix annuel, dans la série fiction, à la romancière libanaise Carole Dagher, pour son second tome de la trilogie du «Couvent de la lune», «Le seigneur de la soie» (suite de «L’anneau de l’émir»). Se situant à la lisière du fictif et du réel, ce roman plonge le lecteur, encore une fois, dans le cœur du XIXe siècle. Un voyage réussi dans le temps et dans l’espace. En attendant le troisième et dernier volume en cours. Romancière mais aussi journaliste et chercheuse associée à l’Université de Georgetown, Carole Dagher porte plusieurs casquettes. «C’est surtout les circonstances, dit-elle, qui déterminent le destin de quelqu’un et l’aptitude à les saisir.» Ayant poursuivi des études de droit, études auxquelles elle doit la rigueur et la discipline, elle va contracter à L’Orient-Le Jour, où elle a travaillé de 1987 à1991, le virus de la politique. Plus tard, une rencontre importante l’amène aux États-Unis où elle plonge dans les recherches d’un centre d’études islamo-chrétiennes. Esprit curieux et aiguisé, Carole Dagher, à l’affût de toute nouvelle ou événement, sera de nouveau confrontée à un de ces hasards du temps qui vous fait prendre de curieux détours. Un contact de la part de l’éditeur de Plon, un homme passionné du Liban, et la voilà embarquée dans les aventures du Liban du XIXe siècle pour un roman historique à trois volets. Celui-ci l’emmènera faire la connaissance de la localité de Deir el Qamar où elle résidera quelques mois, «le temps de connaître à fond cette belle cité que j’aimais déjà tant et qui représente pour moi le noyau du Liban». Quant au Prince de la soie, la suite de L’anneau de l’émir, il nécessitera une longue documentation et des recherches à la Chambre de commerce et d’industrie et aux archives de la ville de Lyon avant de pouvoir refaire vivre le passé. Reconstitution des images du passé Sentir et retranscrire l’atmosphère de la ville française à l’aide d’infimes détails, comme la description des anciens bistrots ou tavernes, fouiner pour trouver les multiples similitudes entre la société libanaise et lyonnaise de l’époque, enfin défricher une page de l’histoire de Lyon parallèlement à celle du Liban entre 1840 et 1860: autant d’éléments qui font de l’ouvrage de l’écrivain un roman historique plus proche de l’histoire que du romanesque, «bien que mes héros puisent leur essence dans la fiction», souligne l’auteur. «En essayant de coller autant que possible à la véracité des faits, je suis parvenue à reconstituer des images du passé», poursuit-elle. Roman ou histoire? Réalité ou fiction? L’action se déroule entre le Liban et Lyon, deux régions se caractérisant par des similitudes socio-démographiques. Sur fond de rapports commerciaux entre les deux pays, de conflits, de batailles et d’intrigues internes, une histoire d’amour colore le canevas. Ainsi, Carole Dagher s’amuse parfois à inventer des personnages et des situations qui auraient pu avoir lieu: «Le romancier peut se permettre beaucoup de liberté alors que l’historien ne le peut pas», dit-elle. Mais le sens du romanesque n’est-il pas, dans ce cas-là, dans la ligne droite de l’histoire, dit Alain Decaux? Ne plus occulter le passé Le grand prix annuel de La Sélyre vient couronner les efforts et les investigations de l’écrivain, soucieuse du détail et du mot qui portent. Auparavant, Carole Dagher avait, en mars – à l’invitation conjointe de Christian Philip, député du Rhône, et de la mairie du VIe arrondissement – représenté le Liban en participant à un séminaire d’écriture: «Les écrivains francophones invités devaient rédiger une nouvelle concernant la ville de Lyon. Cette manifestation me réconfortait encore une fois dans l’estime que m’ont portée les Lyonnais et venait s’ajouter à une année qui, pour moi, restera charnière.» «D’ailleurs, ajoute-t-elle, un prix régional a plus d’importance pour un écrivain à la fibre historienne, qui avançait comme sur un terrain miné, car il récompense cette capacité d’avoir touché du doigt ce qu’une région a de plus précieux en elle, son passé.» Ce passé que Carole Dagher tente de faire revivre à travers ces romans historiques. Nostalgie ou catharsis? «On ne connaît pas bien son histoire, conclut-elle. D’ailleurs, si on la connaissait bien, on n’aurait pas refait les mêmes erreurs. Ne plus occulter le passé, tenter d’éclairer les coins sombres de la vie d’un peuple. C’est ce que j’ai essayé de faire dans cette trilogie. Alors, quoi de plus plaisant qu’un roman pour parvenir à mes fins?» Colette KHALAF
Les membres de «La Sélyre», Société des écrivains et du livre lyonnais et rhônalpins, ont attribué, le 21 octobre, le prix annuel, dans la série fiction, à la romancière libanaise Carole Dagher, pour son second tome de la trilogie du «Couvent de la lune», «Le seigneur de la soie» (suite de «L’anneau de l’émir»). Se situant à la lisière du fictif et du réel, ce roman...