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La violence rattrape les régions kurdes L’Irak adopte une nouvelle Constitution malgré l’opposition des sunnites

L’Irak a adopté une nouvelle Constitution par référendum, et l’annonce hier des résultats s’est accompagnée d’un regain de violence contre les régions kurdes jusqu’ici épargnées. «Le projet de Constitution irakienne a été adopté à 78 % lors du référendum » qui a eu lieu le 15 octobre, a annoncé un responsable de la commission électorale indépendante, Farid Ayyar, au cours d’une conférence de presse à Bagdad, en donnant les résultats des dix-huit provinces. Deux provinces à majorité sunnite, Salaheddine et al-Anbar, ont rejeté le texte à plus des deux tiers. Mais Ninive, qui a pour capitale Mossoul, n’a voté contre le projet de Constitution qu’à 55,08 %. Pour que le texte soit rejeté malgré une majorité de oui à l’échelle nationale, il fallait qu’une troisième province vote non à plus de 66,66 %, ce qui n’a pas été le cas de Ninive. La communauté sunnite est majoritairement opposée à la Constitution, estimant qu’elle conduit à la partition du pays en instaurant le fédéralisme. Néanmoins, un amendement du texte constitutionnel est possible par la prochaine assemblée issue des élections du 15 décembre. Le Parti islamique irakien, principale formation sunnite ayant appelé à voter le projet de Constitution, a émis hier des réserves prudentes sur le résultat du référendum, sans le remettre en cause. Ce parti affirme attendre « une réponse de la commission électorale sur de nombreuses plaintes au sujet d’un certain nombre d’infractions », disant ne pas considérer les résultats annoncés comme « définitifs ». « La commission n’est pas en cause. Ce sont les grands partis qui sont responsables de la manipulation des résultats », a-t-il toutefois estimé. « Les résultats sont précis et honnêtes », a souligné M. Ayyar avant la présentation des résultats, en affirmant que la consultation et le décompte des voix s’étaient déroulés conformément aux normes internationales. La communauté internationale a salué hier l’adoption de la Constitution, notamment l’ONU et l’Union européenne. La Maison-Blanche a également félicité les Irakiens. Le président américain George W. Bush a salué le « courage » des électeurs irakiens, tandis que le porte-parole de la Maison-Blanche Scott McClellan évoquait un « jour historique » pour l’Irak. « Avec leur vote courageux, les Irakiens ont une fois de plus prouvé leur détermination à bâtir une nation contre l’extrémisme et la violence », a déclaré le président américain dans un discours prononcé devant des épouses de militaire à la base aérienne de Bolling, à Washington. Il a souligné que « beaucoup plus de sunnites » avaient participé au vote « que lors des élections historiques de janvier », et que « le niveau de violence était beaucoup plus bas » pour le deuxième scrutin. À Ottawa, la chef de la diplomatie américaine, Condoleezza Rice, a également souligné l’importance du vote des sunnites, malgré leur opposition à la Constitution. « Ce n’est pas contraire à l’exercice de la démocratie de voter non», a-t-elle ajouté. Dans son long discours hier, le président américain a remercié les soldats américains engagés en Irak. « Vous comprenez tous que le sacrifice est essentiel pour gagner une guerre », a-t-il dit. « Et cette guerre demandera plus de sacrifices, plus de temps et plus de volonté. Les terroristes sont l’ennemi le plus brutal que nous ayons eu à affronter », a-t-il ajouté. Lundi, dans une interview à la chaîne de télévision al-Arabyia, dont le siège est à Dubaï, le président américain avait évoqué les prochaines élections générales en Irak, prévues le 15 décembre, en affirmant que Washington n’allait pas « désigner » les gagnants. Alors qu’un nouveau sondage de l’institut Harris Interactive a été publié hier par le Wall Steet Journal, montrant que plus de la moitié (53 %) des Américains estiment que la guerre en Irak était « une erreur », le président Bush a répondu à « ceux qui estiment que l’Amérique irait mieux si elle quittait l’Irak maintenant ». « C’est une dangereuse illusion, a-t-il dit, réfutée par une simple question : est-ce que les États-Unis et les autres pays libres seraient plus sûrs ou moins sûrs avec Zarqaoui et Ben Laden au contrôle de l’Irak, de son peuple et de ses ressources ? » L’annonce des résultats s’est accompagnée d’une recrudescence de la violence. Au moins 32 Irakiens ont été tués et le Kurdistan a été visé pour la première fois depuis plusieurs mois. Dix miliciens kurdes ont été tués dans trois attentats-suicide à la voiture piégée à Souleimaniya, fief du président irakien Jalal Talabani, chef de l’Union patriotique du Kurdistan (UPK). L’attentat le plus meurtrier a visé le siège des peshmergas au sud de cette ville située à 330 km au nord de Bagdad, faisant huit morts. Deux autres attentats-suicide ont visé, plus tôt dans cette ville, le convoi d’un responsable politique kurde, Mollah Bakhtiar, tuant deux de ses gardes et blessant six personnes. Les corps de neuf gardes-frontières irakiens exécutés par balles ont en outre été découverts à l’ouest de Kerbala, a indiqué hier l’hôpital de la ville sainte chiite située à 110 km au sud de Bagdad. Le ministère marocain des Affaires étrangères a indiqué hier de son côté être « sans nouvelles » des deux employés de l’ambassade du Maroc à Bagdad disparus jeudi en Irak. Par ailleurs, la branche irakienne d’el-Qaëda, dirigée par le Jordanien Abou Moussab al-Zarqaoui, a revendiqué hier sur Internet le triple attentat-suicide la veille contre des hôtels à Bagdad, qui a fait 17 morts.

L’Irak a adopté une nouvelle Constitution par référendum, et l’annonce hier des résultats s’est accompagnée d’un regain de violence contre les régions kurdes jusqu’ici épargnées.
«Le projet de Constitution irakienne a été adopté à 78 % lors du référendum » qui a eu lieu le 15 octobre, a annoncé un responsable de la commission électorale indépendante, Farid Ayyar,...