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Actualités - REPORTAGE

REPORTAGE Au conseil local de Falloujah, reconstruction, sécurité… et business

«Hier, une bombe artisanale a tué un enfant et en a blessé sept. J’ai besoin de votre aide pour arrêter ça », dit un officier américain aux membres du conseil local de Falloujah. Le lieutenant-colonel Patrick Caroll s’adresse aux 12 membres du conseil, réunis tous les mardis au siège du Centre des opérations civiles et militaires dans le centre de la ville. Des rencontres destinées à parler de la reconstruction, mais qui débordent rapidement sur la sécurité. Et les affaires. Dans cet ancien QG des rebelles, qui faisaient la loi dans la grosse cité austère rebaptisée la « ville des 100 mosquées », mais qui n’en compte en fait que 65, des entrepreneurs assistent à la réunion, venant flairer une bonne affaire et profiter de la manne financière américaine. Des officiers de l’armée irakienne sont aussi présents ainsi que des représentants de la police et de la brigade de maintien de l’ordre. Les débats sont confus. On soulève la question du port des armes par les membres du conseil, victimes de menaces. Cheikh Kamal Chaker al-Nazzal, président du conseil, demande 400 millions de dollars supplémentaires, car selon lui, 60 % des besoins de la population n’ont pas été satisfaits. Le gouvernement de l’ex-Premier ministre Iyad Allaoui a alloué 200 millions de dollars à la reconstruction dont la moitié pour la réhabilitation des installations collectives et l’autre pour aider les habitants. Mais la deuxième moitié de cette enveloppe ne représente, selon les autorités locales, que 40 % des besoins, même si 28 000 familles en ont profité. « Pour l’eau et l’électricité venez nous voir. Mais pour le reste adressez-vous à votre gouvernement », rétorque l’officier américain. Pour l’homme d’affaires, Najem Abdallah Ahmed Saleh, le financement de projets par les marines est une aubaine. Il a pu lancer avec l’argent américain un hebdomadaire, al-Bichara, pour n’y annoncer que « de bonnes nouvelles », comme son nom l’indique en arabe. « Les gens sont fatigués d’entendre que de mauvaises nouvelles », dit-il. Il imprime 20 000 exemplaires qu’il distribue gratuitement, mais souffre du manque de publicité. « Les annonceurs n’ont pas les moyens et l’économie de la ville encerclée de tout part (par les marines) est à plat », se lamente M. Saleh qui souhaite néanmoins ouvrir un café Internet dont il soumet le projet aux marines. Le lieutenant Patrick Keance du 6e groupe des affaires civiles des marines qui gère la ville donne son accord. « Nous allons lui verser de quoi démarrer », dit-il, à la satisfaction de l’homme d’affaires. La réunion plénière du conseil local est suivie de rencontres sectorielles. Dans une salle décorée du drapeau irakien, des ingénieurs de la municipalité étudient des photographies aériennes de la ville, présentées par le commandant Roger Alsup du 4e corps de génie de l’armée de terre américaine en charge de la reconstruction. Des plans de nouvelles écoles à bâtir leur sont remis sur CD. Quatre nouvelles écoles doivent être construites et trois autres reconstruites sur les 30 que compte la ville, précise le commandant Alsup. La réhabilitation des autres sera confiée à des organisations internationales comme l’Unicef, organisme de l’ONU spécialisé dans l’enfance ou l’USAid, l’agence d’aide du gouvernement américain. Patrick BAZ/AFP


«Hier, une bombe artisanale a tué un enfant et en a blessé sept. J’ai besoin de votre aide pour arrêter ça », dit un officier américain aux membres du conseil local de Falloujah. Le lieutenant-colonel Patrick Caroll s’adresse aux 12 membres du conseil, réunis tous les mardis au siège du Centre des opérations civiles et militaires dans le centre de la ville. Des rencontres...