Doujaïl : 143 chiites tués après une « attaque » contre Saddam Hussein

Le massacre de villageois chiites à Doujaïl, pour lequel le président déchu Saddam Hussein et sept de ses lieutenants seront jugés à partir du 19 octobre, s’est produit il y a 23 ans dans cette localité située au nord de Bagdad après l’attaque du convoi de l’ancien dictateur. Après l’attaque, 143 villageois ont été tués dans les représailles menées par les services de sécurité de Saddam Hussein alors au faîte de son pouvoir. De nombreuses propriétés ont été détruites, des fermes et des vergers saccagés et les survivants condamnés à l’exil interne pendant quatre ans. « C’était le 7e jour du ramadan, le 8 juillet 1982. Par une chaleur accablante, Saddam Hussein voyageait au sein d’un énorme convoi, d’au moins 30 véhicules », se souvient Abdel Hussein al-Doujaïli, témoin des événements et responsable d’une association de victimes. « Il venait de visiter une mosquée et se dirigeait vers le centre du village, quand des hommes armés ont ouvert le feu depuis un vaste verger bordant un côté de la route. Les gardes du convoi ont riposté en tirant dans tous les sens, ils ont même tué deux enfants dans une maison, puis sont partis », raconte-t-il. Saddam Hussein s’est rendu au siège local du parti Baas et a déclaré. « Nous savons qui sont les responsables de l’attentat et nous les avons déjà arrêtés. » En fait, c’est le lendemain qu’arrestations et persécutions ont commencé avec l’arrivée d’unités des forces spéciales et de la garde républicaine. Pendant plusieurs mois, la terreur s’est abattue sur Doujaïl. Plus de 600 personnes, appartenant à 80 familles, sont arrêtées et transférées à la prison de la police secrète à Bagdad. Et 143 n’ont jamais redonné signe de vie. Les massacres et les exactions à Doujaïl sont le premier dossier qui a été bouclé par les juges d’instruction du Tribunal spécial irakien (TSI) chargé de juger Saddam Hussein. Le porte-parole du tribunal, le juge Raed al-Jouhi, a annoncé que douze autres affaires étaient instruites contre l’ancien président et assuré que certains dossiers pourraient être achevés très vite.