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Actualités - CHRONOLOGIE

SOCIÉTÉ - Moscou compte pas moins de 33 milliardaires « Roubliovka Live », ou comment démythifier la vie en rose des nouveaux riches russes

Avec leurs Ferrari, leurs palaces et leurs excès, les nouveaux Russes ont du mal à se faire accepter par leurs compatriotes. Aussi, une nouvelle série de téléréalité expérimentale entend-elle démythifier leur image en s’immiscant dans leur vie privée. Roubliovka Live est signée Grigori Lioubomyrov, l’un des auteurs de la célèbre émission politico-satyrique Koukly dans les années 90. La série tire son nom d’une route chic dans la banlieue ouest de Moscou, où vivent les riches et les puissants, dont le président russe Vladimir Poutine. La nouvelle émission, qui mêle personnes réelles et acteurs, retrace des événements de la vie de millionnaires russes comme un mariage raté raconté dans le premier épisode diffusé lundi soir. « Roubliovka représente tous les antagonismes de la Russie actuelle, entre riches et pauvres, et entre pouvoir et monde des affaires », explique Lioubomyrov, qui entend, avec cette série, détruire le mythe des riches heureux. « Je veux que les gens comprennent que l’argent ne règle pas tous les problèmes », précise-t-il, en citant comme exemple les « déboires de Mikhaïl Khodorkovski avec le Kremlin ». L’ancien milliardaire et patron du groupe pétrolier Ioukos a été envoyé en prison en Sibérie, après un procès controversé jugé hautement politique. Lioubomyrov espère provoquer un vrai débat de société sur les riches. Ceux de la Roubliovka, remarque-t-il, « acceptent de plus en plus de se prêter au jeu », car son émission ne cherche pas « les squelettes dans les placards ». Le débat est nécessaire, estiment, quant à eux, les sociologues, dans un pays toujours traumatisé par les privatisations controversées des années 90. « C’est une bonne idée, il y a trop de stéréotypes sur les riches », remarque Leokadia Drobjeva, de l’Institut de sociologie de Moscou. Elle doute cependant d’une réaction positive du grand public, dont l’état d’esprit est bien décrit par le dicton selon lequel « les Russes détestent tous les riches et veulent tous le devenir ». Aujourd’hui, la Russie compte 33 milliardaires rien qu’à Moscou, soit deux de plus qu’à New York, selon le magazine Forbes, alors que le salaire moyen russe est d’un peu plus de 200 euros par mois (246 dollars). « Une partie de la population s’est très vite enrichie et une autre s’est très vite appauvrie », souligne la sociologue Olga Krychtanovskaïa, qui regrette « l’absence d’idéologie du succès » dans la mentalité russe. « Hélas, si vous êtes riche, vous êtes un voleur en Russie », constate la scientifique qui critique la focalisation des médias sur le style de vie des nantis et non sur leur travail. La semaine dernière, un sondage sur la chaîne de télévision CTC, réalisé pendant le journal d’information, demandait au public de choisir, parmi trois catégories de gens, ceux qui les irritent le plus. 3 686 ont répondu « Les paresseux », 472 « Les pauvres » et 9 343 « Les riches ».
Avec leurs Ferrari, leurs palaces et leurs excès, les nouveaux Russes ont du mal à se faire accepter par leurs compatriotes. Aussi, une nouvelle série de téléréalité expérimentale entend-elle démythifier leur image en s’immiscant dans leur vie privée.
Roubliovka Live est signée Grigori Lioubomyrov, l’un des auteurs de la célèbre émission politico-satyrique Koukly ...