Rechercher
Rechercher

Actualités - OPINION

Entre angoisse et aspiration au changement

Au milieu de tout le tohu-bohu médiatique et de cette déferlante d’informations, d’opinions, d’analyses et de pronostics divers relatifs aux résultats de l’enquête menée par Detlev Mehlis, que souhaite apprendre effectivement le peuple libanais? Est-ce la vérité sur l’assassinat du martyr de Rafic Hariri et de tous ses compagnons? Est-ce la vérité sur les éventuels auteurs et les commanditaires présumés de tous les autres assassinats politiques exécutés durant cette période noire de la tutelle syrienne au Liban? Ou est-ce la confirmation de la fin de cette phase douloureuse de l’histoire de ce pays qui a payé cher son hospitalité et son statut de terre d’accueil pour tous ses frères arabes? Ou est-ce encore l’amorce d’un virage stratégique réel dont les conséquences, à court et à moyen terme, seront porteuses d’une plus grande stabilité politique, économique et sociale? Probablement tout cela à la fois, car ce peuple voudrait ardemment recommencer à croire en son avenir et à sa reconstruction selon une vision claire, réaliste et agréée par toutes les composantes de son tissu sociopolitique. Mais pour ce faire, certains nouveaux locataires du Parlement, récemment catapultés au-devant de la scène politique, ainsi que certains manipulateurs de l’opinion publique multiplient des déballages «nauséabonds» mettant souvent aux prises, après le retrait syrien du Liban, les anciens et actuels alliés de ce même régime et tous ceux qui y étaient opposés. Ce qui est de bonne guerre; mais de là à s’ériger en références incontournables et exclusives du sens moral national, du modèle à suivre pour assurer le changement tant attendu par le peuple libanais, il en faudrait davantage, d’autant plus que la «virginité» et l’exemplarité de ces derniers n’ont pas toujours été évidentes. Ni donc les a priori ou les menaces et encore moins l’agressivité verbale à fleur de peau, l’exclusion ou le mensonge ne sauraient être des ingrédients souhaitables ou nécessaires pour cette «nouvelle cuisine». Le respect de l’autre, de son avis et de ses convictions sont par contre les véritables garants du renouveau recherché, de la stabilité du citoyen et de l’épanouissement de sa citoyenneté. Le peuple libanais a droit aujourd’hui à plus d’égards, plus de respect et plus de transparence de la part de ceux qui le gouvernent. Il ne faut plus lui imposer des discours niais, hypocrites et prétentieux, et qui plus est vides de tout contenu constructif. Il faut par contre l’inviter à participer à l’élaboration de son avenir national et de son statut de citoyen à part entière, non seulement par l’intermédiaire de ses représentants au Parlement mais aussi par le truchement de sa société civile. Le peuple libanais ne doit plus être une simple caisse de résonance ou un jouet entre les mains de ses gouvernants ou de certaines forces occultes, internes ou étrangères. Une charte nouvelle devrait être mise en place pour régir dorénavant les rapports entre gouvernants et gouvernés. Trois constantes pourraient être adoptées dans cette bible, qui deviendrait le livre de chevet de tout citoyen et elle s’articulerait autour de trois thèmes: le pouvoir, le droit et le devoir. Pour le gouverné: – le pouvoir doit être respecté conformément aux lois qui le régissent; – le droit doit être respecté et mérité eu égard à la légalité de ses réclamations et au respect de l’autre; – le devoir doit être exécuté dans la discipline et le respect des lois. Pour le gouvernant: – le pouvoir doit être assumé et servi dans le respect strict de la Constitution; – le droit doit être dispensé dans la transparence et l’équité; – le devoir doit être exécuté dans l’abnégation et le respect des libertés publique et privée. Ces quelques réflexions, ajoutées à d’autres, devraient peut-être nous interpeller à ce tournant de notre histoire nationale, afin que tous les citoyens de ce pays prennent enfin conscience qu’il n’est pas possible de construire une nation, consolider son unité, renforcer la solidarité sociale de son peuple et préserver ses véritables valeurs républicaines en utilisant uniquement des slogans, en pratiquant constamment la désinformation médiatique et en attisant des fantasmes populaires, par la libération de refoulements anarchiques et mégalomaniaques de certains, au travers de programmes télévisés offerts en pâture à des spectateurs en quête de scoops ou d’informations spectaculaires. Mais l’État de droit, la liberté, la démocratie, la justice, la transparence, la lutte contre la corruption, le droit à la santé, à l’enseignement, à la différence et au respect de la dignité humaine, le pluralisme communautaire et culturel, le rejet de toutes les formes de ségrégations sont autant d’objectifs à mettre en place en vue d’une transformation structurelle profonde. Ils ne pourront s’opérer réellement que si la confusion entre voyeurisme, angoisse et changement réel venait à se dissiper définitivement au sein d’une certaine caste politique et médiatique qui sévit actuellement en force sur un marché national encore vulnérable et sensible à tous les remous. De grâce donc, laissez ce peuple exceptionnel recouvrer sa sérénité sans plus de vagues! Salim F. DAHDAH
Au milieu de tout le tohu-bohu médiatique et de cette déferlante d’informations, d’opinions, d’analyses et de pronostics divers relatifs aux résultats de l’enquête menée par Detlev Mehlis, que souhaite apprendre effectivement le peuple libanais?
Est-ce la vérité sur l’assassinat du martyr de Rafic Hariri et de tous ses compagnons?
Est-ce la vérité sur les éventuels auteurs...