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Actualités - REPORTAGE

Reportage Il était une fois dans l’Ouest... irakien

Au milieu d’une terre aride et de tribus hostiles, une colonne de l’armée américaine progresse, dans l’Ouest irakien, à travers les canyons, en direction de la frontière syrienne. Elle passe par une gare désaffectée, contourne des wagons en rade, traverse un village fantôme, une vallée et sa rivière, au milieu d’un vent de sable, dans une impression de nulle part. Des carcasses d’avion de l’ancienne armée de l’air irakienne gisent à côté de chemins rebaptisés Michigan, Denver, Colorado, River Valley. Un décor de western où les diligences sont remplacées par les véhicules blindés et où les cow-boys et leurs montures ressemblent plus à des personnages de films de science-fiction qu’à ceux d’une production spaghetti. Les montures ont des formes hybrides. Les hommes sont cagoulés, casqués, des masques de ski couvrant les yeux, recouverts d’épaulettes, portant genouillères, coudières et gilets pare-balles, fusil d’assault M-16 pointé vers l’horizon. « Entre Mad Max et Apocalyse Now », plaisante un marine. La troupe ne forme pas un cercle pour affronter l’ennemi comme dans les westerns, mais avance en file indienne en gardant une trentaine de mètres entre chaque véhicule, car l’ennemi d’un convoi dans le desert d’al-Anbar est invisible ou presque. L’arme la plus meurtrière est la bombe artisanale placée par les insurgés sur le bord des chemins. Parfois, il y en a même plusieurs posées à quelques mètres les unes des autres. « Ils innovent dans la puissance des engins », explique le colonel de marines Stephen W. Davis, commandant du « 2nd Battallion Combat Team A ». « Ils relient cinq obus de 155 mm à des bouteilles de gaz propane et rien dans la panoplie militaire ne peut y résister. Bienvenu dans l’Ouest sauvage », lâche-t-il. Soudain, une explosion dégage une colonne de fumée au milieu du convoi. « Bombe! Bombe! » hurlent les marines. Pas de blessés. Lentement mais sûrement, la colonne poursuit son chemin. Des hélicoptères survolent la route à basse altitude et les éclaireurs se mettent à la recherche d’autres bombes. Au loin, des bergers recouverts de longues capes en peau de chameau, masqués du keffieh rouge, à dos d’âne. Ils conduisent leurs troupeaux de moutons, les bras levés en faisant signe aux tireurs d’élite, un chiffon blanc à la main. Un marine, Mauricio Alvarez, surveille la scène à travers la lunette de son M-16. « Que font-ils brouter à leurs moutons, il n’y a que du sable ici ? » Mais pour lui, les insurgés sont partout. Le convoi stoppe à nouveau. Des engins explosifs ont encore été repérés le long du chemin. Deux heures d’attente. Les artificiers font sauter les charges, un champignon de fumée blanche se dégage et la caravane se remet en branle. À l’horizon infini, tout mouvement semble suspect : des branches mortes transportées par le vent virevoltent entre les camions, des silhouettes de voitures se dessinent au loin. Un village situé près d’un aéroport militaire abandonné, connu sous le nom de H1, est sécurisé par l’escorte qui coupe tous les accès donnant sur l’artère principale par laquelle le convoi doit passer. Les enfants font signe aux militaires, le pouce maladroitement levé vers le haut, les femmes regardent la scène par l’entrebâillement des portes, les hommes sont immobiles de peur de faire un geste suspect ou qui pourrait être mal interprété. Le soleil se couche et l’ombre des mitrailleurs se dessine sur les maisons de brique. Quelques kilomètres plus loin, une usine de ciment désaffectée gît au milieu de nulle part. Le décor est blanc. Des monticules de béton blanc aux formes volcaniques forment un paysage lunaire. Une explosion retentit, une poussière blanche recouvre les hommes, les pneus d’un semi-remorque prennent feu. Pas de victime, la caravane s’ébranle encore. Neuf heures de route pour parcourir 100 kilomètres. « Si Bagdad paraît bizarre, ici c’est surréaliste », dit le colonel Davis. Patrick BAZ(AFP)

Au milieu d’une terre aride et de tribus hostiles, une colonne de l’armée américaine progresse, dans l’Ouest irakien, à travers les canyons, en direction de la frontière syrienne. Elle passe par une gare désaffectée, contourne des wagons en rade, traverse un village fantôme, une vallée et sa rivière, au milieu d’un vent de sable, dans une impression de nulle part. Des carcasses...