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Actualités - CHRONOLOGIE

PEINTURE MURALE - Une initiative privée qui mérite d’être saluée Carole Chaker habille de trompe-l’œil fleuri le béton à Zahlé

À Zahlé, des bacs de plantes, des arbres cernant de lourds portails antiques, des pots de fleurs bordant des fenêtres à volets de bois et des portes traditionnelles à arcades ont émergé, en l’espace de trois mois, le long du boulevard Élias Hraoui. Cette large artère, aménagée durant le mandat de l’ancien président, avait coupé la ville en deux, emportant sur son passage d’anciennes demeures typiquement libanaises, les remplaçant par de larges murs en béton. Un aménagement urbain qui, comme cela est, malheureusement, souvent le cas dans ce pays, n’a pas pris en compte les critères esthétiques et environnementaux. La charmante «fiancée de la Békaa» en était sortie défigurée. Les grues rasant tout sur leur passage, des vignes vierges aux anciennes demeures, la maison des grands-parents de Carole Chaker avait ainsi disparu dans le lot. Nostalgique du temps de l’enfance, de l’époque où les rives du Berdawni étaient verdoyantes et cernées de maisons à tuiles rouges, la jeune femme, artiste de son état, à pris l’initiative de redonner à Zahlé son visage d’antan. Ses armes? Ses pinceaux, ses talents de dessinatrice et de coloriste mais aussi sa persévérance et son dynamisme. Car il a fallu du temps pour que son projet d’embellissement de la ville au moyen de peintures murales se réalise. Persévérance, talent et sponsors Un projet qu’elle présente à la municipalité pour la première fois en 1998. «Je voulais repeindre un mur mitoyen à l’hôtel Kadri. Un mur qui jurait avec l’hôtel rénové et avec le reste du coin à cachet touristique», indique la jeune femme. Le projet reste en suspens, pour des raisons diverses et variées. Mais l’idée d’effacer «la laideur du béton et de faire reverdir sa ville natale» n’en continue pas moins à trotter dans la tête de Carole Chaker. Laquelle frappe à nouveau à la porte de la municipalité, en juin 2005, bien décidée à obtenir, cette fois, le permis de peindre toute une enceinte. Un mur de 514 mètres de long et de six à sept mètres de hauteur, qui longe le quartier de l’église Mar Takla et le boulevard Élias Hraoui. «C’est le quartier où se trouvait la maison familiale. Il me tenait à cœur de le réhabiliter», assure-t-elle. Elle réunit des sponsors (Assaad Nakad ainsi que le Domaine Wardé et celui des Tourelles) et décroche le permis. Il est à peine délivré par le président de la municipalité, Assaad Zgheib, que la jeune artiste s’attelle au travail, à raison de six heures par jour, durant trois mois. «Je me suis fait aider de deux peintres en bâtiment, pour unifier le fond du mur, et par ma nièce. Pour le reste, j’ai tout fait de A à Z.» Conception du dessin, agrandissement pour un effet en trompe-l’œil et grandeur nature, et, bien sûr, peinture sur le mur perchée sur une échelle. Le résultat est magnifique et la fresque murale, d’un fini réellement soigné, s’inscrit harmonieusement dans le paysage. «J’ai voulu que ma peinture soit le prolongement naturel de l’environnement. J’ai peint des fenêtres à volets verts sous un petit immeuble à volets verts, une grande porte inspirée de l’architecture du palais de Beiteddine sur l’un des côtés de l’église Mar Takla, qui, elle, est en pierre de taille, et un grand jardin fermé par un portail en fer forgé sur tout un pan vide. J’ai également représenté, dans un renfoncement près d’un petit escalier, un ex-voto de la Vierge, pour un cachet absolument traditionnel. De même, j’ai tenu à peindre des arbres, des plantes, des fleurs, des vignes pour recréer l’illusion d’un coin verdoyant», indique l’artiste, qui affirme vouloir poursuivre son travail d’embellissement en s’attaquant à tout le quartier Mar Takla d’abord et puis, peut-être, à plusieurs autres coins de la ville. Une initiative qui mérite d’être saluée. Un exemple de ce que chacun peut apporter à sa région en donnant un peu de son temps et de son talent… À suivre! Zéna ZALZAL Carte de visite Diplômée en arts plastiques de l’ALBA en 1992, Carole Chaker a suivi par la suite, durant deux ans, des cours de peinture iconographique avant de se rendre en Italie, à Pérouse, où elle s’est initiée à l’art de la fresque murale. Affectionnant le style naïf, « pour sa fraîcheur et son inspiration enfantine », la jeune femme n’en maîtrise pas moins la composition et le dessin. Elle enseigne d’ailleurs l’art graphique à l’USEK à Zahlé et dans son propre atelier à Rabieh en hiver et à Zahlé en été. Elle a à son actif plusieurs expositions, dont les Salons d’automne du musée Sursock en 1993 et 1995, et le Salon d’automne du Grand Palais, à Paris, en 1993.
À Zahlé, des bacs de plantes, des arbres cernant de lourds portails antiques, des pots de fleurs bordant des fenêtres à volets de bois et des portes traditionnelles à arcades ont émergé, en l’espace de trois mois, le long du boulevard Élias Hraoui. Cette large artère, aménagée durant le mandat de l’ancien président, avait coupé la ville en deux, emportant sur son passage...